Dans son immense et lumineux studio, à Wedding, Catherine Lorent dessine à l’encre de chine, peint des toiles immenses, conçoit et crée ses installations, plonge dans ses recherches, répète et compose sa musique. L’artiste luxembourgeoise a élu domicile dans la capitale allemande il y a près de dix-huit ans: „Je n’ai pas oublié la raison pour laquelle je suis venue à Berlin: j’avais besoin d’un espace pour créer, et d’échanges. J’ai connu les différentes étapes de la ville. Je me souviens des avions qui passaient par Tegel … Il y a des endroits et éléments de Berlin qui sont nostalgiques ou même romantiques. Ils ne font pas partie du parcours habituel des touristes. On trouve ici une grande variété de passe-temps, d’endroits dans lesquels on peut s’échapper, s’évader. Il y a toujours un côté hédoniste, quelque chose de Babylone. Aujourd’hui, je ne fais plus si souvent la fête, mais cela m’apaise de savoir que la possibilité est là. Et puis l’histoire de Berlin m’a toujours fascinée.“
L’histoire: une source d’inspiration
Docteure en histoire de l’art, Lorent a mené une thèse sur le Troisième Reich et la politique des arts au Luxembourg. Son métier de chercheuse influence et nourrit la façon qu’elle a d’appréhender la ville, et d’y trouver inspiration. „Il y a des endroits que j’adore, comme le lac Plötzensee. C’est un lieu historique qui offre un contraste saisissant. C’est un locus amoenus, un lieu idyllique, mais il abritait aussi un des grands sites historiques du Troisième Reich, et aujourd’hui il se trouve également une prison, non loin du lac. C’est donc à la fois un Gedenkstätte, un lieu de mémoire, mais également un lieu de loisirs avec une sorte de plage où se produisent des concerts de garage par la Beatorganization, l’été. Et puis il y a un vieux café avec quelques planches, on peut y louer des bateaux. Ce contraste me plaît beaucoup, c’est un peu délirant. Et si on y passe du temps, on s’en imprègne. J’ai fait une œuvre en 2015, une série de Seestücke, des marines que je peins. Avec le jeu de mot autour de ‚See’, qui veut dire ‚voir’ en allemand, mais également ‚lac’. Un des tableaux représentait ce lac, le Plötzensee. J’avais fait une étude de personnes sur la petite plage qui s’appelait ‚Shrimps and Clams’ – Crevettes et palourdes!“
Portrait de l’artiste en rockeuse
La peinture de Catherine Lorent est riche de nombreux motifs qui se répètent d’une toile à l’autre, comme par exemple son fameux poing avec pouce, index et auriculaire levés, symbole rock par excellence. „Cette image du poing, c’est le métal, le rock, mais c’est aussi pour moi comme une façon d’organiser mes émotions de vie, ‚Organisation des Lebensgefühls’. C’est quelque chose de très intrinsèque, d’intuitif et d’onirique. C’est la même intention que l’expression ‚rock the shit’ que j’ai commencé à introduire dans certaines de mes œuvres, dès 2009 ou 2010. Cette expression ‚Rock dee Schäiss!’ est une sorte de cri, mais pas négatif, au contraire: c’est une façon d’avancer, de se montrer résiliente. De déplacer des montagnes, de sortir de son coquillage. C’est l’idée de ‚no risk, no fun’. En art, il faut parfois sortir de sa zone de confort, et rester en dehors de cette zone un certain moment. Et l’idée de ‚rock the shit’ peut être une motivation. Mais elle n’est pas seulement destinée à soi-même. Elle peut être quelque chose d’inspirant, d’entraînant, une forme d’enthousiasme qu’on partage et qui se répand autour de soi.“
En art, il faut parfois sortir de sa zone de confort, et rester en dehors de cette zone un certain moment. Et l’idée de ‚rock the shit’ peut être une motivation. Mais elle n’est pas seulement destinée à soi-même. Elle peut être quelque chose d’inspirant, d’entraînant, une forme d’enthousiasme qu’on partage et qui se répand autour de soi.
