Samstag25. Oktober 2025

Demaart De Maart

FranceSurprise: le second tour voit la gauche devancer macronistes et lepénistes, Attal va démissionner

France / Surprise: le second tour voit la gauche devancer macronistes et lepénistes, Attal va démissionner
Les premières réactions sur la place de la République à Paris dimanche soir Photo: AFP/Geoffroy van der Hasselt

Jetzt weiterlesen!

Für 0,99 € können Sie diesen Artikel erwerben:

Oder schließen Sie ein Abo ab:

ZU DEN ABOS

Sie sind bereits Kunde?

Les derniers sondages publiés vendredi laissaient attendre un net tassement du RN, une remontée de la gauche et une certaine résistance de la majorité sortante. Mais les résultats du second tour des législatives vont bien au-delà: la coalition des quatre partis de gauche, au total, arrive en tête, les macronistes et alliés reculent moins qu’annoncé et l’extrême droite ne figure qu’en troisième position. Le tout sans majorité malgré une participation encore plus forte que le 30 juin.

C’est ce qu’on appelle, par rapport aux résultats du premier tour, et aux projections en sièges auxquelles, un retournement de situation majeur, pour ne pas dire un coup de théâtre. Manifestement, cette dernière semaine de campagne, marquée par une mobilisation politique massive contre une arrivée des lepénistes au pouvoir, a très largement porté ses fruits.

Avec 172 à 192 sièges selon les estimations, voire plus de 200 selon certains sondeurs, surtout si l’on y ajoute une quinzaine de „divers gauche“, le rassemblement de LFI, du PCF, du PS et des Verts devance clairement les tenants de la majorité sortante, qui devraient recueillir 150 à 170 sièges. Et surtout le RN, auquel on attribuait hier soir entre 132 et 152 sièges, y compris les quelques ralliés venus des Républicains. Le parti LR „maintenu“ obtient quant à lui 60 à 70 élus; il pouvait craindre pire, compte tenu de sa quasi-disparition des débats de la campagne; et l’ancien président du groupe dans l’Assemblée dissoute, Olivier Marleix, est réélu.

Jean-Luc Mélenchon a estimé que le président de la République avait „le devoir d'appeler le Nouveau Front populaire à gouverner“
Jean-Luc Mélenchon a estimé que le président de la République avait „le devoir d'appeler le Nouveau Front populaire à gouverner“ Photo: AFP/Sameer Al-Doumy

Le camp présidentiel peut certes se féliciter d’avoir, lui aussi, bénéficié des désistements entre les deux tours pour faire barrage au RN; plusieurs de ses vedettes sont d’ailleurs réélues, comme l’ancienne première ministre Elisabeth Borne, ou le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Mais il lui sera tout de même bien difficile de crier victoire: cette dissolution, présentée par le locataire de l’Elysée comme un nécessaire exercice de „clarification“, aura au contraire abouti, non seulement à une réduction des effectifs de ses supporters, même si elle est moins catastrophique pour lui que prévu, mais aussi et surtout à une configuration parlementaire dépourvue de toute majorité de gouvernement.

Mélenchon: „A nous de gouverner“

Jean-Luc Mélenchon s’est aussitôt félicité de voir que la mobilisation de la gauche avait „arraché un résultat qu’on lui disait impossible“, et a affirmé que „le président de la République doit appeler le Nouveau Front populaire à gouverner“, pour appliquer, dès le mois de juillet, „rien que le programme, mais tout le programme“ qui avait été approuvé au début de la campagne législative par les dirigeants des quatre partis ainsi coalisés. Au probable embarras des communistes, des socialistes et de nombre d’écologistes, qui souhaitent surtout, désormais, que le leader de LFI reste à l’arrière-plan.

Car ce dernier a aussi pris soin de proclamer qu’il ne saurait être question de nouer des pourparlers avec les partis du centre, pour ne même pas évoquer la droite, en vue de constituer une majorité de gouvernement. Ce qui supposerait évidemment des concessions programmatiques, sauf à se résigner à voir un nouveau premier ministre y effectuer un simple „tour de piste“, comme on disait sous la IVe République, sans obtenir d’investiture.

