France„Tout ça pour ça!“: la composition du gouvernement peine à convaincre

France / „Tout ça pour ça!“: la composition du gouvernement peine à convaincre
François Bayrou, chef de file des centristes Photo: AFP

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La composition complète du gouvernement Attal a enfin été connue jeudi soir, d’une façon d’ailleurs peu orthodoxe puisque nombre d’anciens ou nouveaux ministres ont annoncé eux-mêmes, contrairement à l’usage, qu’ils en faisaient partie. Dès le surlendemain matin, une première réunion de travail a eu lieu à Matignon. Mais l’effet produit sur l’opinion ne semble pas au rendez-vous pour l’instant.

„Tout ça pour ça!“ C’était, en 1993, le titre d’un film à succès de Claude Lelouch, et il aurait pu resservir de résumé aux commentaires ayant suivi la publication de la liste des (si peu) nouveaux promus au gouvernement. Car l’impression globale laissée par l’issue de ce long mois de consultations, hésitations et négociations, est à quelques exceptions près celle d’un morne jeu de chaises musicales entre inconnu(e)s du grand public. Sans parler du fait que ce gouvernement, promis comme „resserré“, compte finalement 35 membres.

Plus que jamais, en dehors des quelques piliers dont il continue d’avoir besoin, aux Finances avec Bruno Le Maire, à l’Intérieur avec Gérald Darmanin, ou à la Défense avec Sébastien Lecornu, de plus récente acquisition, le président Macron a donc veillé à ce qu’aucune tête ne risque de dépasser. Les uniques nouveautés notables sont la non-entrée au gouvernement de François Bayrou, chef de file des centristes, qui a veillé à la présenter comme un effet de sa propre volonté, et la rétrogradation de Mme Oudéa-Castéra au seul ministère de la Jeunesse et des Sports, avec notamment l’important dossier des Jeux olympiques de Paris l’été prochain.

„De l’action, de l’action, de l’action!“

Celle-ci avait d’abord vu sa compétence étendue à l’Éducation nationale, sur un coup de tête du chef de l’Etat, son ancien condisciple à l’ENA, qui avait fini, en un mois, par le regretter amèrement au vu des gaffes et des maladresses qu’elle accumulait, notamment en direction des syndicats, à la tête de ce ministère éminemment inflammable, auquel elle ne connaissait rien. Elle y est remplacée par une revenante plus chevronnée, et venue, elle, de la gauche: Mme Nicole Belloubet, ex-ministre de la Justice, et qui semble d’ailleurs avoir sur son nouveau champ d’action des vues largement opposées à celles que Gabriel Attal avait lui-même commencé à y développer lors du court passage qu’il y avait effectué avant d’être nommé à Matignon.

C’est dire que, pour l’instant, ni la cohérence des choix opérés par les deux têtes de l’exécutif, ni le souffle nouveau dont la recherche pourtant justifiait le renvoi de Mme Borne et le remaniement du gouvernement, ne semblent avoir présidé à la composition de cette équipe, qui aura pourtant duré un mois. Sentant probablement le manque d’enthousiasme de l’opinion, le premier ministre a exhorté ses ministres en ces termes, selon le journal Le Parisien d’hier: „De l’action, de l’action, de l’action!“, pour obtenir „des résultats, des résultats, des résultats!“

Et Gabriel Attal d’insister: l’action et les résultats seront ses moteurs comme premier ministre, lui qui est donc „le chef de la majorité“ et n’admettra „aucun temps mort dans l’action“. Dès ce printemps devraient voir le jour un grand plan pour le logement, des mesures pour la justice des mineurs, et un dispositif très renforcé de lutte contre le trafic de drogue. Cet été, a aussi fait savoir M. Attal, le gouvernement présentera un projet de loi destiné à „libérer l’activité économique, la croissance et le développement industriel“, avec notamment la simplification des normes trop contraignantes, dont il estime le poids à quelque 60 milliards d’euros de pertes annuelles pour les entreprises.

Toujours pas de majorité parlementaire

Il s’agit aussi pour lui de démentir les appréciations pessimistes portées sur la cohésion de la majorité après les critiques de François Bayrou, lui qui passait pourtant pour un des piliers essentiels de la Macronie. Des critiques dont un certain nombre d’élus, eux aussi centristes, ont déploré à plus ou moins haute voix la forme et la véhémence, mais qui ont touché un point sensible: le décalage qui persiste entre Paris et la province, et entre les élites qui gouvernent, présumées „hors-sol“, et les Français de base. Un décalage que le Rassemblement national exploite avec des résultats spectaculaires dans les sondages, non seulement sur les élections européennes de juin, mais aussi désormais sur la présidentielle de 2027.

En outre, nouveau gouvernement ou pas, M. Attal ne disposera pas plus, demain, de majorité parlementaire, que n’en disposait hier Mme Borne, à qui il a été tant reproché de gouverner à coups de 49-3, cet article de la Constitution qui permet de faire passer un texte sans vote si le gouvernement engage sa responsabilité et n’est pas renversé par une motion de censure. Selon toute vraisemblance, il devra surtout légiférer par décrets, ce qui n’est évidemment pas possible dans tous les domaines, ni beaucoup plus populaire que le 49-3.

Bref, le jeune chef du gouvernement aura besoin de beaucoup d’„action“, en effet, s’il veut obtenir les „résultats“ promis.