Laetitia Klotz est une poète contemporaine dont le travail se distingue par une attention aiguë à la temporalité, au souffle des instants et à la sensibilité du monde. Dans „Comme on attend le jour“, elle explore l’attente comme expérience existentielle et comme moteur poétique. La préface du recueil, signée par Julie Nakache, souligne cette dimension essentielle: „Tout poète recommence le monde, perd et retrouve la lumière. Dans son recueil, Laetitia Klotz rêve à ce qui se cache derrière l’invisible, parcourt les ailleurs lointains du vivant. Lumière et nuit se succèdent dans l’attente du jour. Une voix, manifestation même de la vie, s’élève dans cet hymne au minéral et au végétal. (…) De poème en poème, la voix quête une réponse.“
Entre observation et méditation
Les poèmes de „Comme on attend le jour“ se distinguent par leur capacité à transformer le quotidien en expérience poétique. La poète observe les gestes, les objets, les paysages, et crée des fenêtres ouvertes sur des dimensions invisibles du réel. L’écriture fragmentaire, parfois elliptique, reflète la temporalité suspendue de l’attente: les vers courts, les ruptures et les respirations introduisent un rythme proche de la perception sensorielle et intérieure. Cette attention aux détails infimes du monde, minéral ou végétal comme en témoignent les pièces poétiques consacrées aux pierres ou aux arbres, n’exclut pas une dimension métaphysique: la lumière, les changements d’ombre et les intervalles de silence deviennent autant de vecteurs de réflexion sur l’existence. L’attente du jour n’est pas seulement un motif poétique: elle est le symbole de l’espoir, de la quête de sens et de la réconciliation avec le monde. La voix poétique de Klotz se fait alors voyageuse, guidée par l’instant, mais attentive à ce qui se cache derrière l’invisible et aux formes subtiles de la vie.
Enveloppée brillante / De ses étoiles de mer / Le corps attendait tant / L’appel de l’océan / Comme on attend le jour
Les thèmes de la mémoire, du temps et de la transformation se mêlent à cette exploration. Chaque poème agit comme un microcosme, où la perception sensible et la méditation sur l’existence se croisent. Le minéral et le végétal, souvent évoqués, deviennent des témoins du temps et de l’éphémère, offrant au lecteur un horizon où se déploie la poésie de la durée et du détail. La poète fait de l’attente un lieu de lumière, où chaque observation devient acte de conscience et chaque mot un pont vers le monde.
Une poésie de la quête et de l’écoute
„Comme on attend le jour“ est avant tout une poésie de l’écoute et de la quête. La voix du recueil n’est pas une simple narration: elle est manifestation de la vie même, oscillant entre méditation, émerveillement et interrogation. De poème en poème, elle cherche une réponse, comme le suggère la préface, et construit un espace où le lecteur peut ressentir la fragilité et la profondeur de l’existence.
La poésie de Laetitia Klotz confirme l’idée que la langue peut transformer l’ordinaire en sublime, qu’elle permet de percevoir la beauté dans l’attente, et qu’elle offre un accès à l’intime et à l’universel simultanément. Le recueil ne se lit pas seulement: il se vit, dans l’attention aux nuances, aux respirations et aux rythmes du monde. Les poèmes deviennent autant de seuils vers une compréhension sensible et spirituelle de l’existence, où le temps suspendu de l’attente devient matière à réflexion et émerveillement. „Comme on attend le jour“ est un recueil qui impose une lecture attentive, méditative et sensorielle. Laetitia Klotz y réinvente le monde par le regard poétique, allie précision du langage et musicalité des vers, et offre au lecteur une expérience où lumière et obscurité, végétal et minéral, attente et révélation se répondent dans une quête continue de sens.

„Les vagues viennent / Pour tout promettre / Ou tout faire disparaître / Comment-t-il, dis-moi / Ce mouvement des vagues qu’aucun rempart ne barre ?“ (p. 41): les vagues, par leur répétition infinie et leur puissance sans obstacle, condensent une vérité fondamentale, à savoir que rien dans l’existence n’échappe au mouvement. Leur flux est celui du devenir, un rappel héraclitéen que tout coule, que le monde se refait et se défait sans cesse. Elles ne se contentent pas d’être une image du temps, elles incarnent le battement même de la vie, où l’espoir et la perte ne sont jamais séparés mais se répondent dans le rythme de l’aller et du retour.
Dans le recueil de Laetitia Klotz, cette image prend une valeur poétique essentielle: la vague enseigne au lecteur qu’il n’y a pas de fixité, que toute lumière retrouvée surgit de la nuit, que toute promesse est fragile mais toujours possible. Elle dit le caractère insaisissable du monde, mais aussi son ouverture: l’horizon est sans cesse redessiné par ce mouvement. Ainsi, les vagues apparaissent comme un maître invisible: elles nous apprennent à accueillir le passage, à consentir à l’éphémère, et à trouver dans l’alternance – de l’ombre et du jour, de la perte et de l’élan – la vérité d’une poésie vivante.
De Maart
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