On avait quitté Letizia Romanini il y a un an à la galerie Nei Liicht de Dudelange pour l’exposition „5 km/h“, dans laquelle elle proposait une sorte de restitution de 24 jours de marche entrepris en 2021 en suivant les frontières du pays. On la retrouve aujourd’hui à la galerie Reuter Bausch continuant à tirer sur le fil de cette aventure formatrice par laquelle elle a tissé un nouveau lien avec le monde végétal et aussi une tendance à glaner tout ce qui est laissé pour compte et échappe aux regards distraits ou lointains. Son tour du Luxembourg à pied avait introduit la photographie dans sa pratique. L’expérience photographique fut restituée sous forme de livre. A Dudelange, la photographie dominait encore. Mais, déjà, les centaines de photos cumulées avaient commencé à servir plutôt de matière première à d’autres expérimentations.
A l’entrée de la galerie Reuter Bausch, c’est la photographie qui lui permet de renouer avec le tissu de ses débuts, et d’inverser les rapports de force qui régissaient les œuvres exposées à Dudelange. Cette fois, c’est le fort et le dur imprimé sur mousseline qui plie et ne doit sa tenue qu’à des matériaux jugés faibles: chardons séchés, branches d’acacias et fonds de bronze. C’est pour Letizia Romanini une manière de mettre en avant des plantes souvent mal aimées, qu’elle rencontre dans les zones tampons qui, depuis son tour du Luxembourg, l’obnubilent.
Elle a pris l’habitude de ramasser „ce qui pique, s’enchevêtre, s’entrelace“, comme le relève Juliette Hage dans le texte qui accompagne son exposition baptisée „Plus d’épines que de roses“. Letizia Romanini transforme en broches en plaqué or des vrilles de vigne, formes végétales souvent laissées pour compte qui se retrouvent ici magnifiées, dixit l’artiste, qui souligne qu’on peut désormais, de la sorte, emmener un bout de paysage avec soi. Ce sont de semblables vrilles de vigne devenues bijoux, qui dialoguent avec des fonds de photo à forte teneur géométrique, dans des tableaux en trois dimensions.
De la photo à la paille
Si son tour du Luxembourg fut l’occasion de s’essayer à la photographie, l’artiste a vite éprouvé les limites de ce medium, incapable de saisir tous les angles depuis lesquels elle a ressenti la nature environnante, incapable également de faire passer la lenteur redécouverte. C’est par la marqueterie de paille qu’elle a trouvé moyen de donner à des photos qui lui servent de modèles, l’expression des sentiments qui l’ont traversée.
Elle avait déjà donné un aperçu de cette technique à Dudelange. Elle en a approfondi ses connaissances par de nouvelles prouesses techniques et un recours à des couleurs qui s’éloignent du réel. „La fonte de bronze, l’impression sur textile ou sur aluminium et la pratique artisanale de la marqueterie de paille permettent à l’artiste de transfigurer ce qu’elle a pu glaner dans un processus perpétuel de renversement des échelles et des focales“, écrit Juliette Hage.
Letizia Romanini participe également en ce mois de novembre à un festival de l’installation en Arménie, et sera présente au salon du CAL avec trois œuvres nommées „Adventicius“, qui se veulent „une réflexion subtile sur la fragilité et la résilience“, comme à une exposition collective à la Cité de l’image de Clervaux.
A la Reuter Bausch Art Gallery (14, rue Notre-Dame à Luxembourg) jusqu’au 9 novembre. Visite en présence de l’artiste, demain à 14h et 16h.
De Maart

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