Mittwoch29. Oktober 2025

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ForumProlongation des heures d’ouvertures: à quel prix?

Forum / Prolongation des heures d’ouvertures: à quel prix?
 Photo: Editpress/Julien Garroy

A première vue, le débat lancé sur la libéralisation des horaires d’ouverture dans le secteur du commerce peut sembler positif. Il correspond à l’air du temps d’une société de consommation où tout doit être disponible à tout moment – selon le principe: „J’obtiens ce que je veux, quand et où je veux.“

Le projet de loi du gouvernement CSV-DP prévoit que les commerces pourront ouvrir à l’avenir huit heures le dimanche au lieu de quatre actuellement et ceci sans qu’il soit nécessaire de négocier une convention collective. De plus, pendant la semaine, le travail de nuit sera autorisé dans le commerce jusqu’à 22 h, ce qui voudrait dire que les commerces pourront ouvrir en semaine 17 heures par jour et devront dans certains cas doubler leur effectif, un scénario fortement irréaliste pour les petites et moyennes entreprises. Ces mesures sont présentées comme une flexibilisation nécessaire pour la compétitivité du secteur et du pays.

Mais la proposition gouvernementale risque d’être bien plus qu’une simple commodité supplémentaire dans le mode de vie de beaucoup: elle pourrait avoir des conséquences négatives profondes sur les travailleurs concernés et ouvrir une véritable boîte de Pandore sociale. Ce qui est actuellement présenté comme une flexibilisation des horaires de travail pourrait bientôt conduire à d’autres exigences: des heures de travail nocturnes prolongées, la suppression des majorations du dimanche – où trace-t-on la limite?

En outre, la proposition gouvernementale ignore royalement les conséquences sociales qu’une telle libéralisation entraîne pour les salariés concernés et n’est pas la réponse nécessaire pour le secteur du commerce à la concurrence digitale et déloyale.

Les conséquences pour les salariés

Un coup d’œil aux résultats de l’étude du Liser (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) de 20181) montre clairement que la majorité des travailleurs et travailleuses n’appuie pas cette libéralisation. Parmi ceux et celles qui doivent travailler tard le soir, seulement 1,61% sont favorables à une levée complète des restrictions horaires. Même parmi ceux qui bénéficient déjà d’horaires plus flexibles, ils ne sont que 7,46%.2) Plus de 90% des employés du commerce rejettent donc une flexibilisation accrue, comme d’ailleurs proposée par le gouvernement.

La situation est particulièrement critique en ce qui concerne le travail dominical. Selon l’étude, 60,10% des travailleurs du commerce travaillent le dimanche, alors que bien 8 sur 10 préfèreraient travailler un autre jour de la semaine.3) Les personnes les plus concernées sont les femmes, les personnes francophones et les employés des grandes entreprises.4) La motivation principale est pour la majorité l’incitation financière – une majoration de 70% le dimanche.5) Cependant 45% d’entre eux déclarent travailler le dimanche par crainte de perdre leur emploi.6) La pression sur les employés est immense et risque encore d’augmenter dans le contexte économique actuel.

L’étude montre aussi que les répercussions sur la satisfaction dans la vie professionnelle sont significatives: alors qu’en moyenne 56% des employés sont satisfaits de leur vie professionnelle, ce chiffre tombe à 45% chez ceux et celles qui travaillent le dimanche.7)

Ces chiffres montrent que le travail dominical affecte considérablement la qualité de vie.

Les conséquences négatives de cette proposition gouvernementale sur la vie familiale et l’éducation des enfants sont importantes. Selon l’étude du Liser de 2018, plus que la moitié des salariés qui travaillent le dimanche ont des enfants à charge. Cela signifie que de nombreux parents perdent un temps précieux avec leurs enfants, essentiel pour le lien affectif et une éducation stable, et ne peuvent ni assister aux compétitions dominicales sportives ou culturelles de leurs enfants, ni profiter d’une journée collectivement plus calme pour passer du temps en famille. Les parents monoparentaux, souvent déjà lourdement chargés, sont particulièrement touchés par cette réforme et doivent organiser une mesure de garde supplémentaire pour le dimanche.

