Mittwoch5. November 2025

Demaart De Maart

Rockhal„Wildberry Lillet“ et vibes en feu : Nina Chuba débarque mercredi soir à Luxembourg

Rockhal / „Wildberry Lillet“ et vibes en feu : Nina Chuba débarque mercredi soir à Luxembourg
Une „teenie-star“ devenue rappeuse: Nina Chuba Photo: Jakob Marwein

Jetzt weiterlesen!

Für 0,99 € können Sie diesen Artikel erwerben:

Oder schließen Sie ein Abo ab:

ZU DEN ABOS

Sie sind bereits Kunde?

Actrice de télévision dès l’enfance, Nina Chuba est, depuis quelques années, aux côtés de Shirin David, Kitty Kat ou Antifuchs, l’une des rappeuses allemandes les plus imposantes. Elle est en concert ce soir à la Rockhal. Focus.

Avec ses cheveux coiffés en pagaille ou avec, au contraire, son interminable queue de cheval qui ressemble à celle d’une princesse Disney, Nina Chuba n’est pas une nouvelle venue dans le monde du spectacle. Alors qu’à l’âge de sept ans, elle joue déjà du piano, Nina Katrin Kaiser de son vrai nom joue dans la série pour enfants „Die Pfefferkörner“ – sauf qu’à la fin du générique, elle est créditée Nina Flynn. Nina, disons Nina, puisque le prénom reste le même, et ce quel que soit son pseudonyme, Nina donc, tourne ensuite, dans les séries „Notruf Hafenkante“, „Großstadtrevier“ et „Letzte Spur Berlin“. C’est comme si elle était prédestinée à la célébrité, depuis son année de naissance, en 1998, autrement dit pile au début de la génération Z. La notion de célébrité depuis le début de la génération Z, c’est quoi exactement?

Par rapport au siècle passé, la grille de lecture est totalement bouleversée, en ce qu’il est facile de l’être, célèbre, depuis l’avènement de la télé-réalité, et quelques années plus tard, des réseaux sociaux, il n’y a plus nécessairement besoin d’avoir une „oeuvre“ (sortir des disques, écrire, se distinguer dans le sport, etc) pour avoir droit à une notoriété médiatique. La célébrité peut passer par d’autres biais, y compris pour rien. Sauf que si à la fin tout le monde peut être célèbre, il est plus difficile de se distinguer de ce lot. Au milieu des années 2000, pendant que le monde développe son hypercommunication en même temps que la starification des anonymes, Nina Chuba se distingue du lot en travaillant, déjà, à la télévision. C’est avec son propre salaire qu’elle se procure son premier piano.

La Miley Cyrus allemande?

Pour schématiser, certains désignent Nina Chuba comme une Miley Cyrus allemande, par rapport à un parcours parallèle, à quelques années près, qui démarre sur le petit écran dans des programmes à destination de la jeunesse, pour ensuite franchir les étapes rapides de la célébrité en tant que pop star. Il ne s’agit pas de se faire connaître; elle est déjà connue. Il ne s’agit pas de devenir une star sans oeuvre donc sans motif; elle a grandi sous les feux des projecteurs – ou plutôt sous l’oeil des caméras. Et son public, quant à lui, a grandi avec elle. S’il est question de coiffure „Disney“, soit l’entreprise qui a produit „Hannah Montana“, l’héroïne incarnée par Miley Cyrus, Nina Chuba est justement une héroïne, une super-héroïne; elle rappe d’ailleurs, dans l’un de ses plus gros succès, „Wildberry Lillet“, „Je veux voler comme chez Marvel“, laquelle société de production appartient à Disney. Et grandir avec elle, c’est la voir grandir.

Nina Chuba lors du festival Lollapalooza à Berlin en 2022
Nina Chuba lors du festival Lollapalooza à Berlin en 2022 Photo: Boris Niehaus, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

Il est toujours étrange de voir un artiste „depuis toujours“, de le suivre, non pas au sens X ou Instagram du terme, mais au sens de l’avoir connu très jeune, comme s’il pouvait y avoir une difficulté à le considérer, par la suite, pleinement comme un adulte. À l’inverse, quand la notoriété a démarré à la vingtaine ou à la trentaine, c’est comme si la naissance de l’artiste était marquée par son début de célébrité, comme s’il n’y avait pas eu d’enfance ou d’adolescence. La starification à l’enfance peut remettre en cause la valeur artistique, parce que ladite célébrité semble „trop facile“, sinon „trop rapide“, certains ont eu besoin d’une vie entière pour se faire connaître, à la sueur de leur travail. Nina Chuba, elle, connaît le sens du mot „travail“, à l’écran comme au micro. À la fin des années 2010, lorsqu’elle se lance dans le rap, elle a déjà une bonne expérience sur le CV par rapport à ses camarades du même âge, elle sait performer, elle maîtrise son image. Elle ne s’est pas contentée de faire quelques vidéos face à la caméra, sur Instagram ou TikTok. Nina revient, de fait, à ses premiers amours, à savoir la musique, comme en témoigne ce piano qui n’attendait plus qu’elle revienne.

Exigence et efficacité

Après avoir été au centre de son groupe Blizz, en tant que compositrice et chanteuse, Nina Chuba s’émancipe en solo, en trouvant rapidement ses marques, à mi-chemin entre le rap, la pop, le r&b et le dancehall. Productions fort ingénieuses, alternant chant touchant et rap plus âpre, voix claire et échos; gimmick astucieux, sa musique a les goûts de sa génération, en plus du fait que Nina puisse en être la voix – et l’image de faire le reste en termes de reflets. Parmi ses influences – Allemagne oblige – le rappeur Trettmann se situe en haut, mais aussi l’Américaine Billie Eilish ou l’Espagnole Rosalia, des références pop et grand public, qui en même temps ont su trouver l’approbation du côté des médias spécialisés et du public exigeant.

Nina Chuba

En concert ce mercredi, 18 juin, à partir de 19h à la Rockhal (5, av. du Rock’n’roll/L-4361 Esch/Alzette)

Il y en a encore qui diraient, surtout en Allemagne, en tout cas les plus élitistes, que sa pop possède sans doute les qualités nécessaires pour plaire aux plus jeunes, mais que, passé un certain âge – l’âge adulte –, il ne serait pas sérieux de l’écouter. Ce serait passer à côté d’une artiste, disons-le, complète, bien accompagnée de Morten Aamodt, son co-auteur et co-producteur, mais aussi plus complexe qu’elle n’y paraît, à l’image de l’anti-ego-trip de „Lips Shut“ ou des astuces sonores de „Mondlicht“ avec ses digressions de guitare. Ça serait aussi trop prendre au pied de la lettre le précité „Wildberry Lillet“, morceau dans lequel elle parle de … la célébrité qu’elle voudrait avoir. Jets privés et dollars en pagaille, Nina reprend les clichés du rap testostéroné, avec, il faut le rappeler, le recul nécessaire de l’enfant-star qu’elle a été. Comme on dit d’un visuel trop clinquant qu’il est tape-à-l’oeil, la musique de Nina Chuba est tape-à-l’oreille, mais elle est très efficace au premier degré.