Répartie en deux salles du Lëtzebuerger City Museum, cette exposition, s’appuyant sur les portraits peints et gravés dont certains récemment découverts, des comtes Pierre-Ernest de Mansfeld (1517-1604) et de son fils Charles de Mansfeld (1543-1595), est composée de deux parties qui s’appellent et se complètent. Le premier volet est consacré à l’analyse technique des peintures anciennes permettant de comprendre ces œuvres dans leur intégralité.

En effet, à travers des portraits peints ou gravés des comtes Pierre-Ernest de Mansfeld et de son fils Charles de Mansfeld – dont certains ont été découverts récemment –, cette première partie montre au public comment l’analyse scientifique et technique de deux tableaux historiques permet de les comprendre sous toutes leurs facettes. Le second volet est consacré à l’ensemble des représentations connues des deux protagonistes dans l’idée de mettre en évidence la manière dont leur physionomie a changé, de leur vivant et au cours des siècles qui ont suivi. À cela s’ajoute le fait que grâce à un nouveau générateur d’images d’intelligence artificielle luxembourgeois, enrichi par le musée d’un ensemble spécifique d’informations historiques, l’exposition constitue aussi un pont suspendu vers le présent dans la mesure où les visiteurs peuvent découvrir les différences entre les portraits originaux et les créations de l’intelligence artificielle. Un tel procédé n’est pas sans soulever la question fondamentale, dans une perspective à la fois historique et contemporaine, de l’authenticité des images.

Mansfeld est un patronyme qu’on ne présente plus au Grand-Duché de Luxembourg. Rappelons cependant que Pierre-Ernest de Mansfeld fut au service de Charles Quint et des Habsbourg d’Espagne pendant plus de soixante-dix ans. Treizième né de vingt-deux enfants, il se savait sans grand avenir dans sa Saxe natale. Il parvint néanmoins à se faire un nom dans les anciens Pays-Bas où ses qualités militaires en font un personnage incontournable. Il fut l’un des protagonistes de la reconquête catholique des provinces belges. Lors de sa nomination au poste de gouverneur général par intérim, il obtint la fonction la plus élevée à laquelle pouvait prétendre un membre de la haute noblesse des Pays-Bas. Il se distingua également comme grand amateur d’art et d’architecture.

Ce qui entre autres retiendra l’attention du visiteur est le fait que parmi les portraits des personnages ayant un lien étroit avec l’histoire luxembourgeoise, celui de Pierre-Ernest était l’un des plus connus en Europe. Celui de son fils Charles, peut-être né et certainement enterré à Luxembourg, s’est également diffusé dans toute l’Europe après sa mort, en 1595 (dans de nombreuses publications des XVII^e et XVIII^e siècles, éditées à des milliers d’exemplaires et consacrées à des personnages et des évènements historiques importants, les portraits des deux hommes étaient souvent présentés). Ainsi, une question qu’on est en droit de se poser est de savoir si les nombreux portraits donnent une image réaliste de la physionomie des deux hommes. Les représentations varient souvent non seulement par leur qualité artistique, mais aussi par leur réalisme. Chaque portrait, qu’il s’agisse d’une peinture, d’un dessin ou d’une gravure, servait un certain but. Le visiteur doit prendre en compte le contexte de création lorsqu’il observe l’armure, les attributs et les traits du visage de la personne portraiturée. De nombreux portraits étaient des copies ou des versions modifiées de portraits plus anciens. Il importe donc d’identifier l’œuvre originale qui présente la personne sous une apparence proche de la réalité.

On connaît aujourd’hui quinze portraits peints et dessinés de Pierre-Ernest. Parmi eux, deux tableaux inconnus des chercheurs, ont été découverts dans le cadre des préparatifs de cette exposition. Deux autres tableaux ont rejoint une collection publique il y a seulement quelques années, à savoir celle du Musée national d’archéologie, d’histoire et d’art du Luxembourg (MNAHA). Il est d’ailleurs probable que d’autres tableaux et dessins des Mansfeld referont surface dans les années à venir, au fur et à mesure de l’avancée des recherches. Il en va de même pour les portraits gravés, dont plusieurs ont déjà pu être identifiés au cours des recherches effectuées dans le cadre de cette exposition. Dans une telle optique, un autre élément qui ne manquera pas de fasciner le public est le lien que ces représentations de Pierre-Ernest de Mansfeld entretiennent avec l’intelligence artificielle, notamment avec le logiciel d’intelligence artificielle luxembourgeois Letz.ai, récemment développé dans le but de traiter tout un matériel iconographique selon telle ou telle instruction et de créer de cette manière des portraits autonomes et réalistes de Pierre-Ernest de Mansfeld.