L’Europe à la traîne

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Un taux de croissance entre 6 et 7%: bref tout va pour le mieux en Asie, continent qui a quasiment oublié la crise comme tout va plutôt bien en Amérique du Sud et même aux Etats-Unis, une amorce de croissance existe.

En vérité, seule l’Europe est à la traîne et les raisons en sont évidemment politiques.
A peine la crise de subprimes dépassée, la crise économique a frappé de plein fouet l’Union européenne, crise doublée d’une autre vague de spéculation contre l’euro, la Grèce servant de prétexte commode pour ce faire. Et ce que les traders du monde entier savent pertinemment, s’est avéré être le cas, à savoir que faute d’Europe politique dotée d’institutions adéquates, les Européens ont été dans l’impossibilité de réagir, vite, de façon cohérente et surtout en parlant d’une seule voix.
L’UE ne semble rater aucune occasion pour se ridiculiser. Elle a, d’une année à l’autre, découvert le problème du réchauffement climatique, phénomène qui s’étale sur des décennies, voire des centenaires. De la même manière, elle a constaté, étonnée, qu’il y avait un problème d’endettement grec.
Alors qu’on était en droit d’attendre une réaction précise et nette de la part des dirigeants européens, ceux-ci ont tergiversé. Parce que l’un d’entre eux ou plutôt l’une d’entre eux, manquait de hauteur. En l’occurrence Madame Merkel dont le petit jeu mesquin du ni oui ni non a coûté du temps et beaucoup d’argent. Entretemps, après avoir révisé sa position initiale, la chancelière veut imposer sa vue des choses à l’ensemble de ses partenaires. Elle oublie que les meilleures idées (dont elle n’a pas le monopole) doivent être collectives et donc collégiales afin de porter des fruits; elle oublie que l’Europe n’est pas une fédération ou confédération sous tutelle allemande.

A propos de déficits …

Faute d’Europe politique, il n’y a pas de gouvernance économique. Les institutions existantes sont un ramassis d’élus, d’ex-élus, d’anciens titulaires que l’on a envoyés à Bruxelles en guise de récompense pour services rendus ou pour en être débarrassés sur le plan national. Cela n’en fait pas une équipe gagnante: bien au contraire.
Point n’est besoin d’être économiste (ce qui, d’ailleurs, n’est pas un vaccin contre les erreurs d’appréciation) pour comprendre qu’à défaut de croissance, le chômage augmente. Qu’il faille assumer les décisions politiques qui ont conduit aux déficits budgétaires qui minent tous les pays européens est un devoir éthique. De là à imposer des cures d’austérité aux populations et à ne plus raisonner qu’en termes de rigueur est une autre affaire.
Pas plus tard que jeudi soir, le directeur du FMI (Fonds monétaire international) a rappelé fermement que vouloir en venir à bout des déficits en un temps record, serait une erreur gravissime. Rien ni personne n’empêche les Etats d’étaler dans le temps leurs programmes de réduction des déficits. La première responsabilité consiste, d’après Dominique Strauss-Kahn, à faire repartir la croissance. Ce qui revient à faire vivre les entreprises, petites, moyennes et grandes, et de ce fait de faire baisser le chômage.
Le discours du premier grand argentier de la planète est d’autant plus intéressant que l’on n’entend, au sein de l’Eurogroupe, du conseil Ecofin et même du G7 que des responsables jurant par des taux de déficit zéro.
Foutaise, à en croire le FMI, peu connu pourtant pour excès de laxisme.
Où est donc l’erreur?
Et si les actuels gouvernants européens étaient tout bonnement des profanes en la matière et de ce fait des personnes sous influence, tantôt d’un, tantôt d’un autre courant de pensée.
Une chose est certaine: si l’Europe communautaire ne change pas à pas de géant, il ne lui restera qu’à faire le deuil du beau projet des Schuman, Monnet et autres Gasperi.

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu