Mittwoch12. November 2025

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MusiquePortrait de Jess Glynne, en concert ce soir 26 novembre à l’Atelier

Musique / Portrait de Jess Glynne, en concert ce soir 26 novembre à l’Atelier
Jess Glynne se produira au Luxembourg ce soir Photo: Cal Holman, CC BY 2.0

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Propulsée il y a dix ans par „My Love“ avec Route 94 et „Rather Be“ avec Clean Bandit, Jess Glynne trace depuis sa route en solo avec succès. Au point d’être devenue l’une des chanteuses les plus célèbres d’Angleterre. Elle est en concert ce soir à l’Atelier. Focus.

En 2011, Amy Winehouse est partie rejoindre le fameux „club des 27“, composé, entre autres, de Jim Morrison, Janis Joplin et Kurt Cobain. Ce n’est, évidemment, pas cette mort prématurée qui lui vaut son statut d’icône, mais bien, de son vivant, sa voix, son aura, sa classe, son magnétisme: elle était – et reste – une diva rock’n’roll. Amy Winehouse a gravé son nom sur l’arbre généalogique des grandes chanteuses, aux côtés de Dinah Washington et Sarah Vaughan, qui sont, par ailleurs, à la racine de sa soul. Cette année, avec le biopic „Back To Black“ (Sam Taylor-Johnson), Amy est revenue, (ré)incarnée par Marisa Abela. Mais surtout, la chanteuse à l’eye-liner qui s’étend sur le coin des yeux a laissé, à son tour, des filles spirituelles. Les branches ne vont cesser de s’accroître. Une chanteuse „Amy-friendly“? Jessica Glynne. La star anglaise le reconnaît, il s’agit de son influence principale: il y a aussi Aretha Franklin et Etta James, ou, du côté des interprètes contemporaines, Beyoncé et Adele. Mais, tout de même, c’est d’abord Amy Winehouse qui saute aux oreilles en l’écoutant. Il y a pire compliment.

À l’instar d’Amy Winehouse, Jess Glynne grandit dans les quartiers nord de Londres. Mais la comparaison s’arrête là. Au niveau du mode de vie, Jess Glynne clarifie sa voix à l’eau – elle se décrit, à ce propos, comme une „bad rock’n’roller“. Pour rester dans la thématique liquide, avant de signer chez Atlantic Records, le prestigieux label de jazz/soul/r&b, Jess Glynne travaille pour une entreprise de boissons. Pour finir avec les parallèles entre Amy Winehouse et Jess Glynne, cette dernière rappelle que si la chanteuse de „Rehab“ a eu le tragique destin qu’on lui connaît, c’est dû à une partie, toxique, de son entourage. Cela dit, en musique ce n’était pas le cas – voir son travail avec Salaam Remi ou Mark Ronson. Jess Glynne aussi sait s’entourer, que cela soit, dans la production, avec Stuart David Price (Madonna, Kylie Minogue) ou P2J (Beyoncé, FKA Twigs). Sans oublier ses collaborations, avec Route 94 et Clean Bandit.

De Jessica Glynne à „Jess“

En 2014, Route 94 fait appel à Jessica Glynne pour vocaliser „My Love“, son premier single. Un bonbon nostalgique. Un hit deep house énorme. Même ceux qui ne connaissent pas la chanson la connaissent: „My love and my touch/Up above, made with the warmth of my …“. Ils l’ont „vu“ également: tourné en infrarouge, le clip comptabilise, à cette heure, plus de cinq-cent millions de spectateurs. Alors quasi inconnue, Glynne se faufile derrière le beat percutant et le piano grisant de „My Love“. Le groupe Clean Bandit la sollicite à son tour. „Rather Be“ cartonne et représente une base impeccable pour la voix de Jess Glynne, qui possède ce que l’on appelle communément „du caractère“, pour dire „de la personnalité“, sinon de la singularité. On croit alors tenir l’Amy Winehouse électro, la nouvelle voix soul de la house music – rappelons que la house est, à l’origine, de la soul électronique marquée par de grands timbres, de Marshall Jefferson („Move Your Body“) à Joe Smooth („Promised Land“). En Angleterre, „Rather Be“ est alors le morceau le plus streamé de l’année 2014. Ce n’est pas fini: un an après, il remporte un Grammy Award du meilleur enregistrement dance.

Autrice-compositrice-interprète, la Britannique n’a donc pas eu le temps d’être un simple „feat“; il y a vraiment de quoi la prendre au sérieux

Il n’en faut pas davantage – car c’est déjà énorme – pour qu’en 2015, Jess Glynne sorte son album solo, „I Cry When I Laugh“. Grace Jones chantait „Cry Now, Laugh Later“; avec Glynne, l’hilarité provoquerait les pleurs. Autrice-compositrice-interprète, la Britannique n’a donc pas eu le temps d’être un simple „feat“; il y a vraiment de quoi la prendre au sérieux. Emportées dans un tourbillon gospel moderne, les chansons, souvent construites sur une base de piano, frappent par leur sens de la narration, en plus de la puissance de leur interprétation. La voix est affirmée, solide, ce qui ne l’empêche pas d’être tremblante, donc vulnérable; c’est l’âme, la soul, qui parle. Ses pop songs ne sont pas des bonbons ou, comme on dit, de la „pop bubblegum“; la saveur ne s’évapore pas. Non, il ne s’agit pas d’un one hot, contrairement au clip de „Take Me Home“, un plan fixe sur la chanteuse réalisé en une seule prise. Ladite voix puissante recolle les morceaux – les morceaux de cœur brisé. Il y a le tunnel et, au bout, la lumière, avec „Don’t Be So Hard On Yourself“, soit une mélopée au piano, complétée par des envolées de violons; c’est presque de la house, mais pour danser assis. Néanmoins, sur „Saddest Vanilla“, en duo avec Emili Sandé, les cœurs se brisent dans un glacier.

Il est question de fêlure aussi avec „Broken“ dans „Always in Beetween“ (2018), un deuxième album qui se pose comme une glace – dans le sens de miroir – du premier. Gorgé de cuivres, à cheval entre l’euphorie de la dance et la descente dépressive, le disque contient encore des ballades (l’acoustique „Insecurities“), mais aussi des passages bondissants („All I Am“). Dans ce cas précis, on peut alors inverser le titre de son opus „I Cry When I Laugh“, pour dire que Jess Glynne peut aussi rire quand elle pleure. L’artiste a de quoi, en tout cas, être heureuse de son succès: son second disque est bien placé dans les charts alors que son premier, sorti trois ans avant, y figure encore. Elle se trouve même dans le livre des records de l’histoire de la pop: sept de ses singles ont été numéro un, ce qui fait un total plus élevé que n’importe quelle autre artiste anglaise. Jess Glynne est revenue cette année, avec un album sobrement intitulé „Jess“; il lui a fallu deux disques pour que l’artiste se trouve? Non, ce n’est pas l’interprétation juste: Jess Glynn est maintenant „Jess“ en ce qu’elle est familière du grand public; autrement dit, lorsqu’on parle de „Jess“ on sait de qui il s’agit – comme Janis ou Amy.

Jess Glynne à l’Atelier

Ce soir, 26 novembre à partir de 19h à l’Atelier à Luxembourg-ville. Plus d’informations: www.atelier.lu