Le premier ministre Gabriel Attal a annoncé dimanche soir qu'il présenterait lundi matin sa démission
Le premier ministre Gabriel Attal a annoncé dimanche soir qu'il présenterait lundi matin sa démission Photo: AFP/Ludovic Marin

Gabriel Attal – qui a pris du poids politique au cours de cette campagne, à proportion de celui que perdait Emmanuel Macron – va présenter ce lundi la démission du gouvernement au chef de l’Etat, lequel disait hier soir en petit comité vouloir appeler à Matignon le représentant du parti disposant du plus grand nombre de députés. Conformément à ce que prévoit non la Constitution – le président peut charger de cette fonction qui il veut, à charge pour l’intéressé(e) de recueillir ensuite le soutien de l’Assemblée pour son gouvernement – mais la tradition républicaine. Oui, quel sera ce parti? Il faudra voir quelle sera la répartition des sièges entre les futurs groupes de la gauche … et les autres.

M. Macron a de toute façon une semaine chargée devant lui, tant sur le plan international qu’avec la célébration, dimanche prochain, de la fête nationale. Entre-temps, ou simultanément, il va devoir travailler avec son entourage à l’élaboration d’une „majorité cohérente“ (et, cette fois-ci, absolue, autant que possible: c’était notamment pour en finir avec le recours si fréquent aux artifices de procédure qu’il avait décidé cette dissolution), ce dont la nouvelle composition du Palais-Bourbon laisse mal augurer. Et au plus tard le 18 juillet, la nouvelle Assemblée nationale devra élire son ou sa président(e). Une échéance qui, elle-même, ne s’annonce pas d’une grande simplicité, mais permettra peut-être d’y voir un peu plus clair.


Une nouvelle majorité „plurielle“, bonne idée ou fausse piste?

Depuis qu’il est devenu clair, même aux yeux des supporters les plus optimistes du président Maron, que la majorité parlementaire sortante – qui n’avait déjà de majorité que le nom – ne survivrait pas, au moins telle quelle, aux scrutins des 30 juin et 7 juillet, et que son échec serait d’une telle ampleur que gouverner à coups de recours à l’article 49-3 deviendrait impossible, l’idée a commencé à germer dans les cerveaux élyséens. Pourquoi, face à l’extrême droite, et dans l’hypothèse où elle n’obtiendrait pas la majorité absolue, ne pas tenter de fédérer autour d’un gouvernement résolument pluraliste tout ce qu’il est convenu d’appeler „l’arc républicain“, autrement dit l’ensemble des partis sauf le RN d’un côté, et, de l’autre, La France insoumise?

François Hollande comme successeur de Gabriel Attal?
François Hollande comme successeur de Gabriel Attal? Photo: AFP/Pascal Lachenaud

Après tout, on pouvait tenir là, fût-ce après la plus cinglante défaite jamais enregistrée par une majorité sortante sous la Ve République, une occasion d’opérer le grand rassemblement des bonnes volontés dont l’espoir avait constitué, sept ans plus tôt, l’un des piliers du macronisme alors naissant. Cette issue à la crise permettrait à la France de ne pas rester sans gouvernement et, accessoirement, au chef de l’Etat de triompher de ses détracteurs sur le thème: „Vous voyez bien que la dissolution était une bonne idée, porteuse de recomposition politique du pays. Et que non, la France n’est pas devenue ingouvernable.“

Si ce n’est qu’une telle ambition semblait, avant même que soient connus les résultats du second tour, assez fumeuse. Car même en excluant d’une telle majorité composite une France insoumise qui refusait énergiquement, de toute façon, d’en faire partie (et ne manquerait pas de mener la vie dure aux „traîtres“ de l’ex-Nouveau Front populaire qui accepteraient, eux, de s’y rallier), on ne voyait pas bien quel pourrait être le programme commun de gouvernement d’une alliance allant des communistes aux LR, en passant par les socialistes, les écologistes et toutes les nuances des survivants du macronisme.

A moins, bien sûr, de considérer que l’important est d’être ministre, de droite ou de gauche, et qu’il est, sur le fond et compte tenu de la fracture de l’opinion, urgent de ne rien faire … En abrogeant la réforme des retraites ou celle de l’assurance-maladie? En renonçant aux projets de Gabriel Attal sur l’éducation? En empêchant le chef de l’Etat de poursuivre sa politique d’aide militaire à l’Ukraine?