Il en va de même pour le travail de nuit. L’étude du Liser de 2018 montre qu’un tiers des employés travaillant après 18 h sont moins satisfaits de leur vie que ceux qui ne travaillent pas le soir.8) Pour beaucoup, travailler la nuit n’est pas un choix volontaire. Quatre personnes sur dix concernés déclarent travailler le soir par peur de perdre leur emploi.9)

Ces aspects mériteraient une attention particulière dans ce projet de réforme gouvernemental, mais le gouvernement ignore royalement l’étude du Liser de 2018 et se cache derrière un Arrêt de la Cour constitutionnelle du 17 mars 2017 pour légitimer la nécessité de sa réforme. Même si la nécessité (juridique) d’une réforme n’est pas questionné, il faut fortement questionner la réforme gouvernementale.

Le dimanche est traditionnellement le jour où beaucoup de gens participent à des activités associatives, font du bénévolat ou passent du temps en famille. Une extension des heures d’ouverture empiète sur ces structures et affaiblit la cohésion sociale. De nombreux clubs et associations se plaignent déjà d’un déclin de l’engagement bénévole – une tendance qui pourrait être exacerbée par la flexibilisation croissante des horaires de travail dans le commerce.

Or, la réforme ne risque pas seulement d’avoir des répercussions néfastes pour les salariés concernés, le bénévolat et la société en général, mais la prolongation des heures d’ouvertures n’est pas non plus une solution miracle afin que le commerce luxembourgeois puisse rester compétitif en vertu d’une concurrence internationale digitale et parfois déloyale.

Go digital et rétablir une concurrence loyale

D’un point de vue économique, la question se pose également de savoir si l’élargissement des horaires d’ouverture apporte réellement une valeur ajoutée, surtout pour les petits et moyens commerces, lesquels devront augmenter sensiblement leurs effectifs. Les petits commerces, en particulier, sont sous pression à cause de „l’obligation“ d’ouvrir le dimanche. Pendant la période de Noël et les soldes de janvier, de nombreux magasins à Luxembourg-Ville sont ouverts le dimanche – mais les effets positifs escomptés ne se sont pas toujours matérialisés. Au lieu de cela, la pression s’est accrue sur les petits commerces, qui ne peuvent ni rivaliser avec les grandes chaînes, ni non plus avec les revendeurs digitaux.

La réponse à la concurrence digitale doit être une présence digitale des petites et moyennes entreprises luxembourgeoises sur le site luxembourgeois Letzshop (lequel devrait être développé d’avantage), ce qui serait une solution plus rentable pour le commerçant et au niveau sociétal plus digestible.

En outre, on ne peut plus ignorer le site digital chinois TEMU, offrant des produits parfois même falsifiés à des prix dérisoires en outrepassant les tarifs douaniers, lequel est en train de submerger l’Europe avec ses „produits“. Au niveau européen, le gouvernement luxembourgeois doit aussi défendre le commerce luxembourgeois, en plaidant pour une interdiction de TEMU, si le site ne respecterait pas les règles européennes.

Une politique économique durable doit tenir compte à la fois des besoins de l’économie et de ceux des travailleurs. Au lieu d’horaires d’ouverture toujours plus longs, il faut des mesures favorisant la conciliation entre vie professionnelle et vie privée, soutenant les familles en améliorant la qualité de vie des employés et en soutenant les petits et moyens commerces.

Les propositions actuelles du gouvernement CSV-DP vont pourtant dans le sens opposé: elles renforcent à première vu les intérêts des employeurs, ignorent les besoins sociaux des travailleurs et n’apportent aucune réponse aux vrais défis du commerce.


Max Leners, Maxime Miltgen et Ben Streff sont membres du LSAP.


1) Ludivine Martin, Rapport relatif à l’évaluation de l’impact des heures d’ouverture dans le commerce de détail à destination du Ministère de l’Economie: Principaux résultats de la consultation menée auprès des Employés, Liser, 2018.

2) Ibidem., p. 83.

3) Ibid., p. 12.

4) Ibid., p. 12-13.

5) Code du travail Art. L-231-7(2).

6) Ludivine Martin, op. cit., p. 35.

7) Ibid., p. 32.

8) Ibid., p. 81.

9) Ibid., p. 84.

Grober J-P.
18. Januar 2025 - 11.25

"Letzshop (lequel devrait être développé d’avantage), "
An kee këmmert séch drëm. Hun bis elo 7 Mol probéiert op dem Site eppes ze fannen. 1 Mol mat Erfolleg, Strëmp fir den Wanter! :-)
Dürfteg, den Rescht alles beim Bezos?