Dienstag4. November 2025

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MusiktippsWas die neuen Alben von Suede, The Apartments und Poliça mit Antidepressiva und Träumen verbindet

Musiktipps / Was die neuen Alben von Suede, The Apartments und Poliça mit Antidepressiva und Träumen verbindet
Auf der Suche nach neuer Musik? Kai Florian Becker und Rosario Ligammari haben drei Tipps auf Lager. Collage: Editpress

Antidepressiva, die Bestimmung der Musik und Träume: Die neuen Alben von Suede, The Apartments und Poliça im Hörtest.

Suede: „Antidepressants“ (RATING: 8 PUNKTE)

Es ist ja nicht so, als wüsste man nicht von den Qualitäten dieser Engländer. Aber dass Suede ihr zehntes Studioalbum „Antidepressants“ mit einem solch starken Song wie „Disintegrate“ eröffnen, lässt einen doch staunen. Es ist ein eindringlicher Song mit einer perfekten Balance aus Melodie und Härte, und er reißt einen sofort mit.

Beinhaltet Songs, die Spaß bereiten: „Antidepressants“ von Suede
Beinhaltet Songs, die Spaß bereiten: „Antidepressants“ von Suede Quelle: BMG Rights Management

Suede traten nach der Veröffentlichung ihres 2022er Albums „Autofiction“ drei Jahre lang live auf und wollten danach eigentlich einen Soundtrack für ein konzeptionelles Performance-Kunstwerk schreiben. Doch die Liveauftritte hatten sie scheinbar so elektrisiert, dass sie lieber ein reguläres Album machen wollten. Zwei Tracks des Soundtracks, „Somewhere Between An Atom And A Star“ und „Life Is Endless, Life Is A Moment“, packten sie aber auf das neue, vor Energie strotzende Album. Brett Anderson, der Frontmann der 1989 in London gegründeten Band, beschreibt dieses wie folgt: „Wenn ‚Autofiction‘ unser Punk-Album war, dann ist ‚Antidepressants‘ unser Post-Punk-Album. Es handelt von den Spannungen des modernen Lebens, der Paranoia, der Angst, der Neurose. Wir alle streben nach Verbindung in einer unverbundenen Welt. Das war das Gefühl, das ich den Songs verleihen wollte. Es ist gebrochene Musik für gebrochene Menschen.“

Und auch nicht gebrochenen Menschen bereiten die elf Songs unglaublichen Spaß. Man sollte nicht meinen, dass hier alte Hasen am Werk sind. Suede klingen so frisch und vital wie ihre jüngere Konkurrenz. Und sie zaubern zig hörenswerte Songs hervor: den eingangs erwähnten Opener, den herausragenden Titelsong, die Hymne „Sound Of The Summer“, „Criminal Ways“ und „Trance State“. Angetrieben von Andersons kraftvoller Stimme ziehen Suede ihre Songs auf Breitwandformat auf und schaffen damit Großes. (Kai Florian Becker)


The Apartments – „That’s What The Music Is For“ (RATING: 8.5/10)

Nouveau disque de The Apartments
Nouveau disque de The Apartments Source: theapartments.bandcamp.com

Il y a chez The Apartments cette façon de suspendre le temps en refusant de le nier. Chaque note semble un souvenir, chaque silence, un soupir retenu. Leur nouvel album, „That’s What The Music Is For“, n’est pas une suite, c’est plutôt une rémanence. Dix ans pile après „No Song, No Spell, No Madrigal“, chef-d’œuvre endeuillé, Peter Milton Walsh prolonge la vibration d’un monde fissuré, mais debout.

Il faut rappeler que The Apartments, c’est avant tout lui, Peter Milton Walsh, une figure du rock australien, passée chez The Go-Betweens à l’orée des années 1980, puis revenue à son propre destin après s’être heurté à l’axe Forster/McLennan, ce genre de collisions où l’on comprend que certaines voix n’acceptent pas de cohabiter. Et cette voix, la sienne, n’appartient à personne d’autre, c’est un murmure qui tremble, un timbre à la frontière des larmes, comme si chaque chanson risquait de se briser.

