Dienstag23. Dezember 2025

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De Gudde WëllenJozef Van Wissem: „Le public doit s’attendre à être envoûté“

De Gudde Wëllen / Jozef Van Wissem: „Le public doit s’attendre à être envoûté“
Jozef Van Wissem: en concetr ce soir au Gudde Wëllen Photo: Philip Mcgoldrick

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Dans un genre minimaliste et baroque, rock et expérimental, en couleur ou en noir et blanc, Jozef Van Wissem est, depuis vingt-cinq ans, l’ambassadeur pop d’un instrument qualifié „d’un autre temps“, le luth. Génie esthète énigmatique, complice de Jim Jarmusch et rockeur anachronique, le musicien hollandais trace sa route bien comme il l’entend, entre ses bandes originales de films et ses concept-albums radicaux. Comme il joue ce mercredi au De Gudde Wëllen, nous avons essayé de le décrypter, en lui parlant. Chaque réponse, ici laconique, pourrait contenir des points de suspension invisibles; le mystère n’est qu’amplifié. Interview.

Tageblatt: Vous avez été le propriétaire d’un bar à Groningue. Cette expérience a-t-elle eu une influence sur votre musique?

Jozef Van Wissem: En effet. Après cinq ans en tant que propriétaire de bar, j’en ai eu assez de ce genre de vie au rythme intense. J’ai donc déménagé à New York, où j’ai vécu comme un moine, tranquille. J’ai étudié le luth avec un professeur. Et disons que la vie de bar m’a poussé à l’introspection.

Votre premier album s’intitula „Retrograde: A Classical Deconstruction“: que vouliez-vous déconstruire dans le rock?

Oui, je joue du rock, si je puis dire – en tout cas, de la guitare électrique avec de la distorsion – sur la bande originale de „Nosferatu“. C’est déconstruit, car je ne joue qu’un seul accord, mais c’est un bon accord.

Vous aimez aussi bien Bach que le Velvet, vous mélangez des éléments rétro et arty, classiques et pop, gothiques et baroques: pensez-vous qu’une partie du futur de la musique se trouve dans le passé et vice-versa?

Il est important de renouveler ses racines. J’aime mentionner la musique folklorique européenne, puisque c’est de là que je viens. Certaines mélodies du répertoire pour luth sont intemporelles; je le cite et les actualise.

Vous avez comparé vos compositions à des palindromes et le luth s’avère plus difficile à jouer que la guitare: la musique, pour vous, est un langage de la contrainte?

J’aime bien l’aspect technique. Le répertoire classique est assez compliqué à maîtriser. Il y a aussi beaucoup de pièces méconnues pour luth solo qui attendent d’être découvertes et j’apprécie ce côté caché.

Au XXIe siècle, jouer du luth, c’est transgressif, non?

C’est à l’auditeur de décider. Je laisse libre cours à son imagination.

Vous intégrez des sons d’oiseaux et des techniques électroniques modernes, vous avez travaillé avec le musicien noise-indus Maurizio Bianchi, Nikolaï Komyagin du groupe art-punk Shortparis ou le musicien psyché-minimal Keiji Haino… Définiriez-vous votre style comme „expérimental“?

J’aime penser que mon travail continue d’évoluer, quel que soit son nom.

Pourquoi ce choix du noir et blanc dans votre artwork?

Certaines parties sont colorées…

Le noir et blanc renvoie à Jim Jarmusch, à „Dead Man“ ou „Coffee And Cigarettes“. Vous avez travaillé avec lui. Son cinéma est-il la réponse visuelle à votre musique pendant que vous êtes la réponse musicale à son cinéma?

Je ne sais pas.

On peut penser à la figure du cowboy en écoutant certains morceaux, vous avez d’ailleurs repris „A Horse With No Name“ d’America. Mais on peut aussi voir celle du vampire, avec le disque précité de „Nosferatu“ et „Only Lovers Left Alive“ du même Jarmusch. Êtes-vous plutôt cowboy ou vampire?

Quand j’étais enfant, je dessinais des cowboys.

À travers l’atmosphère sombre, la profondeur du son, les paroles, la voix, les échos, le luth et ces effets hypnotiques, cherchez-vous à provoquer de l’angoisse?

Non.

Si Jozef van Wissem réalisait un film, quel en serait le style?

J’aime les films dans lesquels il ne se passe rien.

„The Book Of Ghostlye Grace“ a inspiré votre album „Ex Mortis“: quel est votre rapport au mysticisme?

Je lis des livres que j’utilise ensuite pour mon travail, parfois chrétiens, parfois occultes. Ceux-ci sont une source d’inspiration.

Vous avez fait des concerts dans des églises, des bibliothèques, des musées, au sommet d’un gratte-ciel… De Gudde Wëllen est une salle de concert intimiste: à quoi le public peut-il s’attendre pour le live de ce soir?

À être envoûté.

Début du concert: 21 heures.