Sonntag2. November 2025

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„My Sunshine“ en sallesRencontre avec le cinéaste Hiroshi Okuyama qui compose un conte sur fond de patinage artistique

„My Sunshine“ en salles / Rencontre avec le cinéaste Hiroshi Okuyama qui compose un conte sur fond de patinage artistique
La patinoire comme décor: „My Sunshine“ d’Hiroshi Okuyama  Source: September Film

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Dans son film „My Sunshine“, le jeune cinéaste japonais Hiroshi Okuyama de 28 ans seulement évoque avec délicatesse les ambivalences de l’adolescence, avec pour décor une patinoire immaculée et les paysages enneigés de l’île d’Hokkaido. Présenté dans la section „Un certain regard“ à Cannes l’an dernier, „My Sunshine“ aurait mérité une récompense. Rencontre avec Hiroshi Okuyama.

Tageblatt: Vous avez choisi les paysages enneigés d’Hokkaido comme décor pour votre film. Pour quelles raisons?

Hiroshi Okuyama: J’adore la neige depuis toujours. Elle tombe peu à Tokyo où j’ai grandi. Et je reste ému par des souvenirs d’enfance où les chutes de neige étaient un événement à la fois éphémère, rare et magique. En outre, sur le plan artistique, la neige crée du vide dans l’image, ce qui permet de faire clairement ressortir ce qu’on veut montrer.

Les personnages du film partagent une relation intensive, comme Sakura et son entraîneur Arakawa
Les personnages du film partagent une relation intensive, comme Sakura et son entraîneur Arakawa Source: September Film

Que représente le patinage artistique pour les protagonistes et pour vous?

J’ai moi-même fait du patin à glace dans mon enfance, et j’en ai gardé quelques souvenirs. Toutefois, „My Sunshine“ n’est pas autobiographique. Je me suis surtout inspiré d’une situation, notamment le décor glacé dans lequel le film a été conçu. En revanche, l’histoire et les enjeux dramatiques sont entièrement inventés. Je souhaitais placer ce sport en arrière-plan dans lequel se noue une relation triangulaire avec les protagonistes. Au-delà du réalisme, je voulais aussi ajouter une part de fantastique, de mystère, d’ambivalence, à l’image des deux adolescents et de la neige environnante. Les personnages se rencontrent et créent une harmonie en dehors de leur famille. Ils se sont en quelque sorte aliénés la société. Tous les trois vivent une situation similaire, c’est pourquoi ils sont attirés les uns par les autres.

Avez-vous rencontré des difficultés techniques en filmant sur la glace?

Heureusement, je suis moi-même patineur et donc je me sentais capable de réaliser le film. Je pouvais filmer en patinant, ce qui était un grand avantage. Mais en même temps, pour tenir la caméra, il faut être vraiment stabilisé. C’était très dur. Pour y arriver, j’ai dû beaucoup m’entraîner et avoir, aussi, un bon sens du tournage.

A propos du film

Takuya (Keitatsu Koshiyama) est un jeune garçon timide, affligé d’un bégaiement persistant. Malheureux de ne pas être bon hockeyeur sur glace, le voici relégué dans la cage de gardien de but. C’est à la patinoire qu’il fait la connaissance de Sakura (Kiara Nakanishi), une jeune patineuse artistique talentueuse. Il se laisse fasciner par elle. Le coach de Sakura (Sosuke Ikematsu), un ancien champion international installé sur l’île d’Hokkaïdo par amour pour son conjoint, a l’idée d’entraîner Takuya et Sakura en vue d’une compétition nationale.

Comment s’est fait le casting?

C’était assez difficile de rencontrer les bonnes personnes car elles devaient pouvoir patiner. Heureusement, nous avons pu trouver assez facilement Takuya, le protagoniste masculin. Pour ce qui concerne l’interprète de Sakura, nous n’avions trouvé personne par le biais d’une agence de casting, alors nous avons lancé des avis de recherche via des flyers que nous avons distribués dans plusieurs patinoires japonaises. Kiara Nakanishi est venue à nous parmi de nombreuses autres candidates. C’est sa première expérience d’actrice.

Sakura est choquée en voyant un couple gay. Pour quelles raisons?

Sakura admirait son entraîneur, Arakawa, mais elle l’a vu accompagné et proche de quelqu’un qui lui paraissait plus important qu’elle. C’était un grand choc parce qu’elle est encore une enfant. Sakura pouvait être très douce, mais en même temps très violente et très sévère à propos de ce qu’elle voyait. Elle ne savait pas comment exprimer son sentiment de ne pas être aimée par son entraîneur. Elle était jalouse. Comme elle était si jeune pour exprimer ses émotions correctement, elle ne pouvait qu’être choquée, voire dégoûtée face à ce genre de situation.

Le cinéaste Hiroshi Okuyama comme lauréat du „Stockholm International Film Festival“ en 2018
Le cinéaste Hiroshi Okuyama comme lauréat du „Stockholm International Film Festival“ en 2018 Source: Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International 

Comment l’homosexualité est-elle perçue dans votre pays?

Au Japon, les couples de même sexe ne peuvent pas se marier. C’est un sujet dont on parle beaucoup, aujourd’hui. Des débats sont en cours pour faire passer la loi en faveur du mariage homosexuel. Mais en fait, beaucoup de couples de même sexe ont des enfants et sont considérés comme une famille. Donc même si le mariage n’est pas encore autorisé, les couples homosexuels ne sont pas considérés comme un sujet tabou au Japon.

Pourquoi avez-vous choisi „Clair de lune“ de Claude Debussy comme thème musical?

C’est une musique magnifique, très connue au Japon et dans le monde entier. Je l’ai utilisée parce qu’elle est un des morceaux classiques en patinage artistique. Elle correspondait aussi à l’image de Sakura, la protagoniste. Voilà pourquoi „Claire de lune“ m’est venu à l’esprit.

Vous êtes très jeune. Quel est votre parcours cinématographique?

Je voulais devenir réalisateur quand j’étais au lycée. Mais, ensuite, j’ai étudié à l’université, sans vraiment me spécialiser dans le cinéma. Parallèlement à mes études universitaires, j’ai suivi des cours dans une école professionnelle de cinématographie appelée „Tokyo Movies Professional School“. C’est là que j’ai appris à faire des films. J’ai réalisé mon premier film „Jésus“ en 2018.

„Sunshine“ aborde l’enfance. Quels sont les films qui vous auraient inspiré?

„Kes“ de Ken Loach (1970), „Billy Elliot“ de Stephan Dandry (2000), „Les 400 coups“ de François Truffaut. Et, bien-sûr, les films de Hirokazu Koreeda.

„My Sunshine“ d’Hiroshi Okuyama. Avec Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi, Sosuke Ikematsu. En salles au Luxembourg à partir du 30 avril.