„That’s What The Music Is For“ est un album sur ce qui persiste: les ombres dans les pièces vides, les noms effacés sur les lettres et les lumières des réverbères sur le bitume trempé. Le noir et blanc de la pochette se fait le spectre affectif de tout l’album. Il ne s’agit pas forcément de nostalgie, ni de passéisme, mais de cette forme de survivance qui donne aux souvenirs une densité plus forte que le réel. „The music stay/The singer goes away“, chante Walsh sur „Death Would Be My Best Career Move“. Dans „Afternoons“, accompagné de Natasha Penot, il parle à une absence; la guitare s’effile, les mots peinent à se poser. Dans „Another Sun Gone Down“, l’album s’ouvre le temps d’un portrait, celui d’Ana, une femme effacée dont les contours se redessinent par la mémoire; les trompettes arrivent et tout s’enfonce dans une beauté grise.

Dès le premier morceau, Walsh dit „C’est une vie de casino“: le jeu est biaisé, les dés sont jetés, mais on continue; même ce titre orchestral à la Bacharach ne cherche pas le soulagement; sa retenue est sa force, à travers une ligne droite et calme qui avance dans le crépuscule. „You Know We’re Not Supposed To Feel This Way“ pourrait tout résumer: c’est ce trop-plein silencieux qui déborde quand on croyait avoir tout surmonté. C’est peut-être une définition de la musique: ce qui reste quand tout a disparu. Et ce qui mérite d’être chanté, c’est ce territoire où la musique devient la seule manière d’habiter le manque. (Rosario Ligammari)


Poliça – „Dreams Go“ (RATING: 7.5/10)

„Dreams Go“, un album hanté entre les lignes
„Dreams Go“, un album hanté entre les lignes Source: polica.bandcamp.com

„Dreams Go“, les rêves s’en vont, mais ne partent jamais tout à fait. Ils flottent encore, suspendus dans l’air épais de Minneapolis, comme de l’éther chargé d’électricité. C’est dans cette atmosphère équivoque que Poliça signe un disque bourdonnant qui pulse sous la peau comme une lumière de néon mal câblée.

Depuis ses débuts, le groupe américain, mené par la voix de Channy Leaneagh, produit en studio par le sorcier Ryan Olson, explore les zones troubles de l’intimité et les lignes de fuite électronique. Mais là, plus que jamais, tout vacille. La perte rôde, comme une menace souterraine. Le bassiste Chris Bierden affronte un cancer du cerveau. Ce que sa basse ne pourra plus jouer, la musique tente de le retenir. Ce qui donne „Dreams Go“, un album hanté entre les lignes par l’idée que la musique peut être un ultime refuge.

Le morceau „Revival“ en est l’image parfaite: il commence, s’interrompt, repart autrement. Des boucles sombres viennent s’accrocher à la voix, des synthétiseurs tournoient dans un arrière-plan orageux. La voix de Leaneagh flotte au-dessus des ruines avec la gravité d’une funambule. Sur „Creepin’“, c’est une menace qui rampe: beat capricieux, nappes acides, une tension qui ne se relâche jamais. Le morceau se déconstruit, se reconstruit, comme si Poliça ne voulait plus faire de l’électro-pop un genre lisse, mais un organisme imprévisible, à nouveau, comme il se doit.

„Dreams Go“ est un album de bifurcations et de torsions. „Wasted Me“ laisse apparaître des voix en échos sur un synthé qui gémit. „Li5a“ pousse plus loin encore les traitements électroniques, jusqu’à faire de la technologie une douleur artificielle. C’est le disque d’un groupe qui ne danse pas pour oublier, mais pour se souvenir à contre-temps. Il n’y a pas d’hymnes, pas de tubes, pas d’explosions, il y a juste des secousses intimes, des reflets dans l’eau; parfois les mélodies manquent, mais le chant de Leaneagh insiste doucement et obstinément, comme un rêve qui refuse de s’effacer. (Rosario Ligammari)