L’Europe divisée pour désigner son premier président

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L'Union européenne, très divisée, joue sa crédibilité jeudi soir à l'occasion d'un sommet délicat pour désigner son premier président et son futur chef de la diplomatie, appelés à mieux faire entendre la voix du continent dans le monde.

Les dirigeants des 27 pays européens, à qui reviennent la décision, abordent la réunion de Bruxelles très divisés, après plusieurs jours de tractations infructueuses pour tenter de trouver un consensus sur les noms. „Aurons nous les nouveaux visages de l’Europe jeudi soir? Franchement, je ne sais pas. Cela peut se régler en quelques heures, il faudra peut-être toute la nuit“, a prévenu mercredi le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside l’Union européenne. „Nous sommes très loin“ d’un accord, a renchéri le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. Seule la chancelière allemande, Angela Merkel s’est dit persuadée qu’un accord serait trouvé rapidement. La réunion débute vers 18H00 (17H00 GMT). L’Europe pourrait donc revire le psychodrame de 2004, lorsque la désignation du président de la Commission européenne avait donné lieu à d’interminables tractations et une empoignade épique. Soutenu par Paris et Berlin, mais bloqué par la Grande-Bretagne, le Belge Guy Verhofstadt avait finalement laissé place à un candidat surprise de dernière minute: José Manuel Barroso. Un nouveau scénario de ce type serait préjudiciable à l’Europe au moment où elle entend avec le traité de Lisbonne et son président prendre un nouveau départ pour exister davantage auprès de ses citoyens et sur la scène internationale.
Le premier président stable du Conseil européen (remplaçant le système actuelle de présidence tournante tous les six mois) doit en principe revenir à la droite européenne, pour refléter sa domination sur l’échiquier politique du continent. Tandis que le poste de Haut représentant aux affaires étrangères est revendiqué par la gauche. Le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy, est toujours favori pour le premier. Discret et prêt à se contenter d’un rôle de facilitateur de compromis, il présente l’avantage du point de vue de certains grands Etats de ne pas leur faire d’ombre.
Il est en concurrence avec, entre autres, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le Néerlandais Jan Peter Balkenende, voire même le Britannique Tony Blair, toujours soutenu bec et ongle par Londres malgré de maigres chances de l’emporter.
D’autres noms pourraient sortir du chapeau comme celui de l’ex-présidente lettone Vaira Vike-Freiberga, 71 ans, qui surfe sur la vague „féministe“ qui a déferlé ces derniers jours à Bruxelles. La confusion est encore plus grande au sujet du Haut représentant qui sera également vice-président de la Commission européenne et sans doute la personnalité comptant le plus dans la nouvelle Europe. Le chef de la diplomatie britannique, David Miliband, considéré longtemps comme favori, s’est retiré, mais son nom continue de circuler. Il a laissé sa place à l’Italien Massimo D’Alema, soutenu par son pays et les socialistes européens, qui revendiquent le poste, mais la candidature de cet ancien communiste est contestée par certains pays de l’ex-bloc soviétique. Et il doit compter avec l’Espagne qui entend pousser son ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos. Le président du Conseil européen sera en poste pour une durée de deux ans et demi, à compter de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre prochain. Son mandat est renouvelable une fois.

Institutions européennes: les principaux favoris en lice 
Voici les principaux favoris en lice pour les postes de président de l’Union européenne et de haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, prévus par le traité de Lisbonne.
PRESIDENT STABLE DU CONSEIL EUROPEEN:
– Herman Van Rompuy: 62 ans, Premier ministre de Belgique, chrétien-démocrate flamand. Il dirige un gouvernement de coalition depuis moins d’un an. Il a réussi à ramener de la stabilité dans un pays secoué par les conflits à répétition entre Flamands et francophones. Mais ses détracteurs critiquent son manque de charisme, et les eurosceptiques britanniques n’ont pas apprécié qu’il évoque la création d’un impôt européen la semaine dernière.
– Jan Peter Balkenende: 53 ans, Premier ministre des Pays-Bas, chrétien-démocrate, il dirige un gouvernement de coalition. Ses adversaires rappellent qu’il était déjà chef du gouvernement quand les électeurs ont rejeté la Constitution européenne en 2005. Un mauvais présage?
– Jean-Claude Juncker: 54 ans, Premier ministre de centre-droit du Luxembourg, cet Européen convaincu est un des pères du traité de Maastricht qui a conduit à la création de l’euro. Président du forum des ministres des Finances de la zone euro, il a été critiqué pour ne pas avoir réagi assez vite à la crise financière et en raison du secret bancaire dans son pays.
– Wolfgang Schüssel: 64 ans, ancien chancelier chrétien-démocrate autrichien de 2000 à 2007, il conserve de bonnes relations avec la chancelière allemande Angela Merkel. Certains Etats lui reprochent cependant d’avoir ouvert son gouvernement au parti d’extrême droite de Jörg Haider ce qui avait mis l’Autriche au ban de l’UE.
– Vaira Vike-Freiberga: 71 ans, surnommée la „Dame de fer“ de Lettonie, l’ancienne présidente de ce pays est la seule femme officiellement en lice. Atlantiste, elle avait soutenu sans réserve la guerre en Irak. Elle est vice-président d’un comité de réflexion sur l’avenir de l’UE.
– Tony Blair: 55 ans, longtemps considéré comme le grand favori, les chances de l’ancien Premier ministre britannique se sont évanouies en raison de son soutien sans faille à la politique de George W. Bush et à la guerre en Irak. Il souffre aussi du fait que la Grande-Bretagne n’appartient ni à la zone euro ni à l’espace Schengen.

HAUT REPRESENTANT DE l’UE:
– Massimo D’Alema: 60 ans, ex-communiste il a été président du Conseil et ministre des Affaires étrangères d’Italie à la fin des années 1990. Il est soutenu par les socialistes européens mais est handicapé par son passé communiste et le fait qu’il maîtrise mal l’anglais.
– Miguel Angel Moratinos: 58 ans, la candidature du ministre espagnol des Affaires étrangères serait poussée par le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero mais la politique de détente de l’Espagne envers Cuba et le fait qu’elle n’a pas reconnu l’indépendance du Kosovo pourraient lui nuire.
– Catherine Ashton: 53 ans, commissaire européen chargée du Commerce, le nom de cette travailliste britannique, qui a le titre de baronne, a été avancé, en lieu et place de son compatriote David Miliband, qui a renoncé au poste, même si certains croient encore en lui.
– Elisabeth Guigou: 63 ans, ex-ministre française socialiste des Affaires européennes. Son nom est cité par les socialistes européens mais ses chances sont faibles car cela obligerait la France à sacrifier Michel Barnier, qui est officiellement son candidat aujourd’hui pour entrer à la Commission européenne, le Haut représentant étant aussi commissaire.