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LivrePaul Schmit sur la Grande-Duchesse Charlotte et le gouvernement luxembourgeois sur le chemin de l’exil en 1940

Livre / Paul Schmit sur la Grande-Duchesse Charlotte et le gouvernement luxembourgeois sur le chemin de l’exil en 1940
 Photo: Editions Binsfeld

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„Mon cœur dit oui, mais ma tête dit non“ par Paul Schmit retrace le chemin de la Grande-Duchesse Charlotte et le gouvernement luxembourgeois sur le chemin de l’exil en 1940. Une critique du livre.

Né en 1966, Paul Schmit, après ses études de droit et de sciences politiques, intègre la Fonction publique luxembourgeoise – d’abord au ministère de la Force publique (1991-1992), puis au ministère des Affaires étrangères, où il exerce depuis 1992. Il a accompli de nombreuses missions à l’étranger, dont notamment à Bruxelles (Représentations permanentes auprès de l’Otan et auprès de l’Union européenne), à Washington et à Lisbonne. Depuis septembre 2020, il est ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Grand-Duché de Luxembourg en Pologne. Avec „Mon cœur dit oui, mais ma tête dit non“, il signe une monographie détaillée de nature tant historique et testimoniale que réflexive et spéculaire sur la Grande-Duchesse Charlotte ainsi que sur le gouvernement luxembourgeois conduits, en 1940, sur le chemin de l’exil puis sur celui de la récupération de l’indépendance du pays.

L’objectif

Paul Schmit, dans son préambule, rappelle que son objectif est d’aborder et d’analyser la question suivante: „Le parcours semé d’embûches des exilés luxembourgeois en 1940 et les témoignages de leur accueil en France et au Portugal“ – ces derniers constituant „un groupe hétérogène œuvrant pour leur retour au pays et la reconquête de l’indépendance du Luxembourg“. Une des questions philosophiques qui sous-tend les événements de 1940 peut être exprimée en ces termes: „Qu’aurais-je fait dans une telle situation?“, qui éclaire l’entrelacs de contraintes et de pressions ainsi que la tyrannie de l’instant et de la transparence qui incombe aux acteurs de l’époque, et qui les plonge dans l’épineuse question du choix, de la responsabilité et de leurs conséquences.

L’auteur nous met, conformément à la mission qu’il attribue à l’historien, en garde contre le fait de juger un phénomène politique (d’il y a 85 ans) à la lumière des valeurs et des réalités hypermédiatisées d’aujourd’hui dans la mesure où „regarder ces personnages et ces événements à l’aune du présent monde plus que jamais perturbé peut facilement brouiller la perspective alors que l’Europe en 1940 était décidément proche de s’effondrer“.

La monographie de Paul Schmit fera date en la matière dans la mesure où ce livre est richement documenté et s’efforce, conformément à ce qui a été annoncé, d’exposer le déroulement des événements avec nuance et esprit d’analyse en sorte de faire la part des choses et éclairer le lecteur, que ce dernier soit novice ou expert. Le sujet de l’exil de la Grande-Duchesse a déjà été traité; il n’en demeure pas moins vrai que l’ouvrage se concentre notamment sur „une interprétation plus complète des étapes française, espagnole et portugaise des premiers mois d’exil“. Cette dimension constitue un des apports substantiels du présent volume, qui nous fait comprendre qu’„il a fallu être hors d’atteinte de l’occupant et s’éloigner du pays sans y être suffisamment préparé ou sans l’avoir vraiment envisagé. Tout ceci au prix de tergiversations et remises en cause constantes“. Et Schmit de conclure: „En choisissant le camp du bien et de la liberté, les exilés sont souvent seuls pour affronter un défi plus grand et long qu’ils ne l’avaient eux-mêmes envisagé au départ.“

En étapes

L’auteur décrit et examine ensuite par le menu les différentes étapes (France – Espagne – Portugal – Etats-Unis) de l’odyssée de la Grande-Duchesse, de sa famille et du gouvernement en 1940. Le récit, d’un style fluide et haletant, donne l’impression au lecteur de participer à ce périple, de se plonger dans ces heures graves de l’histoire européenne. L’ouvrage est également avantageusement complété par une série de photographies illustrant concrètement les réalités humaines et géographiques que recouvre le texte. A travers les explications et les analyses de l’auteur, l’on comprend toute la difficulté d’un itinéraire exilaire, ses tenants et ses aboutissants, ses affres et ses apories. „Mon cœur dit oui, mais ma tête dit non“ peut par conséquent se lire de façon continue comme un parcours historique chronologique, ou comme une série d’étapes que l’on parcourt afin de s’informer de manière ponctuelle, en sorte d’être au fait sur tel ou tel aspect spécifique. Quel que soit le mode de lecture que l’on adopte, l’on sera renseigné comme il se doit, ne serait-ce que par la richesse des annexes ainsi que le référencement des sources documentaires. L’épilogue, quant à lui, propose, de manière à la fois générique et spéculaire, un certain nombre de pistes sur les perspectives du possible bégaiement de l’Histoire.

Infos

Paul Schmit: „Mon cœur dit oui, mais ma tête dit non: La Grande-Duchesse Charlotte et le gouvernement luxembourgeois sur le chemin de l’exil en 1940“
Editions Guy Binsfeld, 2024
ISBN-13 978-2-919822-14-0; 30 euros; 464 pages