FranceQuel gouvernement, avec quelle majorité, et pour quelle politique?

France / Quel gouvernement, avec quelle majorité, et pour quelle politique?
Jean-Luc Mélenchon semble être loin de la majorité dont il rêve pour s’installer à Matignon en premier ministre de cohabitation Photo: AFP/Pascal Guyot

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Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron s’est achevé hier soir à minuit, ce qui ne l’empêche évidemment pas de demeurer à l’Elysée puisqu’il y a été réélu. La veille à Matignon, Jean Castex avait offert un dîner d’adieu à l’ensemble du gouvernement sans préciser qui aurait la charge, homme ou femme, de lui succéder comme premier ministre.

Quelque trois semaines après le second tour de l’élection présidentielle, au verdict pourtant net, et à moins d’un mois du premier tour des élections législatives, l’atmosphère politique française a décidément quelque chose d’étrange. Non que l’on puisse parler de vacance du pouvoir: le président de la République est toujours là, et, quoiqu’en sursis, le gouvernement aussi. A commencer, théoriquement, par son chef, qui semble pourtant déjà reparti, tel Cincinnatus à sa charrue, pour sa bonne ville de Prades, dans les Pyrénées. Mais tout semble suspendu à la nomination d’une nouvelle équipe ministérielle, puis à ce scrutin qui dessinera les contours de la nouvelle majorité, et donc, dans une certaine mesure au moins, ceux d’une nouvelle politique.

Ces derniers jours, Emmanuel Macron a donné l’image d’une sorte d’homme-orchestre politique qui, à vouloir tout faire – diriger la majorité dans la perspective des élections de juin, trouver un nouveau premier ministre, gérer les dossiers en cours, essayer de garder le contact avec Poutine – risquait fort, non pas de tout rater, mais du moins de ne rien vraiment réussir. Or la gestion de la majorité parlementaire sortante, justement, est par excellence, en ce moment, une tâche ardue. Et les problèmes du présent comme les controverses sur l’avenir s’accumulent, au point de donner l’impression qu’en ce moment, la seule chose qui avance dans la vie publique française, ce sont les querelles.

Il y a, bien sûr, la distribution des investitures, mais aussi la question de voir à quels opposants modérés et „macron-compatibles“ le parti présidentiel, rebaptisé Renaissance, pourrait ne pas opposer d’adversaire dans leur circonscription, dans l’espoir de les attirer dans le bercail de la prochaine majorité gouvernementale. On sait déjà que ce sera notamment le cas de Damien Abad, président du groupe des Républicains dans l’Assemblée nationale sortante. Mais d’autres candidats de gauche, eux aussi modérés, pourraient faire l’objet d’un même clin d’œil …

Dissidents et transfuges

A gauche justement, l’alliance électorale dirigée par Jean-Luc Mélenchon et regroupant, outre La France Insoumise, le PS, le PCF et les Verts, continue de connaître quelques secousses. Notamment avec l’éclosion de candidatures dissidentes d’élus sortants qui, au PS en particulier, mais pas seulement, comprennent mal que l’état-major mélenchoniste puisse imposer face à eux d’autres candidats localement inconnus et parfois d’un extrémisme voué à l’échec. Le fait que les socialistes puissent être éliminés, sans avoir le droit de combattre dans les urnes, de grandes villes et de départements entiers, exaspère beaucoup de militants.

Mais l’atmosphère n’est pas beaucoup plus sereine à droite, où les opposants „purs et durs“ surveillent d’un œil peu amène les „transfuges“ potentiels, autrement dit ceux de leurs collègues qui pourraient se laisser attirer par le chant des sirènes macronistes – une quinzaine, dit-on. Le débat se complique du fait que le parti des Républicains s’apprête à changer de direction, et que là aussi les tendances s’affrontent. Cela dit, on se console, chez LR, en constatant que les premiers sondages ne leur prédisent pas un désastre législatif de l’ampleur de leur débâcle présidentielle: il pourrait sauver quelque 70 sièges sur les 100 dont ils disposaient jusqu’à présent.

Des sondages qui laissent par ailleurs augurer – mais à un mois du premier tour, on ne peut qu’être prudent – que la majorité macroniste sortante devrait le rester dans la nouvelle assemblée, où la gauche, de son côté, marquera certainement des points. Mais sans atteindre, et de loin semble-t-il à ce stade, la majorité dont rêve M. Mélenchon pour s’installer à Matignon en premier ministre de cohabitation. Quant à l’abstention, elle reste la grande interrogation des deux tours des 12 et 19 juin.