Au Tricastin, Areva termine son \“essoreuse\“ à uranium

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Dans la vallée du Rhône, sur son énorme site du Tricastin (650 hectares), Areva prépare le lancement de sa nouvelle usine d'enrichissement d'uranium qui doit permettre au groupe public de moderniser un outil devenu obsolète et extrêmement vorace en énergie.

 Dénommée „Georges Besse 2“ (GB2), l’usine est censée remplacer l’actuelle Eurodif qui alimente en uranium enrichi une centaine de réacteurs dans le monde.
Connu pour ses finalités militaires, l’enrichissement d’uranium est une étape essentielle de la fabrication de combustible nucléaire. A l’état naturel, le minerai d’uranium est composé essentiellement d’atomes 238 (à 99,3%). Or, seuls les atomes 235 (0,7% du minerai) sont susceptibles de produire de l’énergie par fission dans les réacteurs nucléaires. L’enrichissement consiste donc à augmenter la proportion d’uranium 235 pour la porter entre 3 et 6% (contre plus de 90% pour une arme atomique). En France, c’est Eurodif qui accomplit ce processus depuis 1979, par la technique de la „diffusion gazeuse“, qui n’a presque plus d’équivalent dans le monde.
Le procédé consiste à aspirer de l’uranium sous forme gazeuse à travers des tubes aux parois poreuses. Les atomes d’uranium 235, plus légers, traversent les parois plus facilement, ce qui permet d’enrichir le minerai. Le processus, extrêmement lourd, doit être répété 1.400 fois, à l’aide d’autant de moteurs d’avions, qui consomment à pleine capacité l’équivalent de l’énergie électrique de l’agglomération parisienne. Titanesque, l’usine est alimentée par 3 réacteurs nucléaires. Elle aligne des centaines de silos, par une température de 130 degrés et dans un bruit de soufflerie assourdissant. Le tout est relié par un enchevêtrement de tuyaux, contenant en permanence 3.000 tonnes d’uranium. „Lorsqu’on aura décidé de l’arrêter, il faudra presque un an pour vider Eurodif“ de son uranium, explique Gérard Perrat, directeur général de la Société d’enrichissement du Tricastin (SET). Dans l’immédiat, l’usine devrait continuer à fonctionner, jusqu’en 2013 au moins, le temps que GB2 monte en puissance. Construite à quelques mètres de là, la nouvelle usine est presque prête à fonctionner. Une première „cascade“ de plus de 1.000 centrifugeuses a été installée et devrait commencer à produire, en petites quantités dès 2009. „On a testé son étanchéité, ça fonctionne“, assure M. Perrat. Plus souple, GB2 séparera les atomes grâce à la force centrifuge, qui attire les atomes 238, les plus lourds, vers les parois de la centrifugeuse. Areva passe ainsi de la technologie „de la passoire à l’essoreuse à salade“, plaisante Gérard Perrat. Le procédé, acheté par Areva à son concurrent Urenco, utilise 50 fois moins d’électricité et ne nécessite pas d’eau pour son refroidissement. Plus compact, il pourra être adapté en fonction des évolutions du marché. Areva a consacré 3 milliards d’euros à ce nouvel outil, qui devrait lui permettre de conforter sa position sur le marché de l’enrichissement d’uranium (20% de part de marché au niveau mondial). Avec la relance de l’énergie nucléaire dans le monde, le groupe estime que l’enrichissement est un marché à la croissance „limitée mais relativement sûre“.
Areva compte sur la construction de nouveaux réacteurs en Asie pour relancer la demande. A l’horizon 2014, il espère aussi développer une usine similaire à GB2 aux Etats-Unis.
Seul „ombre“ au tableau: les appels au désarmement nucléaire du président américain Barack Obama, qui pourraient plomber la demande en inondant le marché d’uranium militaire enrichi à plus de 90%.