Montag22. Dezember 2025

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Francofolies 2025Khalid Oke: „Il n’y en a pas qui racontent l’histoire du Nigeria tel que moi je veux le faire“

Francofolies 2025 / Khalid Oke: „Il n’y en a pas qui racontent l’histoire du Nigeria tel que moi je veux le faire“
Khalid Oke: „Je pense que les artistes noirs et talentueux bénéficient souvent de moins d’opportunités que d’autres“ Photo: itsokeitsalright

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Jeune luxembourgeois né au Nigeria, Khalid Oke se distingue de la scène musicale d’ici grâce à sa pop gorgée de soul, de funk, d’électronique, de r&b et surtout d’afrobeat. Equipé de belles chansons lumineuses, sous l’influence de Prince et de Fela Kuti, de Tiwa Savage ou bien des tubes des années 1990, Oke va mettre le feu ce dimanche aux Francofolies. Interview.

Tageblatt: Votre EP s’intitule „Home“, or, en 2008, vous avez quitté le Nigeria pour le Luxembourg. Là, vous êtes en tournée en Afrique du Sud, avant de revenir ici pour les Francofolies.

Oke: Par rapport aux singles, beaucoup plus disparates, „Home“, c’est le premier projet dans lequel je me concentre sur une histoire; j’y explore aussi une couleur musicale qui anticipe mon prochain LP, à savoir l’afrobeat. Je suis né au Nigeria: aller dans cette voie, c’est rendre hommage à mon pays d’origine et à ma ville, Lagos. En Afrique du Sud, j’ai fait des concerts, j’ai joué des chansons, j’ai senti comment les gens réagissaient à celles-ci et ça m’a fait plaisir, parce que je voulais parler de ma vie à des gens qui ont une expérience similaire à la mienne.

Vous dites que vous avez souffert du racisme à l’école, au Luxembourg. Cette souffrance est devenue un engagement.

Le racisme m’a fait mal. C’est impossible à oublier, mais c’est le genre de douleur qui transforme, jusqu’à rendre plus fort. Maintenant que je suis adulte, je me sens protégé, je me sens plus solide, parce que j’ai dû affronter – et que j’ai su affronter. La souffrance constitue, en fin de compte, une partie du personnage Oke.

Si la culture africaine est marginale au Luxembourg, est-ce que vous considérez que vous êtes dans une démarche de transmission?

Oui, je fais de la musique aussi pour mettre en avant cette culture. Je pense que les artistes noirs et talentueux bénéficient souvent de moins d’opportunités que d’autres. C’est horrible, mais c’est la réalité – au Luxembourg comme dans le monde entier.

Dans la musique, beaucoup d’artistes noirs sont hyper populaires, ne serait-ce qu’à travers un genre comme le rap.

Bien sûr, mais ils ont de grosses machines derrière eux. Pour les petits nouveaux, c’est plus difficile. Avant de rencontrer mon manager, je faisais tout en solitaire. On est trois désormais, on fonctionne de façon indépendante, autonome.

Je suis un Nigérien qui fait partie de la communauté queer. Et, au Nigeria, beaucoup de jeunes sont harcelés, voire exclus de la société, à cause de leur orientation sexuelle. Je suis là pour soutenir ces minorités. C’est encore une bonne raison de faire de la musique.

Oke, musicien

 
  Foto: itsokeitsalright

Fela Kuti fait partie de vos influences. C’est un chanteur politique.

J’aime aussi Burna Boy, Angélique Kidjo … L’afrobeat est désormais composé de chansons que je placerais dans la catégorie des „vibes“, c’est-à-dire qu’elles sont écoutées dans des boîtes de nuit, entre amis. Mais si on prend la température du Nigeria, ou même celle du monde entier, on a besoin d’artistes qui racontent des histoires. Il n’y en a pas qui racontent l’histoire du Nigeria tel que moi je veux le faire. Raconter une histoire, c’est mon devoir d’artiste.

Vos morceaux sont groovy, solaires, positifs: est-ce que, selon vous, la musique peut sauver le monde?

Oui. Si les artistes élèvent les gens avec des chansons, il y aura des changements dans la société, au niveau politique, culturel et social. Fela Kuti a été emprisonné plusieurs fois, parce qu’il faisait ses chansons pour le peuple, contre le gouvernement. La musique engagée manque. Mes chansons sont positives, parce que c’est mon tempérament, et je veux continuer de me battre pour des causes qui me sont chères.

Vous êtes engagé également en faveur de la communauté LGBTQIA+.

Je suis un Nigérien qui fait partie de la communauté queer. Et, au Nigeria, beaucoup de jeunes sont harcelés, voire exclus de la société, à cause de leur orientation sexuelle. Je suis là pour soutenir ces minorités. C’est encore une bonne raison de faire de la musique.

Vous avez repris „Imagine“ de John Lennon à la sauce électro-pop: qu’est-ce qui vous tient à cœur dans ce morceau?

On l’a toujours chanté avec ma grand-mère, même à l’église. Si on me demande d’interpréter un morceau, c’est „Imagine“ qui me vient en premier.

Est-ce que vous vous considérez comme un idéaliste?

Le monde a besoin d’idéal et il n’y a pas de „mais“.

Festival Francofolies

Les Francofolies d’Esch-sur-Alzette reviennent pour leur 5e édition du 6 au 8 juin 2025 au parc du Gaalgebierg. Cette année, le festival accueillera une quarantaine d’artistes, mêlant têtes d’affiche et newcomers. Plus d’infos et le line-up complet sur francofolies.lu.

Vous avez aussi fait un duo avec l’Italien Nazareno sur „Come fai l’amore“. Vous aimez la pop italienne et sa mélancolie?

Tout à fait. Je suis très heureux que Nazareno m’ait contacté; cette chanson représente une autre expérience musicale – inattendue – qui peut toucher un public différent.

Un mot à propos de votre concert aux Francofolies?

Ça va chauffer!