Le Festival de Salzbourg parie sur l’avenir sans oublier Mozart et Karajan

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Le Festival de Salzbourg ouvrira samedi soir son édition 2008, qui proposera jusqu'au 31 août une ambitieuse programmation d'opéras, de concerts et de pièces de théâtre en mettant le cap sur l'avenir sans oublier deux enfants du pays, Wolfgang Amadeus Mozart et Herbert von Karajan.

 Les Salzburger Festspiele affichent des chiffres qui donnent autant le tournis que le ballet des voitures de luxe réglé chaque soir devant les palais du festival: près de 50 millions d’euros de budget, plus de 200.000 entrées escomptées et des prix de place pouvant atteindre 370 euros. La ville natale de Mozart, auquel le festival est en partie consacré depuis que cette manifestation, née sous le signe du théâtre (1920), s’est ouverte à l’art lyrique (1922), est aussi celle du chef d’orchestre Herbert von Karajan (1908-1989).
Sans céder à l’excès de commémorations en cette année du centenaire de sa naissance, le festival aura une pensée pour l’un des grands chefs du XXe siècle, qui a dirigé la manifestation pendant plus de trente ans (1956-1989), s’y est produit 337 fois et y a mis en scène 14 opéras. Des rencontres et des retransmissions en plein air ponctueront cet hommage marqué par trois prestations du Philharmonique de Vienne, l’un des orchestres préférés de Karajan, dans „Un Requiem allemand“ de Johannes Brahms, l’une de ses oeuvres fétiches.
L’Allemand Jürgen Flimm, directeur artistique du festival pour la deuxième année, a dû penser au maestro autrichien en programmant „Otello“ de Giuseppe Verdi, qui n’avait pas été donné au festival depuis les années 1970-1972 et la présentation d’une production réglée en fosse et sur le plateau par Karajan. Ce spectacle, mis en scène par le Britannique Stephen Langridge, illustrera la thématique „pour que l’amour soit aussi fort que la mort“ choisie cette année par Jürgen Flimm, qui a voulu conférer une atmosphère particulière à chaque édition (en 2007, c’était „le côté nocturne de la raison“). Le couple inséparable de l’art lyrique Eros/Thanatos est évidemment au coeur de „Roméo et Juliette“ de Charles Gounod, jamais joué au festival, qui promettait une affiche aussi glamour que „La Traviata“ de 2005 avec Anna Netrebko et Rolando Villazon. Mais la soprano russo-autrichienne, enceinte, a déclaré forfait et le ténor franco-mexicain devra donc donner la réplique à la jeune Géorgienne Nino Machaidze. Pour la première fois présenté ici en version scénique, „Le Château de Barbe-Bleue“ de Bela Bartok sera mis en scène par l’enfant terrible du théâtre néerlandais, Johan Simons. Egalement inédite, la „Rusalka“ d’Anton Dvorak sera dirigée en fosse par l’Autrichien Franz Welser-Möst, très présent cette année avec son Orchestre de Cleveland (cinq représentations et trois concerts). Mozart, loin d’être occulté, sera doublement honoré, avec un nouveau „Don Giovanni“ réglé par le metteur en scène allemand Claus Guth (ordonnateur de „Noces de Figaro“ ensorcelantes en 2006) et la reprise de „La Flûte enchantée“ colorée et sympathique du Libano-Britannique Pierre Audi. Lui-même metteur en scène très attaché à la modernité, Jürgen Flimm joue, côté concerts, la carte de la musique contemporaine avec un „continent“ consacré, après Giacinto Scelsi en 2007, à un autre compositeur italien, Salvatore Sciarrino. Il espère ainsi faire mentir ceux qui ne voient dans le Festival de Salzbourg que le carrefour d’une classe aisée et âgée, en jouant la carte de la jeunesse et de l’avenir. C’est le sens de la résidence de l’Orchestre de jeunes Simon Bolivar du Venezuela avec son chef prodige Gustavo Dudamel, mais aussi de la création d’un choeur d’enfants du festival, de camps musicaux ou encore d’une académie de jeunes chanteurs.