Montag27. Oktober 2025

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FranceAprès la chute du gouvernement Barnier: Macron compte redorer son blason

France / Après la chute du gouvernement Barnier: Macron compte redorer son blason
Le président Emmanuel Macron s’est prononçé jeudi soir à la télévision au sujet du vote de la censure du gouvernement le jour précédent Photo: Ludovic Marin/AFP

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Vingt-quatre heures après le vote de la censure du gouvernement Barnier par l’Assemblée nationale, acquis par 331 voix sur 577 députés, le président Macron s’est adressé aux Français, hier soir à la télévision, pour tenter de tirer les leçons de ce scrutin parlementaire majeur. Mais sans divulguer encore le nom de la personnalité qu’il va charger de former un nouveau gouvernement.

Macron avait prédit, lors du débat d’hier, fût-ce sans illusions sur l’issue du vote, que „l’adoption de cette motion de censure ne ferait que des perdants“. Toute l’ambition du chef de l’Etat est désormais de montrer qu’en ce qui le concerne au contraire, ce rebondissement de la crise qu’il a lui-même créée en dissolvant l’Assemblée en juin dernier, après l’échec de sa „majorité“ (déjà toute relative) aux élections européennes, est susceptible de rendre à sa personne et à sa fonction le lustre dont il s’est trouvé dépossédé ces derniers mois. On pense à la célèbre formule de Jean Cocteau: „Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs.“

Il n’est donc pas question pour lui, en tout cas, de laisser son éventuelle indécision aboutir à une attente de plus de cinquante jours, comme l’été dernier, avant de trouver un nouveau locataire pour Matignon. Cela dit, les deux familles politiques qui ont conjugué leurs forces mercredi pour renverser le gouvernement Barnier – lequel, comme il est d’usage, va assurer la gestion des affaires courantes – ne sortent pas vraiment vainqueurs, au total, d’un scrutin qu’elles ont pourtant remporté ensemble.

Cela saute particulièrement aux yeux pour le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui avait au contraire assez habilement mené, jusque-là, l’opération „dédiabolisation“ visant à tourner la page du lourd héritage politique de son père. En maintenant en vie, pour ne pas dire en laisse, le cabinet Barnier, elle conservait à la fois l’image d’un parti de gouvernement qu’elle s’était donné tant de mal à acquérir, et un formidable moyen de pression pour en obtenir beaucoup de concessions, propres à flatter les cadres et militants du RN. Or une partie non négligeable desdits cadres et militants, au lendemain du vote de la censure, manquent à l’évidence d’enthousiasme, et semblent même plutôt se demander ce que leur parti va bien pouvoir faire maintenant.

Inquiétudes internationales

Mais le sort du Nouveau Front populaire (NFP), regroupant des force de gauche qui ne font plus guère mystère des antagonismes parfois profonds qui les séparent, n’est au fond pas beaucoup plus enviable. Celui qui réussit toujours à en apparaître comme le chef, Jean-Luc Mélenchon, ne veut pas entendre parler de négociations avec les modérés, parmi lesquels, hier matin, le centriste François Bayrou a rencontré l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. PS et Verts, de leur côté, rêvent de s’affranchir d’une tutelle qui les conduit à fermer les yeux sur les positions les plus extrémistes de La France Insoumise, notamment sur le soutien à l’islamisme de combat et l’antisémitisme, mais dont le soutien électoral reste vital dans nombre de leurs circonscriptions respectives.

La trouvaille du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, demandant qu’un gouvernement de gauche puisse bénéficier de la promesse des oppositions de ne jamais être censuré, moyennant quoi il s’interdirait de son côté d’engager sa responsabilité devant l’Assemblée, aura porté à son comble le désarroi de beaucoup de militants de gauche. Ceux-ci se demandent en effet comment il faudrait désormais appeler un régime où le gouvernement, à l’abri de toute tentative de renversement, n’aurait plus à répondre de ses actes devant les élus! Quant au fait que la motion de censure de la gauche n’ait pu triompher qu’avec les votes de l’extrême droite, il ne saurait évidemment être imputé aux bénéficiaires de cet appui singulier, pour ne pas dire contre-nature; mais il n’en jette pas moins une ombre un peu embarrassante sur ce triomphe.

Mais l’heure n’est déjà plus, depuis hier, aux reproches rétrospectifs et aux regrets, mais bien plutôt aux inquiétudes que suscitent les lendemains de cette crise, tout particulièrement sur le plan économique international: à quels taux la France, plus endettée que jamais puisque le budget qui prévoyait quelques (bien modestes) économies est tombé en même temps que le gouvernement qui l’avait conçu? Quant à la voix de Paris sur la scène mondiale, du Proche-Orient à l’Ukraine, en passant, de manière plus tangible et immédiate, par les négociations entre l’Europe et le Mercosur, M. Macron risque d’avoir terriblement à faire pour lui rendre quelque tonus.