Jordan Bardella a dénoncé dimanche „l'alliance du déshonneur“ qui prive les Français „d'une politique de redressement“
Jordan Bardella a dénoncé dimanche „l'alliance du déshonneur“ qui prive les Français „d'une politique de redressement“ Photo: AFP/Dimitar Dilkoff

Resterait aussi la question, justement, du successeur de M. Attal à Matignon, si ce ne peut être Jordan Bardella. Des noms circulaient déjà ces derniers jours: pourquoi pas Boris Vallaud, le dynamique président du groupe PS de l’Assemblée sortante? Ou Raphaël Glucksmann, de sensibilité socialiste lui aussi, et qui a fait un beau parcours aux élections européennes, mais à qui Jean-Luc Mélenchon et son clan vouent une haine inextinguible? Ou encore l’ancien leader de la CFDT Laurent Berger, dont la solidité n’exclut pas la modération – mais ce dernier s’est déjà poliment récusé –, voire l’ancien ministre gaulliste mais de sensibilité „verte“ et commissaire européen Michel Barnier? Certains citant même l’hypothèse, probablement farfelue, de François Hollande!

Bref, si évoquer une „Assemblée plurielle“ relève de la lapalissade – n’est-ce pas le propre de toute démocratie? – composer dans le contexte actuel une majorité qui le serait aussi pourrait bien se révéler difficile, pour ne pas dire plus. Sauf à renoncer à gouverner réellement, alors que la situation notamment financière de la France aurait du mal, c’est encore peu dire, à s’accommoder d’un vide du pouvoir.


La cohabitation, un système qui n’a pas si mal fonctionné … jusque-là

Si la situation de leur pays inquiète nombre de Français, quel qu’ait pu être leur vote au premier puis au second tour, la perspective de revivre une période de cohabitation – le mot s’est imposé sans problème il y a 38 ans pour désigner une période où un président et un gouvernement de tendances opposées existent parallèlement au pouvoir – n’est pas, au contraire, un épouvantail.

Car ce système, qui permet de tenir compte à la fois de l’élection présidentielle et de celle d’une nouvelle Assemblée nationale, qui ont lieu l’une et l’autre au suffrage universel direct et sont donc égales en légitimité démocratique, n’a pas laissé que de mauvais souvenirs aux électeurs. Même si, bien sûr, il n’a été que moyennement apprécié des deux groupes de dirigeants qu’ils mettaient ainsi en concurrence: le président et son entourage, le premier ministre et le sien. Mais l’opinion était à ce point attachée au respect de la formule que l’on disait souvent, à l’époque, pour prévenir toute tentation dans l’un ou l’autre camp: le premier des deux qui rompt le contrat moral est politiquement mort.

Et de fait, à trois reprises déjà, les choses ne se sont pas si mal passées. Naturellement, on peut toujours citer quelques moments de friction, voire de tension, entre les deux têtes de l’exécutif contraintes par les aléas électoraux de cohabiter, chacun veillant jalousement au respect de sa zone d’influence. Mais globalement, la France a continué d’être gouvernée, et des décisions parfois importantes d’être prises sans explosion d’agressivité.

La première de ces expériences aura été, de 1986 à 1988, la cohabitation entre Mitterrand président et Chirac premier ministre, après la victoire de la droite aux législatives. C’aurait pu être une période éruptive, tant par la personnalité des deux hommes que parce qu’il s’agissait, justement, d’une première. Mais la sagesse l’a emporté, et ces deux années sont (à peu près) restées dans les limites de la courtoisie.

Courtoisie nettement plus accentuée encore en 1993-1995, toujours sous la présidence Mitterrand, avec Edouard Balladur, qui, ambitions présidentielles aidant (et finalement déçues au profit de Chirac) tenait à s’afficher en cohabitant exemplaire. Et même le troisième exercice du genre, de loin le plus long, entre 1997 et 2002, entre Chirac devenu président – et procédant lui aussi à une très imprudente dissolution – et Lionel Jospin, alors à la tête du PS, aura été sinon sans nuages, du moins sans vrais orages.


Et les Jeux olympiques, dans tout ça?

