Freitag24. Oktober 2025

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Forum de Guy van Hulle-BisdorffUn rêve de „Jeunesse“ en passe de se réaliser

Forum de Guy van Hulle-Bisdorff / Un rêve de „Jeunesse“ en passe de se réaliser
Arrêt sur image: Mario Sabatini, qui géra le café Scarassa de 1975 jusqu’à sa fermeture en 1999 ensemble avec sa femme Jeanny Werer. Extrait du court-métrage „Déi vun der Grenz“ de Gast Rollinger (1994). Screenshot: Brigitte Peschon

Et si du café „Scarassa“ – quel beau nom pour un bistrot soit dit en passant devant – et en n’y allant pas par quatre chemins, on avait à l’époque su faire tout bonnement le nouveau siège social de la Jeunesse, qui est orphelin du sien depuis que le patron de l’ancien local, situé à quelques encablures du terrain, vient de mettre la clé sous la porte?

Cela serait tout de même merveilleux si le „Scarassa“, lui-même fermé depuis des lustres et implanté dans le quartier Hiehl, et qui, comme nul ne devrait l’ignorer, est le berceau des noir et blanc, club le plus capé du Luxembourg y compris en Coupe d’Europe, pouvait rouvrir ses portes et prêter son cadre unique et authentique à cette nouvelle fonction. Telle fut du moins mon idée.

Ce café de tradition au rez-de-chaussée d’une belle maison à deux étages et demi, aux volets clos depuis longtemps, avec son enseigne aux caractères verts longtemps préservée, ne paie pas de mine du dehors pour qui n’a pas connu son intérieur et n’a pas eu la chance de s’y attabler ou d’aller commander un demi à son comptoir d’époque.

Le vénérable café sis au numéro 28 de la rue J.-P. Bausch, dont le propriétaire fut dès 1928 Mr. Antonio Gaudina, originaire du Piémont et qui est resté longtemps dans la même famille, voire dans son „jus“ depuis, n’avait pas bougé en ce qui concerne son intérieur. Le parquet verni, les boiseries, le comptoir, la patine, sans oublier l’impeccable service, ajoutèrent à une certaine noblesse rustique des lieux, le tout conférant une âme au café, de sorte qu’à l’heure de l’apéro, d’avant-match ou après, on s’y sentait bien à son aise, comme chez soi, dans sa propre „Stuff“.

Un phénix nommé Scarassa

Avec son voisin, le café minier Caurla, au plafond bas et à l’atmosphère toute aussi chaleureuse (y compris le troquet répondant au nom truculent de „Stuppes“), le café „Scarassa“ était le troisième bistrot dans la même rue à tenir lieu de „local“ officieux de la Jeunesse.

Quant au siège officiel, il se trouvait bel et bien rue d’Audun, tenu par Mr. Ed Mond et sa famille pendant quinze ans (de 1970 à 1985) et qui à l’époque fut le point de rassemblement et de chute des joueurs et supporters.

Présenté tel quel, le projet peut paraître saugrenu, mais comme même à Esch il est toujours permis de rêver, l’idée qui demande, il est vrai, quelques explications, m’est venue en flânant dans le quartier de la „Hiehl“, le fief de la Jeunesse avec son aire de jeu blotti entre les „colonies“, un chaudron à l’ancienne au pied du „mont du chat“. Après le transfert du local de la rue d’Audun au coin de la rue des Boers, avant-dernier bastion de „l’Italian Style“, le Conti et la pension Modugno disparus, le Caurla jouxtant le Scarassa perdît, à son tour, son âme lorsque le bon Primo rendit la sienne. Vu que tout fout le camp et notre jeunesse la première, que notre mémoire à son tour semble menacée par la célèbre maladie de l’oubli, autant se raccrocher à ses premières amours et à son club toujours vert, voire noir et blanc, par défaut et nostalgie.

