Mittwoch26. November 2025

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ExpositionEntre ciel et mer: Eugène Boudin au Musée Marmottan Monet

Exposition / Entre ciel et mer: Eugène Boudin au Musée Marmottan Monet
Forte de quatre-vingts œuvres, l’exposition donne les points forts Crédit: Studio Christian Baraja

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Le Musée Marmottan Monet rend hommage au peintre Eugène Boudin, père de l’impressionnisme. Une exposition qui permet une belle confrontation avec l’art moderne, à une époque où la hiérarchie des genres était mise à bas.

Eugène Boudin, père de l’impressionnisme, est à l’honneur au Musée Marmottan Monet, exposition des plus symboliques pour ce musée, lorsque l’on sait que Monet a été l’élève de Boudin. Il s’agit ici d’une saisie de la lumière, d’un bouleversement des valeurs, d’une captation du plein air, d’une sortie de l’atelier.

Forte de quatre-vingts œuvres, l’exposition donne les points forts, depuis les ciels normands, une escapade en Bretagne, les tons nuancés de Venise. „Trois coups de pinceau d’après nature valent mieux que deux jours de travail au chevalet“, note Eugène Boudin en 1850. Il ne faut pas oublier que la peinture est désormais en tube, ce qui permet à l’artiste d’aller peindre d’après nature, même si les finitions se font encore à l’atelier.

En peignant sur le motif: détail de „La Plage a Trouville“ (1863, huile, 34 x 58 cm)
En peignant sur le motif: détail de „La Plage a Trouville“ (1863, huile, 34 x 58 cm) Crédit: Studio Christian Baraja

Eugène Boudin (Honfleur 1824-Deauville 1898) est né d’une famille modeste, tournée vers la mer. Il la connaît bien, devient mousse sur une barque de pêche, mais se tourne ensuite vers l’imprimerie. Il travaille six ans pour le compte de deux imprimeurs du Havre, à l’âge d’or de la lithographie. Il s’établit ensuite comme papetier encadreur. Ses visites au Musée du Havre, la fréquentation d’artistes comme Couture, Troyon, Millet, leur influence et leurs conseils, l’incitent à peindre. En 1850, la Société des Amis des Arts du Havre lui achète deux toiles, puis, boursier, il étudiera à l’école des beaux-arts de Paris. Attiré par les paysagistes hollandais, leur atmosphère, il découvre également le naturalisme de Courbet et Millet. Il admire Corot. Fort de ces influences, il s’en émancipera en peignant sur le motif, plages normandes, baigneuses, ceci de manière à la fois structurée par le dessin, et de manière „relâchée“ et moderne par la touche. Ce goût pour la nature touche le jeune Monet, qui lui présente le peintre Jongkind. Les trois artistes refont le monde, depuis leurs impressions, en plein accord. Dans cette naissance de l’impressionnisme, Monet comprend la force d’un Jongkind, avec ses perspectives fuyantes, une lumière saturée, une approche frontale de la nature. Tandis que Boudin conserve une approche plus subtile, dans ses dégradés de couleurs, qui donnent de la profondeur.

Une atmosphère embuée

Puis Boudin rencontre Baudelaire. Ce dernier écrira: „Ces étonnantes études si rapidement et si fidèlement croquées d’après ce qu’il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur.“ C’est un déluge de blondeur et de silhouettes grâcieuses entre mer et ciel, un plongeon dans une époque, lorsque Deauville n’était pas encore connue, et que Paris soudain s’y pressait. Cette atmosphère embuée de bord de mer ne sera appréciée qu’au XXe siècle. On imagine la hardiesse de Boudin qui dépeint à grands traits les femmes à la mer, malgré la mise en garde d’un ami havrais: „… si vous fagotez mal vos baigneuses, elles ne reporteront pas leurs yeux sur le ciel, ni sur vos lointains vaporeux pour excuser les négligences de votre pinceau pour leur ombrelle.“

Ciel et lointain vaporeux, instant saisi sur le vif, la révolution impressionniste est en cours. Horizons bas, soleil généreux, lumière agrémentée des taches de couleurs des vêtements de bain, chignons traités à la va-vite, variations fugitives de l’air, le présent se décline au bonheur de l’impression la plus fine. Eugène Boudin est vraiment le précurseur de l’impressionnisme. Il a participé avec Monet et Renoir à la première manifestation/exposition chez le photographe Nadar, en 1874. Son influence est considérable sur les peintres de l’abstraction lyrique, par ses empâtements et les endroits laissés vierge de la toile.
Cela respire autrement, avec une telle liberté dejà!

Cette exposition nous permet une belle confrontation avec l’art moderne, à une époque où la hiérarchie des genres était mise à bas. Incontournable.

Des ciels normands aux tons nuancés de Venise: „Venise, la Salute, la Piazzetta et le grand canal le soir“ (1893, huile, 55 x 90 cm)
Des ciels normands aux tons nuancés de Venise: „Venise, la Salute, la Piazzetta et le grand canal le soir“ (1893, huile, 55 x 90 cm) Crédit: Studio Christian Baraja

Info

„Eugène Boudin: Le père de l’impressionnisme“, jusqu’au 31 août 2025 au Musée Marmottan Monet (2, rue Louis Boilly, 75016 Paris). Plus d’informations: www.marmottan.fr.