Blues-rock alternatifRythmes sauvages: le groove ravageur de Kid Colling Cartel

Blues-rock alternatif / Rythmes sauvages: le groove ravageur de Kid Colling Cartel
Kid Colling: „Je pense que la chanson est réussie quand on sent que c’est honnête, qu’il y a du vécu derrière et aussi quand l’auditeur peut s’y identifier“ Photo: Caroline Martin 

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Sept ans après „In The Devil’s Courts“, le Luxembourgeois Kid Colling revient avec un nouvel album, „Living On The Wild Side“, conçu en partie à la Nouvelle-Orléans. Au menu: dix morceaux de blues-rock alternatif aux compositions et rythmes tonitruants cimentés par le timbre chaud de Kid Colling. Hormis Markus Lauer qui remplace Alex Logel aux claviers, le Cartel est réuni avec David Franco à la basse et Florians Pons à la batterie. La joyeuse bande sera au complet ce vendredi au Rockhal Club pour un concert qui s’annonce bouillant. Interview du leader.

Vous êtes né à Bogota et vous avez joué en Colombie. Même si elle n’a rien à voir avec le style qui vous caractérise, la musique colombienne (cumbia, bambuco, joropo …) influence-t-elle la vôtre?

Kid Colling: Pas du tout. Je n’ai pas de lien direct ni d’attraction particulière pour la musique latine au sens large du terme. Sur l’album, il y a en revanche „El Gato“, un titre autobiographique: el gato, c’est mon deuxième surnom, parce que je retombe toujours sur mes pattes, comme un chat. Ce morceau, chanté en partie en espagnol, est né après m’être procuré un ukulélé; en trouvant le riff et la mélodie, j’ai su qu’il aurait une touche latino.

D’un point de vue autobiographique, il y a „Long Way To Go“, une chanson qui parle de parvenir à s’en sortir dans les moments difficiles. En cela, „Living On The Wild Side“ est un disque plus personnel que vos productions précédentes?

C’est à travers la musique que je me suis trouvé. La musique m’a toujours amené à vivre des expériences extraordinaires, qu’il s’agisse des rencontres que j’ai pu faire ou des lieux dans lesquels j’ai joué. Sur le disque, je parle notamment de ce que j’ai vécu à la Nouvelle-Orléans, où j’ai séjourné pendant trois mois. Plus globalement, baigner dans cet univers musical m’a enrichi. De façon directe ou non, la Nouvelle-Orléans se retrouve dans mes chansons à travers différentes atmosphères ou histoires.

Au-delà de ce fait divers à propos d’une femme qui a tué son ex-compagnon (raconté sur „Cold Blooded“), qu’est-ce que la ville vous a inspiré?

C’est surtout l’énergie musicale qui a été rechargée en moi. Je sortais d’une année très difficile: mon père venait de nous quitter. Pendant un an, je l’ai accompagné sur son dernier chemin, ce qui a ralenti mon activité créative. J’avais le grand besoin de me retrouver et de me ressourcer. Sur un coup de tête, ma guitare en main, j’ai atterri à la Nouvelle-Orléans. J’ai reçu plus que ce que je m’attendais à recevoir: au bout de trois jours, après ma première jam, j’ai été pris sous l’aile de Danny Alexander, avec qui j’ai joué cinq fois par semaine. C’est évidemment stimulant de travailler avec des musiciens que l’on admire. Le disque est le reflet de cette énergie.

Le blues, j’en jouerai toute ma vie, c’est certain, je suis un bluesman dans l’âme, mais je n’ai pas envie de sortir des albums qui reprendraient ce qui a été fait des milliers de fois par des légendes. Il est important que j’aie mon identité sonore.

Kid Colling, bluesman

La voix est doublée sur „All Night Long“; il y a ces chœurs entêtants sur „Somebody Who Cares“; des mains claquent sur „Step Out Of Line“: on dirait que vous avez voulu enregistrer des tubes, sinon des morceaux qui n’attendent que de se déployer en live.

Je viens du blues, j’aime le son roots. Pour ma musique, que je qualifie de blues-rock alternatif, il fallait que je me connecte avec notre temps. Dans l’écriture, il est nécessaire selon moi d’avoir une approche grand public, même si je ne le fais pas dans l’objectif de façonner des tubes à toux prix; j’essaye juste d’adapter mon écriture à la façon dont on fait la musique de nos jours. Le blues, j’en jouerai toute ma vie, c’est certain, je suis un bluesman dans l’âme, mais je n’ai pas envie de sortir des albums qui reprendraient ce qui a été fait des milliers de fois par des légendes. Il est important que j’aie mon identité sonore.

Il y a des soli de guitare partout, un solo d’harmonica sur „Cold Blooded“, un solo d’orgue sur „All Night Long“: il est important aussi pour vous de laisser chanter les instruments?

La musique que je fais reste ancrée dans les traditions du blues: il y a beaucoup de call and response; le public apprécie la virtuosité des musiciens à travers leur instrument. Dans cette production, je voulais sortir des clichés. Des soli, je voulais qu’il y en ait, pour rester fidèle à la tradition, mais qu’ils soient pertinents à travers leurs placements.

„Ain’t Nobody“ parle d’amour en filigrane. C’est quoi d’après vous, une bonne love song de blues-rock alternatif?

Je pense que la chanson est réussie quand on sent que c’est honnête, qu’il y a du vécu derrière et aussi quand l’auditeur peut s’y identifier. „Ain’t Nobody“ parle de cette personne, que nous avons tous connue une fois dans notre vie, qui nous a retourné le cerveau comme il faut. Mais il s’agit surtout d’une chanson sensuelle.

Vous êtes fan de Stevie Ray Vaughan, l’un des pionniers du renouveau du blues dans les années 1980. Il a disparu il y a maintenant trente-quatre ans: s’il était là, que lui diriez-vous?

Je pense déjà que je le remercierais. Je lui dirais merci, merci pour tout ce qu’il a fait et pour toute l’inspiration qu’il a apportée. Ah, et je lui demanderais de m’apprendre à jouer correctement „Couldn’t Stand The Weather“.

Sur „I’ll Carry You“, le dernier morceau de l’album, vous n’êtes plus au chant, seulement à la guitare: vous laissez le micro à Johanna Red. Pourquoi?

Quand j’ai fait ce titre, dédié maintenant à mon fils, je savais que je ne pourrais pas transmettre les émotions aussi bien qu’une chanteuse de blues. Et comme parallèlement, j’écrivais quelques chansons pour l’album de Johanna, cela m’a semblé évident: l’interprète idéale pour ce morceau, c’était elle.