On pourra admirer ce poing rockeur plutôt que vengeur dans l’une des toiles („Fake Fire II“, encre de chine, aquarelle et gouache sur papier) qu’exposera Lorent lors de la Luxembourg Art Week, du 22 au 24 novembre, avec le projet commun „Transitus Immobilis“. Initié par Lorent et Serge Ecker en 2018, ce „laboratoire itinérant“ avait été inauguré en 2018 lors de la Wiener Art Foundation à Vienne. Cette année, Eckert et Lorent ont invité les artistes Claudia Passeri et Trixi Weiss à prendre part à cette „sculpture sociale occidentale“. De toutes ses œuvres, celle dans laquelle Lorent se reconnaît le plus est „Nude Explorer“, une forme d’auto-portrait dans lequel une femme brune, de face, est entièrement nue, la poitrine et le sexe masqués par des guitares électriques sur lesquelles elle joue ou qui semblent faire partie de son corps. „L’idée, c’était de se mettre à nu, mais au lieu de représenter une belle fille en bikini, j’avais envie de quelque chose qui soit plus Riot Girl, plus Left-Handed Amazone. Cette image d’une femme-musique m’a toujours inspirée, elle me suit depuis que je suis très jeune. Elle contraste aussi avec les représentations qu’on a des hommes dans le rock, qui ont toujours le corps, le torse nu, alors que les femmes … à part Peaches!“
Œuvre d’art totale
Également chanteuse, batteuse et guitariste, membre fondatrice des groupes, Hannelore et Gran Horno avec lesquels elle se produit régulièrement, Lorent, en artiste complète, nourrit son art visuel de sa passion musicale, et inversement. En 2013, elle représente le Luxembourg lors de la Biennale de Venise avec l’installation „Relegation“: „C’était une sorte de parcours, un Gesamtkunstwerk, une œuvre d’art totale. Avec l’approbation de Gibson Guitar, j’avais construit treize Gibson Explorers qui flottaient partout – aux murs et aux plafonds, en relation avec des œuvres monumentales sur papier. L’ensemble de cette pièce était comme un organe. Toutes les trois pièces, il y avait un piano à queue, et tout était lié par un système d’archets électroniques, comme une sorte de drone. Sur les cordes des guitares, l’archet électronique créait un champ magnétique, lequel produisait un son. Même chose sur les pianos à queue, sur leur partie médiane. Le tout était contrôlé par une interface que j’ai développée avec Christian Neyens, l’ingénieur du son. Et nous avions disposé des capteurs, de façon à ce que les gens qui se déplacent dans l’espace déclenchent ces champs magnétiques et produisent des sons. Le concept de ‚Relegation’, c’était d’être relégué dans cet univers et de déclencher toute l’installation in situ, en la traversant.“
À l’occasion des dix ans de l’installation, Catherine Lorent se produit au festival „Heroines of Sounds“ en 2023, au Radial System à Berlin, et sortira prochainement son album vinyle „Relegation Sounds“, sur la face A duquel se trouvent les sons qui furent créés par les spectateurs lors de l’installation. À cela s’ajoutent les performances de musique nouvelle dans lesquelles Catherine Lorent joue notamment de l’archet électronique sur grand piano, en compagnie de Nataša Grujović, accordéoniste, et de Martin Eder, guitariste.
Majesté minimaliste et mélodieuse des pianos à queue, enregistrée dans l’acoustique si particulière du pavillon de Luxembourg qui accueillait l’installation, mais également morceaux de métal et de musique nouvelle et expérimentale. „Cet album est une rencontre de sphères musicales. Mon idée était de créer une sorte de contraste et de constellation à partir de l’atmosphère du lieu. Une recherche dans le son, qui permette de créer une atmosphère unique, en fonction et à partir des fréquences, dans ce lieu unique qui existe, caché dans une cour, depuis le XVIIIᵉ siècle, comme une capsule temporelle …“ Un album à l’image de Catherine Lorent – protéiforme, éclectique et infiniment original.
 
		    		 De Maart
                    De Maart
                 
                               
                           
                           
                           
                           
                           
                          
@ Pin Mac: Da sot eis emol, wat dir zur Mënschheet bäigedroen hutt ausser e puer Sazzeechen 😅
Künstler...?????.
Konscht.....????
Sorry, .....mee Menschheet ass um verblöden.