Mittwoch5. November 2025

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FrancePas pour „faire le plein“: en pleine crise énergétique Macron entame une visite délicate en Algérie

France / Pas pour „faire le plein“: en pleine crise énergétique Macron entame une visite délicate en Algérie
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune veut profiter des prix élevés de l’énergie pour décrocher de gros contrats et des projets d’investissement, comme il l’a déjà fait avec l’Italie et la Turquie photo: AFP/Andreas Solari

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Le président Macron entame ce jeudi une visite officielle de trois jours en Algérie, à l’invitation de son homologue Abdelmadjid Tebboune.

Il ne devait à l’origine s’agir que d’une entrevue d’une journée au départ du fort de Brégançon, où le président français Emmanuel Macron passait ses vacances; mais le pouvoir algérien a insisté pour en faire une vraie visite, avec des discussions de fond, et son hôte français s’y est très volontiers plié.

„Vers l’Orient compliqué, je m’envolai avec des idées simples“, écrit de Gaulle dans ses Mémoires à propos de son départ pour l’Armée du Levant en 1929. Vers une Algérie qui a, elle aussi, ses complexités, tout particulièrement dans ses rapports avec l’ancien colonisateur français, l’homme de l’Elysée – qui avait envie de s’y rendre, dit-on dans son entourage, depuis les débuts de son premier quinquennat – gagnera à se défier à son tour des „idées simples“.

Et cela d’autant plus qu’Alger compte certes recevoir son visiteur d’outre-Méditerranée avec tous les honneurs protocolaires, mais aussi en cherchant à bien montrer aux autres pays du Maghreb que c’est la France qui est fortement demandeuse d’une relance des relations bilatérales, et que l’Algérie reste, dans la région, son interlocutrice principale. Souci d’autant plus affirmé que ces temps derniers, en raison de la réduction du nombre de visas accordés par Paris, les relations franco-marocaines se sont sensiblement détériorées.

On insiste du côté français sur le fait que M. Macron ne se rend pas à Alger pour „faire le plein“ (d’hydrocarbures, bien sûr) face à la crise pétrolière et surtout gazière suscitée par l’invasion de l’Ukraine et les sanctions qu’elle a entraînées contre la Russie. D’ailleurs, le géant français Total est revenu en force en Algérie le mois dernier, en signant avec la Sonatrach algérienne, l’italien ENI et l’américain Occidental Petroleum, à hauteur de quatre milliards de dollars, un contrat de partage de production pétrolière et gazière concernant un site du sud-est. Etant entendu qu’on voit mal comment il ne pourrait pas, tout de même, en être question …

Mais on se montre conscient à Paris que si les aléas de la situation énergétique internationale ont redonné à l’Algérie une importance majeure, cette dernière cherche aussi à exister sur la scène internationale autrement que comme une sorte de station-service géante courtisée par des puissances occidentales en manque de carburant, et de surcroît fidèle alliée de … la Russie, ce qui n’a pas très bonne presse par les temps qui courent.

Reste qu’Emmanuel Macron, s’il arrive à Alger en interlocuteur de bonne volonté, convaincu que son interlocuteur est un homme avec lequel il peut débattre utilement et sans trop de tabous, ne nourrit guère d’illusions sur la nature profonde du système algérien, dont le président Tebboune ne serait pour lui que le paravent honorable. Un système qui, selon l’Elysée, vit de deux rentes: économiquement, celle du pétrole et du gaz, pour le plus grand bénéfice de ses dirigeants; politiquement, vis-à-vis de la France et de la guerre d’indépendance, la „rente mémorielle“, comme l’a qualifiée le chef de l’Etat français lors d’un entretien avec de jeunes binationaux en octobre 2021.

Et la Russie?

Quant aux restrictions de visas pour les Maghrébins (moins 50% pour l’Algérie et le Maroc, moins 30% pour la Tunisie), elles avaient pour but de contraindre ces pays à reprendre leurs ressortissants expulsés de France. L’Algérie s’y est pliée, mais avec un évident mécontentement, qui s’était notamment traduit par le rappel de son ambassadeur en consultation et l’interdiction faite aux forces françaises engagées au Sahel dans la lutte antiterroriste de survoler son territoire.

C’est à cette période tendue que le président français compte mettre fin, lui qui évoque souvent, en privé, la „guerre sans nom“ qui continuerait d’opposer les deux pays, alors qu’il n’avait pas hésité en février 2017 – c’était juste avant sa première élection à l’Elysée – à qualifier à la télévision algérienne la colonisation française de „crime contre l’humanité“. Il sait que ses hôtes ont soif de reconnaissance internationale, mais aussi de petits gestes.

Sur ce second point, le retour à des normes plus larges d’attribution des visas pourrait être bien perçu. Quant au premier, c’est sans doute lors des discussions sur la situation au Sahel, région où l’Algérie n’est pas sans pouvoir d’influence, que celle-ci pourra jouer le rôle diplomatique auquel elle aspire. Mais la présence croissante, au Mali notamment, de son puissant allié russe, directement ou par milices Wagner interposées, pourra-t-elle être évoquée aussi librement qu’il sied à deux Etats qui cherchent à renouer le dialogue?