La vigueur des controverses électorales l’a un peu fait oublier, mais une autre échéance, aussi potentiellement redoutable que ces élections si incertaines et tendues, attend la France au sortir des isoloirs et du décompte des bulletins de vote. Il s’agit d’assurer le bon accueil, et le déroulement harmonieux, de ces Jeux olympiques qu’elle a tant insisté pour avoir le périlleux honneur de les organiser: les J.O. de Paris, du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août, sans parler des Jeux paralympiques qui suivront.

Ce qui rend ce très vaste rendez-vous sportif, qui est en principe une fête universelle et très attendue, aussi difficile à maîtriser cette fois-ci, c’est précisément qu’il aura lieu très peu de temps après le second tour des législatives, tout particulièrement si celles-ci, entre temps, ne débouchent sur aucune majorité et donc, dans l’immédiat, sur aucun nouveau gouvernement bien installé.

Naturellement, tout l’essentiel du travail, s’agissant notamment de l’hôtellerie, de la logistique et de l’aménagement des sites, a déjà été fait bien en amont de cet événement électoral imprévu. Mais il reste inévitablement d’innombrables détails de dernière minute à régler, voire des conflits à arbitrer: qui s’en chargera? Le gouvernement sortant, ressuscitant le vieux concept, très familier aux deux précédentes Républiques, de „gestion des affaires courantes“, mais sans doute confronté à bien d’autres problèmes?

A quoi s’ajoutent deux autres risques pour les organisateurs, outre celui, commun désormais à tout grand rassemblement international, d’attentats terroristes. Le premier est celui de grèves, dans les transports notamment (d’autant que plusieurs compétitions ont lieu en province, et que la circulation dans la capitale sera très limitée). Le second est celui de manifestations, éventuellement violentes, en fonction des résultats et des humeurs des uns et des autres, qui achèveraient de „pourrir les Jeux“, qui plus est sous les yeux du monde entier.

Comme on dit: le pire n’est pas toujours sûr; et en ce jour de second tour, l’urgence est évidemment ailleurs! Mais l’exécutif va aussi, en plein lendemains d’élections, devoir gérer ce problème-là.


Au-delà des résultats précis, l’inquiétude des supporters de l’UE

Les partisans français à la fois les plus résolus et les plus informés de la construction européenne, qui se trouvent essentiellement dans la gauche et la droite modérées, en passant bien entendu par les macronistes, auront constamment suivi la campagne électorale avec inquiétude, pour des raisons qui ne tenaient pas seulement à son résultat possible en termes de partis; même si, pour différentes raisons, ils ne pouvaient pas trop l’afficher.

Pour eux, le risque de voir s’installer au pouvoir un Rassemblement national dont le nom même évoque plus le repli sur l’Hexagone que la sympathie pour la dynamique européenne, et l’ouverture d’esprit ou la capacité de faire les concessions qui vont avec, constituait évidemment une perspective très sombre sur ce terrain-là, sans parler des autres. Mais la perspective radicalement contraire, celle d’une forte remontée en puissance d’une France insoumise dont l’attachement à l’Union européenne n’est pas non plus le trait dominant, et qui entendait plus que jamais appliquer „tout son programme“ en cas de victoire d’une majorité de gauche, n’était pas beaucoup plus rassurante.

A quoi s’ajoutait – et s’ajoute toujours, pour le coup – la crainte, pour ne pas dire la certitude, qu’en toute hypothèse l’image de la France en Europe ne se retrouve fort dégradée des semaines qui ont précédé … et qui vont suivre. Que l’on semble loin désormais du climat à la fois bienveillant et plein d’allant en faveur du Vieux-Continent qu’avait voulu créer Emmanuel Macron dans son premier „discours de la Sorbonne“, le 26 septembre 2017!

Non certes que le locataire de l’Elysée ait changé d’avis sur le fond. Mais son ambition d’y faire jouer à la France un rôle moteur aura, elle aussi, été ruinée par les retombées de cette dissolution. Et parmi les partisans de la construction européenne, ce constat désole aussi bien les macronistes que leurs adversaires.

porcedda daniel m
8. Juli 2024 - 15.19

Ayant pu éviter un désastre politique de droite, il faudra maintenant savoir maîtriser le populiste gauche Mélenchon. Même que « communistes, socialistes et nombre d’écologistes » souhaitent surtout, que le leader de LFI reste à l’arrière-plan, celui-ci avec son aplomb aigu cherchera à se positionner tout à l’avant du cercle politique de France.