Mon rêve, un peu fou, fut de voir se rouvrir les volets de la belle au bois dormant. Il aurait suffi d’aérer et de dépoussiérer un bon coup, de réamorcer la pompe à bière et de remettre la „Faema“ sous pression … pour en faire un local digne de ce nom et du club.

Le droit de rêver

Le club orphelin d’un siège social digne de ce nom depuis plus d’un an maintenant, le dernier en date, joliment décoré de photos et d’anciennes affiches, mais encore une fois mal géré, implanté dans l’ancien resto Gubbio, ayant à son tour mis la clé sous le paillasson souillé, aurait retrouvé de son lustre en innovant et en osant faire du Scarassa un „local“ sortant de l’ordinaire, une maison mère de bon goût, un lieu de rencontre convivial qui aurait eu, à n’en pas douter, de l’allure, voire de la gueule – avec un „ambiente“ sans pareil.

Les volets clos cachent un décor devenu rare de nos jours, où la vie s’est arrêtée et la source du débit Diekirch tarie depuis. A ce qu’il paraît, des cinéastes ont déjà eu recours de par le passé pour quelque tournage de film, ce qui n’a rien d’étonnant. Ici, point de formica ni de soi-disant lounge branchée à la c…, pas de toc, ni chichi ni chicha, rien que de l’authentique! Ce local entrevu dans nos rêves, nous le voyions à la fois faire bistrot, petit centre culturel et sportif, club-house et lieu de vie tout près de ses racines, le tout à la fois et tout en un. Cela aurait pu devenir un peu  – toutes proportions gardées – notre château Haillan de poche à nous, sans vouloir rivaliser pour autant avec les Girondins de la riche Bordeaux. S’il faut garder les pieds sur terre, à moins de vouloir réaliser une „bicyclette“ ou de tenter une tête plongeante, rien n’aurait empêché d’être assez téméraire pour oser envisager d’entamer ne serait-ce que les pourparlers concernant un tel projet. Pour réveiller la belle, nous aurions bien vu un prince charmant, au profil de l’ancien capitaine Scuto, alias Denis Intello, s’y employer, jouant les gérants sans être obligé à faire le cafetier pour autant. Mais s’occuper plutôt de la biblio et des archives comme consultant.

Un cercle, mais pas Munster

Une espèce de cercle d’un autre genre pouvant réunir la grande famille de la Jeunesse et du foot. Un havre de la troisième mi-temps, un cercle ouvert en quelque sorte … se situant entre celui du Munster et du Che Guevara! Ce „Munster“-là, me dérangeant autrement plus les narines que le fromage fermier homonyme vosgien, car demeurant fermé aux „cumins“ des mortels. A Esch, il aurait suffi d’être noir ou blanc ou les deux à la fois, pour se sentir bien entre amis de jeunesse, toutes générations confondues, avec une préférence pour les chics types par rapport aux types chics des cercles fermés. Mais aujourd’hui, hélas, le mal est fait, le „Scarassa“ fermé, voire remanié, et la page tournée!

Now, et à nouveau, „we have a dream“, ayant maintenant de fortes chances de se réaliser, car en partant – en partie du moins – de l’idée première, on compte très bientôt relancer celle-ci sur l’initiative de Denis Scuto comme capitaine „historique“… qui l’a reprise et réactualisée en y rajoutant celle d’un musée (rien que ça!). Ce rêve, un peu fou de prime abord, ayant de fortes chances de devenir bientôt une réalité sur le terrain même, juste à côté de l’ancienne buvette-guinguette, une „troisième mi-temps“, au lieu et à la place de l’ancienne buvette, entretemps devenue à tous points de vue un peu ringarde, voire obsolète. Un bâtiment en dur cette fois-ci, „mat Bistrotsambiance“ certes, mais pas seulement. Une „auberge de Jeunesse“ imaginée par une poignée d’anciens „passeurs“ pour se remémorer et refaire les matches d’antan, desquels les jeunes recrues du club en mal de repères seront chaleureusement invités à s’inspirer.

Un lieu emblématique
Un lieu emblématique Screenshot: Brigitte Peschon