Dienstag11. November 2025

Demaart De Maart

Spleen roseRozeen: „Ce qui m’intéresse avant tout, c’est la musique en tant que moyen de communication“

Spleen rose / Rozeen: „Ce qui m’intéresse avant tout, c’est la musique en tant que moyen de communication“
 Photo: Jenia Vesnina

Jetzt weiterlesen!

Für 0,99 € können Sie diesen Artikel erwerben:

Oder schließen Sie ein Abo ab:

ZU DEN ABOS

Sie sind bereits Kunde?

Musicienne et chanteuse luxembourgeoise d’origine polonaise, Zofia Branicka alias Rozeen joue ce dimanche en acoustique sa jolie pop-folk suave au Liquid Bar. Interview.

Tageblatt: Votre musique est introspective et mélancolique. Pour mentionner deux de vos morceaux récents, „Overgrown“ raconte une déception amicale et „Rising Waters“ la fin d’une histoire d’amour.

Rozeen: „Overgrown“ est une chanson récente, en effet, mais „Rising Waters“ pas du tout, puisque je l’ai écrite à l’université. A l’intérieur de cette composition il y a la fraîcheur de l’état d’esprit dans lequel je me trouvais; il est question d’amour, et pas n’importe lequel – le premier. Sortir ce morceau aujourd’hui, c’est une forme d’accomplissement.

J’ai d’ailleurs commencé à jouer de l’ukulélé baryton, un instrument qui possède une autre rythmique, plus percussive, que le piano. Cela me permet de construire des titres avec une tonalité R&B, en tout cas d’obtenir un tempo plus groovy, y compris quand les morceaux ont une base triste.

Pour vous, le spleen stimule-t-il la création ou, au contraire, la limite-t-il?

Le spleen m’inspire davantage que les bonnes nouvelles. La musique fait office de catharsis, jusqu’à la thérapie; il y a, quoi qu’il en soit, un résultat positif, par le simple fait de transcender le mal-être. Cela dit, j’ai déjà écrit des chansons heureuses! J’ai d’ailleurs commencé à jouer de l’ukulélé baryton, un instrument qui possède une autre rythmique, plus percussive, que le piano. Cela me permet de construire des titres avec une tonalité R&B, en tout cas d’obtenir un tempo plus groovy, y compris quand les morceaux ont une base triste.

Y a-t-il des thèmes trop intimes que vous ne vous verriez pas aborder?

Tout ce qui a un rapport avec la mort. Il y a des artistes qui en parlent, mais la musique me touche tellement qu’avec l’amplification des émotions qu’elle génère, ça serait trop.

 Photo: Jenia Vesnina

Ce dimanche, au Liquid Bar, vous jouez en acoustique et vos compositions, en général, sont minimalistes. Est-ce que vous pourriez évoluer vers un son plus rock ou plus électronique?

Au début, je m’étais fixée pour objectif de chanter avec un groupe. Mais s’il y a trop d’instruments, je me sens perdue; j’aime pouvoir contrôler ce que je joue, tout comme j’aime me concentrer sur le noyau de la chanson et, à partir de là, bâtir le reste. Je préfère procéder de cette façon au lieu de me trouver au milieu d’un groupe sans être sûre de mon son. En ce qui concerne l’électronique, je vais peut-être me procurer une pédale, pour faire des petits effets. En tout cas, la contrainte m’oblige à être plus créative. C’est le fait de ne plus avoir mon guitariste qui m’avait poussée à expérimenter l’ukulélé. Le guitariste avec qui je joue maintenant ne chante pas, alors je veux acheter une pédale qui fait des harmonies vocales.

Le Liquid Bar est un endroit où se déroulent des concerts de jazz et de blues. Quels sont vos liens avec ces genres musicaux?

Tout d’abord, je suis très heureuse de jouer au Liquid, parce que c’est clairement l’un de mes bars préférés, depuis le lycée. J’étais triste quand le lieu était fermé pendant un bon moment. Au-delà du blues et du jazz, ils font aussi des sessions acoustiques qui incorporent divers styles. J’ai toujours adoré le blues, car mon père m’en a fait écouter, et il y a bien des éléments de ce genre dans ma musique. Quand j’ai joué au Trifolion, des spectateurs m’ont dit qu’ils avaient parfois l’impression d’être dans un club de blues, à cause des solos de guitares, justement bluesy. Je suis aussi inspirée par le jazz.

Chez Alicia Keys, qui est l’une de vos références, il y a une certaine touche jazzy …

Oui, d’ailleurs, tout le R&B contient des influences jazz et blues. Qui plus est, maintenant et de plus en plus, les genres s’entremêlent. Moi, je n’aime pas tellement les étiquettes. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de me qualifier, mais c’est dur, je dis que je fais de la folk-pop, car il y a de la pop, mais c’est aussi folky, voire un peu country. Si j’ajoutais le R&B, ça faisait quatre genres dans ma biographie. Alors j’ai mis „singer-songwriter“. Je pense que c’est ce qui correspond le plus, aussi bien pour renvoyer à l’acoustique que pour réunir les styles.

„Définir c’est limiter“, écrivait Oscar Wilde. D’un côté, il y a le problème d’être mis dans une case et de ne plus pouvoir y échapper, mais de l’autre, il faut bien nommer les choses. S’il y a des catégories musicales, c’est une manière d’orienter l’auditeur.

C’est vrai, cela dit, il peut y avoir l’effet inverse qui se produit, c’est-à-dire des gens qui vont refuser d’écouter, parce qu’en voyant le mot „pop“ inscrit, ils se disent que non, ils ne vont pas aimer. Bon, j’ai aussi une chanson bossa nova … Pour avoir une idée du son, j’aime bien connaître l’effectif d’un groupe, ou savoir s’il y a tel instrument électronique. Quant à moi, je veux suivre mes goûts et mes envies. Parfois j’ai des idées pour des chansons, et je me dis que ça manque d’originalité, mais tant pis si ce que je vais tenter existe déjà.

Avec l’importance des réseaux sociaux, mais aussi vu la quantité de sorties musicales, le public a besoin de vite identifier un artiste, qui, lui-même, doit parvenir à se distinguer …

Il y a eu récemment l’Eurovision: on me demande pourquoi je n’y participe pas. Déjà je ne m’y vois pas en tant que candidate. Il faut être un peu extravagant – quoique pas toujours – mais le problème, c’est qu’après il s’agit d’être vue en tant que „chanteuse qui a fait l’Eurovision“ et il faut sans doute redoubler d’efforts afin que le public vous connaisse pour d’autres raisons. Oui, des portes s’ouvrent, mais c’est dur pour le psychisme. Aujourd’hui, il faut réussir à se faire connaître par un scandale ou par une opération stratégique. Moi, ce qui m’intéresse avant tout, c’est la musique en tant que moyen de communication. Je veux enregistrer les chansons que j’ai en tête et ce qui compte pour moi, c’est de rester dans l’authenticité.

Rendez-vous donc dimanche au Liquid Bar.

Le concert dure deux fois 50 minutes! Là encore, la contrainte a été bénéfique, car j’ai dû accélérer la préparation de mes nouvelles chansons, pour avoir plus de matière. Je pense de toute façon que je ne vais jamais arrêter la musique.