Folie où que l’on regarde

Folie où que l’on regarde
(dpa)

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Quand la star de Facebook rachète WhatsApp pour 19 milliards, il n’y a pas lieu d’applaudir. Car ce n’est qu’une preuve de plus que le monde n’en a pas fini de la bulle internet, même si ça reste évidemment un secteur d’avenir.

Il s’agit plutôt d’un acte de spéculation, très possiblement à fond largement perdu, car toutes les grandes innovations au fil des siècles ont mis des décennies à se rentabiliser et rarement l’argent attendu ne fut acquis dans les proportions estimées voire attendues.

dfonck@tageblatt.lu

Mais Zuckerberg, à sa manière héros des temps modernes, passe pour un démiurge médiatique et ne peut, dès lors, avoir tort. La folie des grandeurs met, il est vrai, du temps à être détectée.
Autre continent, autre malaise: l’Ukraine.
A feu et à sang depuis des semaines, ce pays si proche de la Russie de par sa géographie et sa culture et si loin de la nôtre n’est pas sur une bonne pente. Pour la bonne raison que le peuple divisé n’a pas compris qu’on se jouait de lui et qu’il est triplement manipulé.

Qu’une population, souvent d’ailleurs poussée par ses jeunes, aspire au mieux-être est normal et légitime. Liberté, mot éminemment noble et flou, tel est le mot d’ordre de l’opposition au régime peu aimable – et le terme est un euphémisme – de Ianoukovitch. Mais qui est donc cette opposition? Les sinistres brigades armées et structurées d’une noire extrême droite?

Et la voilà, la première des manipulations, celle-ci venant de l’intérieur du pays.
Il y a, certes, aussi, la Russie de Poutine et de Medvedev, maîtres d’une superpuissance qui ne peut accepter de perdre de son giron une terre stratégique d’un point de vue géopolitique et géoéconomique. Les raisons mêmes pour lesquelles l’Union européenne est secrètement mandatée par les Etats-Unis d’attirer dans son orbite ce pion de l’échiquier international.

Géostratégie

Perdre le contrôle de l’Ukraine affaiblirait considérablement l’influence d’une Russie qui rétrograderait d’un cran au moment où Américains et Chinois se repositionnent. Puissance, hyperpuissance, superpuissance: in fine, c’est toujours et encore de pouvoir qu’il s’agit.
Le dossier ukrainien dépasse de loin les problèmes inter-ukrainiens, ceux des pro-russes et des pro-européens.
Si l’on peut comprendre à la fois la fierté des premiers et les reproches des seconds, il est plus difficile d’expliquer la naïveté de personnes qui assimilent UE, liberté avec majuscule, niveau de vie élevé. A croire qu’ils ne se sont
livrés à aucune analyse des faiblesses, vices, contraintes, réglementations et injustices du champion du monde du chômage, l’espace de la liberté cadrée.
Loin de nous l’idée de mettre sur un pied d’égalité l’Ukraine à la Ianoukovitch et l’UE. Le régime actuel
n’est pas tenable. L’opposition n’étant pas fiable, il faudra beaucoup de créativité pour sortir de l’actuel imbroglio. Ce serait jouable à une condition: que Washington et Moscou cessent de pourrir la situation et donc de se moquer de tout un peuple au nom de leurs visées hégémoniques.

On verra ce que donnera la précaire médiation européenne, l’„accord“ provisoire entre autorités de Kiev, opposition et Européens. Lorsque le sang a coulé, quand l’exaspération est à son comble, quand les deux camps sont armés, comme cela est le cas, et financés de l’étranger, les tentatives de réconciliation sont fragilisées d’emblée.
L’Ukraine n’a pas fini de nous causer des soucis, qu’elle reste pro-russe ou qu’elle s’associe à l’Union, les traités d’association étant la porte d’entrée à une adhésion future …