Evidemment

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(AFP)

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La scène se déroule en salle de rédaction ce mardi après-midi, à quelques heures de la réunion des chefs d’Etat et de Gouvernement à Bruxelles.

„Alors, c’est ce soir qu’Angela laissera tomber Jean-Claude?“ – „Voyons, comment pouvez-vous prétendre une chose pareille? Jamais elle ne se dédira!“ – „Evidemment, elle le fera vu l’opposition de Cameron.“ – „Vous avez tort, elle ne fera pas cela pour un Britannique dont le pays a largement voté contre l’Europe et qui bloque constamment les dossiers.“ – „Elle le fera, car elle a besoin du Royaume-Uni et de Cameron, le tandem franco-allemand seul étant trop restrictif à ses yeux. Et peu importe les accords au PPE. D’ailleurs, le PPE a perdu quelque soixante députés et a besoin du Fidesz d’Orban et de Forza Italia de Berlusconi …“ Rajoutons que les conservateurs ont ainsi perdu 22%, c.-à-d. un cinquième de leurs députés sortants.
Regard sceptique.

dfonck@tageblatt.lu

Oui, bien entendu, la chancelière a vite compris qu’un vote à la majorité relative au Conseil européen n’équivaut qu’à des problèmes ultérieurs. Aller à l’encontre d’une opposition britannique, suédoise, néerlandaise, finlandaise, hongroise est possible, techniquement, mais politiquement et diplomatiquement suicidaire. Alors Juncker ou non, le pragmatisme l’emporte toujours à ce niveau-là de la politique internationale ou européenne. Même si, au „Katholikentag“, elle a exprimé sa préférence pour le Luxembourgeois.

Outsider

D’où vient ce désamour pour l’ancien premier ministre luxembourgeois, tant adulé dans son propre pays? A-t-il trop tiré sur la corde, trop agacé, trop ennuyé? Ce n’est pas exclu. Et à l’étranger, certains ont vu et entendu ce que d’autres, ici, ne voulaient voir ou entendre.

Désormais, rien ne permet plus d’exclure que le futur président de l’exécutif bruxellois sera un outsider.
Conservateur ou non. Le PPE, à Dublin, avait investi Jean-Claude Juncker comme tête de liste européenne.
Il l’a fait tout en prenant les devants en créditant d’un score remarquable son opposant français Michel Barnier. Ancien ministre, brillant commissaire européen, homme aussi discret qu’affable, pondéré, à la parfaite maîtrise de la langue anglaise, Barnier serait en effet une alternative tout à fait crédible, acceptable pour Mme Merkel et M. Cameron, et François Hollande aurait du mal à s’y opposer. D’ailleurs, n’a-t-il pas laissé entendre, en privé, avant même les élections, qu’il pourrait soutenir cet homme du centre-droite?

On verra donc à quoi aboutira la mission de sondage confiée par les 28 au président Van Rompuy. N’est-ce pas en vérité à sa succession que rêve Jean-Claude Juncker? Lui qui avait tant voulu devenir le premier président du Conseil de l’UE, pourquoi ne serait-il pas le second?
On succède toujours à quelqu’un et cela est parfaitement honorable. Les fables nous apprennent notamment
qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours tant qu’il n’a pas été tué. Il en va ainsi lors de la distribution de postes clés.

Alors, attendons de voir et on aura une meilleure idée
de l’orientation future de l’Union européenne. Car ce n’est ni la nationalité, ni le sexe, ni même la couleur politique des heureux(ses) élu(e)s qui comptent. Seul importe le fond et tout est de savoir si les politiques européens, assistés et conseillés par leurs diplomates et leurs technocrates, ont véritablement compris la leçon évidente du scrutin du 25 mai 2014.
Si Angela réussissait à imposer l’ami Jean-Claude Juncker, les citoyens européens seraient en droit de connaître le prix payé à David Cameron.