La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon est actuellement secouée par une crise qui commence à faire aussi tache d’huile sur ses partenaires. En cause à l’origine: une gifle que le député mélenchoniste le plus en vue, Adrien Quatennens, élu du Nord, a dû, après des révélations du Canard Enchaîné, confirmer avoir donnée à sa femme, entre autres violences conjugales, au cours d’une dispute sur leur prochain divorce.
L’affaire, sans être aucunement anodine, aurait cependant pu rester à la fois relativement discrète et intime, si trois facteurs ne s’en étaient mêlés. Le premier est que la formation à laquelle appartient M. Quatennens, jeune espoir de LFI (au point de passer, à 32 ans, pour le possible futur successeur de son président-fondateur), s’est toujours fait une spécialité de distribuer à tout-va ses leçons de bonne conduite politique, morale, sociale et civique, en mettant notamment l’accent sur la nécessité de combattre sans pitié les violences faites aux femmes.
L’affaire aurait certes fait mal à n’importe quel autre parti; mais dans le cas de La France Insoumise, elle est dévastatrice. L’intéressé lui-même s’est modestement contenté de „se mettre en retrait de ses fonctions de coordinateur“, tout en conservant précieusement son mandat de député. Contraint par le scandale montant, il a assuré „regretter profondément son geste“, tout en l’expliquant par „un contexte d’extrême tension et d’agressivité mutuelle“. Contexte en effet plausible – une gifle est rarement assénée dans une ambiance de joyeuse affection – mais qui n’a pas rendu, aux yeux de nombreux cadres et militants de LFI, et du reste de la gauche, cette violence plus admissible.
Or il se trouve, second facteur aggravant, que le parti de M. Mélenchon a attendu cinq longues journées après les révélations du Canard pour se saisir de l’affaire, et encore: lors d’entretiens personnels avec M. Quatennens, en invoquant aussi le recours à une instance interne au parti chargée d’examiner confidentiellement ce genre de situations. Comportement qui, pour certaines militantes féministes de LFI – et, au-delà, d’autres formations de la NUPES – évoque irrésistiblement la tendance masculine à jeter un voile pudique sur ce genre d’affaires, soit en les minimisant, soit en en étouffant carrément les échos publics.
„Dignité“, „courage“ du gifleur?
En troisième lieu, et comme pour couronner le tout, M. Mélenchon a lui-même donné le tempo de cette minimisation en publiant, après les fameux cinq jours d’attente et les aveux de son jeune poulain, un message d’une extraordinaire maladresse. On y lit en effet: „La malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux se sont invités dans le divorce conflictuel d’Adrien et Céline Quatennens. Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection.“ Point final …

Pas un mot, donc, pour la victime du député gifleur, lequel voit au contraire salués „sa dignité et son courage“. Ce message de soutien devait bientôt susciter un tollé dans l’ensemble de la classe politique, ce qui a obligé M. Mélenchon à un assez laborieux rétropédalage. Et encore: vendredi soir à la télévision, il n’a pas hésité à déclarer, comme un défi aux adversaires des violences anti-féministes: „Je souhaite qu’Adrien revienne dans le combat politique“, car c’est „un jeune homme extraordinairement brillant, que vous ne pouvez pas m’interdire d’aimer“.
Comme on est loin des diatribes passionnées contre d’autres personnalités qui avaient été soupçonnées de faits du même genre! Il est vrai qu’elles n’avaient pas le mérite d’appartenir à LFI. Il en est tout de même une sur qui l’affaire Quatennens a rebondi: Julien Bayou, „patron“ des Verts, et donc allié de la NUPES. Sa femme l’accuse de violences, et l’une de ses propres députées, Sandrine Rousseau, le poursuit désormais de sa vindicte. La gauche radicale est pour l’heure dans l’embarras – et l’autorité de Jean-Luc Mélenchon contestée, pour la première fois de manière aussi sensible.
De Maart
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