Fusillade en Allemagne: drapeaux en berne et interrogations

 Dans la petite ville de Winnenden, à 20 km de Stuttgart (sud-ouest de l’Allemagne), des bougies étaient allumées à côté de bouquets de fleurs devant le collège aux vitres criblées de balles. Un ancien élève de 17 ans, Tim Kretschmer, y a fait irruption mercredi matin, tuant neuf élèves, dont huit filles, et trois enseignantes, avec un pistolet Beretta qu’il rechargeait sans arrêt. Il a ensuite abattu trois autres personnes lors de sa fuite, avant de se suicider après un échange de coups de feu avec la police.
Mercredi soir, plus de 1.000 personnes ont participé à une messe à l’église locale, tandis qu’une équipe de psychologues s’installait en ville pour aider les habitants traumatisés. La Une du journal local, le Winnender Zeitung, était barrée d’un seul titre: „Warum?“ (pourquoi?). La même question revenait sur toutes les lèvres dans cette ville prospère de 27.000 habitants, dans une région de plein emploi, connue pour son goût du travail, de l’ordre et de la propreté. „Il y a plus de violence qu’il y a dix ans. Je ne comprends pas: c’est un garçon qui a fini ses études, commencé une formation. Ce n’était pas un marginal. Je ne crois pas qu’il faille rejeter la faute sur les parents“, a déclaré Heidi Löbe, cadre commerciale. La police étudie cependant s’il faut engager des poursuites contre le père du jeune forcené. Celui-ci possédait légalement une quizaine d’armes dont toutes sauf une étaient gardées sous clé. Mais l’arme du crime et les munitions étaient restées accessibles au jeune forcené qui, d’après les medias, s’était initié à son maniement dans le club de tir de son père.
Les enquêteurs ont également saisi l’ordinateur du tueur. „Nous avons examiné son ordinateur et trouvé des jeux vidéos typiques de ce genre de forcené, y compris le jeu Counter-strike'“, a indiqué Ralf Michelfelder, un responsable de la police locale. Une conférence de presse est annoncée pour la mi-journée, où la police compte présenter de premiers éléments sur les motivations éventuelles du jeune tireur.
Kretshmer vivait dans une famille aisée, son père dirigeant une entreprise de 150 employés, selon les médias. Ses parents et sa soeur ont été mis à l’abri dans un lieu tenu secret, d’après les télévisions. Le ministre de l’Intérieur du Land de Bade-Wurtemberg, Heribert Rech, avait affirmé mercredi que rien dans les antécédents de l’adolescent ne laissait présager son acte.
L’adolescent semble cependant avoir été de caractère renfermé. „Il n’était pas accepté et passait sa journée assis devant son ordinateur“, a déclaré jeudi un de ses condisciples identifié simplement comme Mario à la chaîne de télévision N24.
Les enquêteurs n’ont également pas exclu que le jeune homme ait eu des problèmes avec les filles puisque toutes ses victimes dans l’école sauf une, étaient des femmes.
Kretschmer „a détruit l’âme de toute une école et arraché le coeur d’une ville“, a commenté le ministre régional de l’Intérieur. La chancelière Angela Merkel a proclamé un „journée de deuil pour toute l’Allemagne“ et les drapeaux noir-rouge-or flottent à mi mât dans tout le pays. „Nous avons peut-être tous failli“, a déclaré Anthony, un conseiller fiscal traduisant l’humeur de la petite ville. La grande question maintenant c’est: pourquoi a-t-il fait ça?“.