Dienstag28. Oktober 2025

Demaart De Maart

Univoque? Non!

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Fallait-il faire la guerre en Libye alors que l’on n’intervient pas à Bahreïn, au Yémen ou, mieux, en Côte d’Ivoire? Eût-il fallu intervenir plus vite et autrement, c.-à-d. en envoyant des troupes sachant qu’aucune guerre ne s’est jamais gagnée avec la seule aviation?

Les réponses à ces questions ne sont pas aussi simples que le font croire les adeptes de l’une ou de l’autre thèse. D’autant que la communauté internationale n’a jamais vraiment – par le biais de son représentant qu’est l’ONU – défini les contours et les limites du devoir d’ingérence.

Logo" class="infobox_img" />Danièle Fonck
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Politiquement, ce dernier se heurte au droit à la souveraineté et à l’indépendance de chaque nation. Moralement, il est toutefois inadmissible de laisser un despote massacrer son propre peuple.

Imaginons, et cela eût fort bien pu être le cas, que le président Moubarak et l’armée égyptienne eussent choisi de mater la révolte par les armes et le sang. La France aurait-elle pris la tête d’une coalition, mieux, aurait-elle trouvé des alliés pour bombarder les chars déployés? Sûrement pas. Alors, pourquoi la Libye?

Une histoire de pétrole, disent les uns. Un devoir d’humaniste, clament les autres. Reste que ni Paris ni Washington n’ont jamais montré d’ardeur particulière à intervenir en Israël aux pires moments de la répression des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie. L’explication que la Maison Blanche n’a que trop faire avec l’héritagede Bush en Irak et en Afghanistan, ces deux guerres erronées, n’est pas suffisante.

Reste que des pays dits civilisés ne peuvent accepter un massacre de foule qui se déroule au quotidien sous leurs yeux.

De fausses prémisses

Si les Tunisiens et les Egyptiens ont d’ores et déjà grandement fait éclore leur „printemps arabe“, c’est que ces deux peuples ont fait acte d’une lucidité admirable. Ils ont compris que l’on n’impose pas la démocratie par la violence en semant la haine et la mort. Pas étonnant dès lors que ce soit justement en Tunisie et en Egypte que l’on voit des opinions publiques réservées à propos de l’intervention occidentale (oublions le Qatar et les Emirats) en Libye. Citons l’icône féminine tunisienne, la sociologue Khadija Cherif: „Ouvrir la porte de la liberté par la violence, c’est faire le lit de nouveaux dictateurs.“ Et de continuer: „Une fois pour toutes, il faut extirper la brutalité et les brutes de la compétition politique. Si les femmes entrent en action pour faire comme les hommes, autant retourner aux fourneaux …“

De fait. Qu’un enfant libyen meure sous les balles des mercenaires de Kadhafi ou sous les tirs d’un Rafale français ne change rien. A fortiori quand il s’agit de remplacer un dictateur sanguinaire par son ancien complice, désormais qualifié de „rebelle“.

Si l’Occident n’avait pas voulu faire ses choix en graissant la patte d’abominables personnages formés dans ses écoles et si ce même Occident n’avait pas voulu s’enrichir sur le dos des peuples du Sud de la Méditerranée, on n’en serait pas là.

L’idée d’exporter la démocratie à l’européenne ou à l’américaine comme on exporte des chaussettes ou des t-shirts est en elle-même saugrenue. Il suffirait d’imposer enfin un meilleur partage des richesses et ainsi faire profiter les peuples de l’autre rive du bien-être acquis dans nos contrées. Les autocrates tomberaient un à un comme des fruits mûrs. L’aspiration démocratique va de pair avec une vie décente, avec la justice sociale, avec le sentiment de pouvoir s’épanouir.

Tant qu’il y aura de la misère, de l’injustice, de l’insécurité, les despotes pourront s’adonner à leur sinistre tâche. C’est donc à ce niveau-là qu’il faut agir. Mais parions que ni les dirigeants européens, voire américains, ni les peuples occidentaux dans leur ensemble ne sont disposés à payer le prix que cela coûterait, collectivement et individuellement …

Il en découle que, oui, il faut aider les Libyens et que, non, mieux vaut ne pas en faire un acte de bravoure.