France: Les Sony disent au revoir à Pontonx et enterrent 311 emplois

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Les salariés du site de Sony dans les Landes, qui a officiellement fermé ses portes vendredi, se sont mobilisés au cours d'une journée d'action pour ne pas laisser mourir en silence leurs 311 emplois et dire \"au revoir\" au village de Pontonx-sur-L'Adour.

„L’usine nous est interdite aujourd’hui, mais on ne va pas se laisser mourir sans rien dire“: Patrick Hachaguer, délégué CGT de l’usine, qui vient de fermer ses portes après 25 ans d’activité, a pris la tête de la procession qui va dans les rues de Pontonx „dire au revoir à la commune“. Derrière une banderole sans équivoque („Sony nous a tués, 311 victimes directes“), 100 à 150 salariés et membres de leur famille ont quitté le parking de l’usine dédiée à la production de bandes vidéo pour défiler dans Pontonx, sous une pluie battante, fredonnant quelques notes de la Marche funèbre. Certains brandissent des croix blanches, sur lesquelles figurent la date d’entrée dans l’usine, suivie de „17-04-2009“, le jour de la fermeture. En signe de solidarité, les commerçants de cette petite bourgade de 2.500 habitants ont été invités à baisser le rideau une partie de la matinée, mais peu l’ont fait.
A la mairie, les drapeaux sont en berne. Devant son établissement, au passage du cortège, le garagiste lâche: „ça va faire un vide“. Au sortir de la boulangerie, une Pontoise „compatit“. Le maire, Bernard Subsol, „déjà élu quand l’usine à vu le jour“ en 1984, et présent parmi les salariés, souligne la „perte considérable sur le plan économique et social“ pour sa commune, évoquant „le cinéma, la médiathèque, la crèche halte-garderie“, apparus sous l’ère Sony. Chez les employés, toutefois, l’heure n’est pas à l’apitoiement. „Pour l’instant, ça me fait juste bizarre, mais ça sera autre chose quand je recevrai la lettre (de licenciement, ndlr) en recommandé, car je serai seul. Là, on se soutient“, témoigne Richard Costedoat, 46 ans, agent technique chez Sony depuis 1994, avant de rejoindre la grande tente ornée des photos de leurs luttes sous laquelle les salariés vont pique-niquer ensemble une dernière fois.
L’élu CGT confirme: „Le bilan est malgré tout assez positif en termes de mobilisation. Et puis, on perd nos emplois, mais on part avec un plan social“. Un plan social dont les conditions, jugées insuffisantes par les salariés, avaient donné lieu à la séquestration durant une nuit du patron de Sony-France à Pontonx, le
12 mars. Même en cas de reconversion -deux projets autour du photovoltaïque sont évoqués et feront l’objet d’une réunion du comité de pilotage le 24 avril- le coût social restera conséquent. Alors, en fin de matinée, sous les pins en bordure de l’usine, des dizaines de croix blanches sont plantées: „Ce bois est devenu le cimetière des travailleurs victimes de ceux qui veulent s’en mettre toujours plus dans les poches“, résume un ex-salarié désabusé.