L’ennui – et c’est ce qui explique le sentiment d’injustice de la population – est que le peuple fera les frais de cet assainissement à grande échelle. Des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux qui ne sont en rien responsables de la crise financière, du poker des banques et des mensonges des gouvernements précédents qui ont complètement failli à leur tâche. Le nouveau premier ministre agit sous la pression internationale et cherche à faire du mieux qu’il peut avec un héritage dont il se serait bien passé, tandis que les citoyens, pas tant gâtés économiquement jusqu’ici, devraient se serrer la ceinture encore un peu plus.
Est-ce cela que la solidarité européenne? C’est une question qu’on peut et doit se poser, d’autant que la paupérisation est ambiante, un peu partout dans l’Union européenne où les seules qui osent sans pudeur aucune afficher des résultats „spectaculaires“ sont les banques qui font tout sauf remplir leurs promesses. Ces banques qui, l’aide publique obtenue, ne prêtent ni aux citoyens ni aux petites et moyennes entreprises, n’ont qu’une idée en tête, se débarrasser de la présence de l’Etat dans leur actionnariat et par la même se débarrasser du regard d’administrateurs nommés par lesdits Etats.
Eh bien non!
Certes, les meilleurs n’étant plus aux commandes du pouvoir politique depuis quelque temps, ni chez nous ni en France ni en Allemagne ni ailleurs en UE, les patrons de banques peuvent compter sur la complicité des gouvernants pour arriver à leurs fins. Il leur suffit de bien vendre leur marchandise, pardon, leurs arguments. Le contribuable, celui auquel on explique qu’il faut réduire par-ci et renoncer par-là, n’aura pas voix au chapitre, pas plus qu’on ne lui a demandé s’il fallait aider en l’espace de quelques heures et sans conditions sérieuses actées noir sur blanc, des instituts qui avaient simplement spéculé outrancièrement.
A moins que les citoyens-électeurs ne se décident de sortir de leur léthargie et descendent, comme jadis leurs aînés quand il y allait d’acquis et de principes, dans la rue pour se révolter et mettre un frein aux actes de ceux (et celles) qu’ils ont élus pour une autre politique.
Quand Mme Merkel par exemple, cette chancelière, souvenez-vous, qui n’avait rien à redire lorsque Steinbrück et Müntefering injuriaient notre pays, et qui n’avait pas trouvé les mots justes pour défendre son copain Juncker contre Sarkozy lors des récentes nominations à Bruxelles, nous honore d’une visite de travail et plaide pour un fonds monétaire européen chargé de prévenirdes crises monétaires et financières, on ne peut querêver.
Pourquoi, si elle est une visionnaire, n’a-t-elle rien vu venir? Pourquoi n’a-t-elle plaidé en ce sens dès que la crise a éclaté, il y a quand même presque deux ans maintenant?
Et comment veut-elle faire le lien entre la BCE, l’Eurogroupe et ce fameux fonds à venir? Ceci dans une Union qui est tout sauf une entité politique.
Les Luxembourgeois sont des gens polis. Madame la Chancelière a donc eu droit aux honneurs militaires, à un excellent déjeuner, aux visites rituelles des institutions du Kirchberg, à une conférence de presse suivie d’articles plus ou moins consensuels et à de belles photos. Son idée, celle du fonds monétaire, a été accueillie comme si elle avait réinventé la poudre …
En vérité, tout continue comme avant et personne n’a tiré de leçons de la crise. Les causes, elles, sont toujours déconnectées de leurs effets.
Danièle Fonck
[email protected]
De Maart
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