Tour de vis en Allemagne pour renforcer la protection des données

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Le gouvernement allemand a annoncé jeudi son intention de légiférer pour mieux protéger les données personnelles, après la révélation d'un trafic de millions d'informations confidentielles recueillies sur internet.


Berlin compte interdire la diffusion et le commerce d’informations sur les citoyens à des fins commerciales sauf si ceux-ci l’autorisent explicitement. Lorsqu’il commande en ligne un billet d’avion ou un livre, le consommateur sera invité à cocher une case s’il souhaite autoriser la diffusion à des tiers de renseignements tels que son nom, adresse, âge, etc., contrairement à l’habitude actuelle de cocher une case pour s’y opposer. Cette mesure fait suite à la révélation en août d’un vaste scandale de trafic de données parfois très confidentielles sur internet, y compris des numéros de comptes bancaires permettant des prélèvements frauduleux. Les autorités ont constaté que des fichiers de toutes sortes pouvaient s’acquérir en ligne pour quelques centaines d’euros, souvent au mépris de la loi mais aussi légalement. Les villes allemandes peuvent notamment vendre des informations issues de registres municipaux. Bochum (ouest) a reconnu encaisser ainsi 220.000 euros par an.
Etat-civil, données privées ou professionnelles, bancaires ou médicales, tout semble donc pouvoir se négocier à l’heure d’internet. C’est un employé d’un „Call Center“ (centre d’appels) à la conscience torturée qui a fait éclater le scandale en dénonçant son employeur, qui avait acquis des milliers de données illégalement à des fins de télémarketing. Puis un agent fédéral a prouvé la porosité du système, en se procurant sur internet, en 48 heures et pour 850 euros, 6 millions d’informations personnelles dont les deux-tiers étaient des coordonnées bancaires. Berlin veut toutefois réagir avec prudence, soucieux de ne pas bousculer les milieux économiques. „Il ne s’agit pas d’agir trop vite“ et de légiférer à tout va, en faisant „comme si la diffusion de données constituait dans tous les cas une menace“, a averti le ministre conservateur de l’Intérieur Wolfgang Schäuble: „il faut trouver le juste équilibre“ entre la protection des citoyens et les besoins de l’économie, qui repose sur „l’utilisation des technologies modernes de communication“.
Des milliards d’euros sont en jeu. Les entreprises allemandes investissent plus de 50 milliards d’euros par an dans des appels et des courriers de démarchage. Des millions de „fichiers clients“ s’achètent, y compris sur E-Bay. Les Allemands, fortement consommateurs d’internet, offrent d’ailleurs une cible de choix aux escrocs. 22 millions d’entre eux, soit 35% des plus de 16 ans utilisent des banques en ligne, selon la Fédération des technologies de l’information et de la communication (Bitkom), contre 25% en moyenne dans l’Union européenne.
Bien que l’économie en ligne mette en place des systèmes de sécurité de plus en plus perfectionnés, l’escroquerie touchant aux transactions financières sur internet a augmenté de 25% sur un an, selon un rapport publié cette semaine. Elle a atteint 19 millions d’euros en 2007. Les associations de défense des consommateurs veulent que les citoyens „reprennent le contrôle de leurs données“. Elles exigent un renforcement des sanctions en cas de vol et de trafic de données, et un contrôle accru par des enquêteurs spécialisés. Berlin a promis d’y réfléchir, tout comme à l’idée d’obliger les entreprises ayant acquis des données pour faire du télémarketing ou de la publicité ciblée par mail ou par courrier à en mentionner explicitement la provenance.