Dans un article récent paru dans Paperjam, M. Fassone titrait sur le „record européen du coût du vieillissement“ pour le Luxembourg. Le constat est frappant: un pays au profil démographique relativement jeune paierait pourtant la facture la plus lourde d’Europe, en raison notamment de retraites précoces et généreuses. Cependant cette lecture, centrée sur le „coût“, occulte un aspect essentiel de la réalité: la puissance économique des séniors, trop souvent réduits à un poids budgétaire alors qu’ils sont un levier vital pour l’économie nationale.
Les retraités luxembourgeois disposent de revenus stables qui les rendent moins vulnérables aux crises. Leur consommation régulière soutient de larges pans de l’économie: commerces, restauration, loisirs, culture, tourisme. À l’heure où la jeunesse peine à accéder à la propriété, ce sont les séniors qui maintiennent une base solide de consommation.
Le patrimoine immobilier et financier du pays est largement concentré chez les plus de 60 ans. Ces capitaux déposés ou réinvestis irriguent le système financier et l’économie réelle. S’y ajoute la transmission intergénérationnelle: donations et héritages qui permettent aux jeunes ménages d’accéder à la propriété ou de se lancer dans l’entrepreneuriat. Sans cet effet de levier, nombre de projets économiques resteraient lettre morte.
Réduire les séniors à l’inactivité est une erreur: beaucoup continuent de travailler, d’entreprendre ou de conseiller, transmettant un savoir-faire précieux. En parallèle, leur engagement bénévole dans les associations, la culture et le social représente un travail invisible, mais colossal, qui soutient la cohésion nationale. Si l’on traduisait cette contribution en points de PIB, elle rivaliserait avec certains secteurs productifs.
Plutôt que de voir le vieillissement comme une menace, il faudrait en reconnaître le potentiel économique. Les besoins en santé, en technologies d’assistance, en résidences adaptées et en services de loisirs spécifiques ouvrent un marché dynamique: la silver economy. Pour un pays centré sur les services comme le Luxembourg, c’est une voie d’avenir, créatrice d’emplois et d’innovation.
Oui, le vieillissement implique des coûts pour le système des pensions et de la santé. Mais ne pas reconnaître en parallèle la valeur économique et sociale des séniors revient à tronquer l’analyse. Les retraités sont contributeurs, consommateurs, investisseurs et piliers sociaux. Ils apportent stabilité et transmission dans un monde instable. Le véritable enjeu pour le Luxembourg n’est pas de réduire la facture des retraites, mais de mieux intégrer les séniors comme partenaires actifs de la prospérité nationale.
De Maart
" Les retraités sont contributeurs, consommateurs, investisseurs et piliers sociaux."
Virun allem, wann d'Kanner nach am Hotel Mama bleiwen mussen.