Freitag26. Dezember 2025

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FranceRéunion de l’Elysée sur l’Ukraine: A la recherche d’une paix (vraiment) durable

France / Réunion de l’Elysée sur l’Ukraine: A la recherche d’une paix (vraiment) durable
Le premier ministre britannique Keir Starmer, accueilli lundi par le président français Emmanuel Macron dans la cour de l’Elysée, est prêt à envoyer des troupes en Ukraine Photo: LudovicMarin/AFP

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Une réunion européenne informelle d’urgence était convoquée hier à l’Elysée, avec pour ambition de „faire plus et mieux“ au sujet de l’Ukraine et de la sécurité collective du continent.

Y ont pris part, outre bien sûr le président Macron, les chefs des gouvernements d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Italie – Mme Meloni est arrivée avec une heure de retard – d’Espagne, de Pologne, des Pays-Bas et du Danemark (représentant les pays nordiques et baltes), ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’OTAN. Il s’agissait évidemment, pour le président français qui a lancé les invitations au terme d’un week-end d’intenses préparatifs à l’Elysée, de réagir à la façon dont Donald Trump – qui a d’ailleurs, avant la réunion, envoyé un questionnaire en six points aux dirigeants européens – entend gérer les négociations de paix avec la seule Russie, par-dessus la tête d’une Europe qui est pourtant, avec l’Ukraine (laquelle n’a même pas été invitée à la réunion d’aujourd’hui en Arabie saoudite où dirigeants américains et russes vont discuter de son avenir!), directement concernée par les suites de l’agression russe. Et de tenter de définir la façon de garantir à ce pays – et à d’autres aussi, en fait, en particulier les petites Républiques baltes – qu’une telle invasion ne se reproduira plus.

Sur un sujet aussi vaste et grave, dont l’examen ne devait pas commencer avant 16 heures hier après-midi à l’Elysée et ne durer plus de deux heures et demie, on ne pouvait guère attendre que la réunion aboutisse dès hier soir à une déclaration commune. Le président Macron lui-même, qui s’était auparavant entretenu 20 minutes au téléphone avec Donald Trump, a d’ailleurs déclaré d’entrée de jeu que le débat ainsi lancé pourrait se poursuivre „avec un autre format et en d’autres lieux“.

De fait, si l’on voulait que cette rencontre sonne fort et clair, il n’était pas question de se contenter d’une réédition des considérations lénifiantes déjà entendues mille fois depuis des mois, quand la connivence entre la Maison-Blanche et le Kremlin semblait impensable. Pire: ce serait évidemment contre-productif, en achevant de convaincre Poutine et Trump que c’est seulement entre eux deux que s’écrit désormais l’histoire.

Autonomisation

Une histoire dont le chapitre le plus immédiat concerne évidemment, selon la formule de l’Elysée, „les garanties de sécurité qui peuvent être données à l’Ukraine“. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé hier que des pourparlers étaient d’ores et déjà en cours à propos du déploiement de troupes, notamment françaises, britanniques et polonaises, „trois grandes armées européennes“, a-t-il insisté, pour „garantir un futur cessez-le-feu puis une paix durable en Ukraine“.

Mais le premier ministre polonais, Donald Tusk, si résolu soit-il à augmenter encore ses défenses de défense, ne souhaite pas déployer des soldats de son pays sur le sol ukrainien. Et ses homologues allemand et espagnol estiment, au minimum, qu’il est trop tôt, alors que Keir Starmer, pour le Royaume-Uni, se dit prêt à y procéder si nécessaire.

Plus globalement – c’est le second volet des réflexions de la conférence de Paris – la question à laquelle il s’agit de trouver de premiers éléments de réponse est celle de l’autonomisation d’une défense européenne qui, jusqu’à présent, a beaucoup dépendu, à travers l’OTAN principalement, des Etats-Unis, y compris en termes d’achat ou de fabrication d’armements. Les discours peu amènes de Trump, et peut-être plus encore de J.D. Vance à Munich samedi, ont clairement montré que désormais, les Européens ne devraient plus guère compter que sur eux-mêmes. Une prise de conscience douloureuse, mais peut-être salutaire, à condition d’en tirer au plus vite les conséquences, martèle-t-on du côté français.

Des questions politiques, militaires … et budgétaires

La présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula von der Leyen, l’a ainsi résumé hier en arrivant à Paris: „La sécurité de l’Europe est à un tournant. Oui, il s’agit de l’Ukraine, mais c’est aussi nous qui sommes concernés. Nous avons besoin d’un état d’esprit d’urgence.“ C’est sans doute bien résumer le sentiment dominant. Mais plusieurs pays de l’Europe, à commencer par la France, sont actuellement confrontés à la nécessité de réduire leurs dépenses, souci fort légitime mais peu compatible avec le souci de développer, inévitablement à grands frais, son dispositif de défense et ses industries d’armement.

Au-delà de ces considérations financières, que pourrait résumer l’incontournable question de savoir combien les Européens sont prêts à dépenser pour leur sécurité, se posait en filigrane, pour les participants à la réunion de Paris, celle de savoir de quelles structures – d’organisation et de commandement – doter une éventuelle future défense européenne commune. Y compris à propos des forces nucléaires française et britannique, certes conçues, a priori, comme des „arme de non-emploi“, comme disent les militaires, autrement dit un dispositif de dissuasion, mais qu’il faudrait bien doter, à la fin, d’un responsable unique.

Bref, on ne pouvait pas raisonnablement espérer qu’une petite après-midi de travail parvienne à répondre à toutes ces questions. Du moins nul ne peut plus ignorer, parmi les dirigeants du Vieux-Continent, qu’elles sont désormais posées, et avec une particulière acuité. Sur le plan politique, à l’évidence; et militaire, bien sûr; mais aussi budgétaire.