Partage d’intérêts: les espaces de coworking gagnent toujours plus de terrain

Partage d’intérêts: les espaces de coworking gagnent toujours plus de terrain
L’espace de coworking Regus Oksigen au Kirchberg court sur 1.925 mètres carrés Photo: Editpress/Tania Feller

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Indispensables pour les uns, sûrs pour les autres, les espaces de coworking sont en plein boom. Ils recouvrent toutefois des stratégies très diverses, sinon contradictoires.

Il y a presque autant de raisons de chercher un bureau qu’il y en a d’opter pour un espace de travail partagé.  Derrière le choix de ce dernier, se cache toujours l‘objectif de faire des économies d‘échelle sur un marché de l‘immobilier hors de prix. Les indépendants forment ainsi un public de choix. Pour bon nombre d‘entre eux, le bureau partagé est la seule alternative financièrement viable au travail à domicile. Ils peuvent également plus facilement y développer un réseau et des opportunités économiques.

Lorsqu‘ils ont cofondé le Bamhaus en 2014, Ben Barnich et Christian Muno, avaient l‘idée de partager les locaux loués sur l‘ancien site sidérurgique d‘ArcelorMittal à Dommeldange, mais pas avec n‘importe qui. L‘idée était d‘attirer des indépendants et leur savoir-faire pour proposer toute la chaîne de production audiovisuelle. Puis, dans un second temps, à mesure que les lieux grandissaient, daccueillir des gens tout aussi intéressants apportant une plus-value en termes tant de savoir-faire mais aussi  de participation à la communauté.

Depuis le début, le Bamhaus avait aussi une ambition urbanistique, de revalorisation d‘une friche, et avec elle d‘un quartier. Les deux cofondateurs n‘ont ainsi jamais abandonné l‘idéal de réduire au minimum les espaces personnels pour pouvoir proposer une place à des prix raisonnables au plus grand nombre (250 euros hors taxe). „Un des premiers grands problèmes est toujours de trouver un bureau et de pouvoir payer le loyer“, rappelle Christian Muno.  

Paladium, plus qu‘un espace

Photo: Editpress/François Aussems

Fernanda Melo, manager de l’espace de coworking Paladium à Bonnevoie

Ouvert depuis mai dernier, l‘espace Paladium à Bonnevoie offre lui aussi des prix défiant toute concurrence, en direction des start-up et des indépendants. A commencer par l‘unique mois de caution, suivi ensuite de bureaux privatifs qui se négocient en dessous des mille euros et un espace partagé utilisable pour 300 euros par mois. Paladium propose aussi une formule encore plus flexible et moins chère, de sept jours  dans le mois, avec la possibilité là aussi de réserver une salle de réunion, de faire des photocopies et d‘utiliser la cuisine.

Le groupe Synergie a ainsi ouvert son premier espace de coworking qui propose un espace chaleureux, informel et jeune. La décoration, artisanale, fait la part belle au vintage et au recyclage. Les tables de réunion de l‘espace partagé portent le nom d‘illustres start-upper. Mais c‘est aussi  dans le cadre humain que l‘espace Paladium entend faire la différence. La manager du site, Fernanda Melo, fait le lien entre tous les membres, mais aussi entre les membres et l‘extérieur, pour faciliter les rencontres, les collaborations et la mise en réseau.

L‘espace de coworking a ainsi vocation à aider indépendants et start-up dans leurs projets, à les sensibiliser à l‘importance de l‘identité visuelle comme des relations publiques. „On sait que, pour les start-up, les débuts sont difficiles. Il faut savoir gérer l‘anxiété de l‘incertitude sur la réussite du projet. On écoute et on aide à résoudre les  difficultés“, explique Fernanda Melo. Des workshops et des groupes de lecture liés aux problématiques des start-up débutantes complètent l‘accompagnement.

Tournant industriel

L‘ambiance de la communauté chère au monde alternatif  et à celui des start-up connaît un boom parce qu‘il a gagné le monde des affaires.  Directeur pour le Luxembourg et la Belgique du groupe International Workplace Group (IWG),  William Willems attribue ce développement à la globalisation, qui contraint les entreprises à la prudence.  „Les employeurs ont besoin de flexibilité sur la durée et sur les lieux à cause de la mondialisation qui rend plus sensible aux crises“, dit-il. L‘entreprise qui s‘implante sur le marché luxembourgeois, celle qui croît mais ne veut pas s‘engager dans de grands projets immobiliers, sont intéressées à partager des espaces de travail. „L‘outsourcing occasionne beaucoup moins de dépenses et offre une qualité de service que ces sociétés seraient incapables de fournir.“

Les indépendants et les start-up sont minoritaires parmi les usagers d‘IWG. 80% sont des entreprises ou des PME.  Elles ne cherchent pas nécessairement la communauté, mais cela n‘empêche pas William Willems de les compter dans le coworking. Sa définition du terme mord sur celle du centre d‘affaires. „Les puristes disent que le coworking est là où il y a une communauté d‘affaires très présente. Mais on a des sites qui ne sont pas configurés en coworking où il y a une activité d‘affaires très présente et des sites où on a des espaces de coworking très présents et pas beaucoup de communautés d‘affaires.“  

Louer des espaces inoccupés

Des entreprises en croissance peuvent trouver aussi dans le coworking un moyen de louer des espaces inoccupés. Ainsi, IWG a ouvert en avril un centre de sa marque Regus au premier étage du bâtiment Oksigen de BGL BNP Paribas au Kirchberg. Un service italien de paiement par smartphone y côtoie une société française de recherche d‘héritiers et des sociétés texane et arabe d‘investissement. 

Lorsqu‘il rénove ses centres Regus, Ie groupe IWG en agrandit les parties communes. Avec la marque Spaces, il accentue encore davantage l‘approche communautaire du travail. Le 1er décembre, il ouvrira un tel centre dans le bâtiment Impulse sur la place de la gare. 15% des 6.400 mètres carrés y  seront dédiés aux espaces communs (restauration, fitness, wellness, espaces de réunion).

Avec  cette ouverture, le groupe numéro 1 mondial des bureaux augmentera de 50% ses superficies au Luxembourg. Et il ne compte pas s‘arrêter là. Il ouvrira en 2020 à Royal Hamilius et à Leudelange,  2.400 m2 de bureaux à chaque fois.  Les prochains développements concerneront Belval mais aussi les frontières belges et françaises également. Avec 2% des 4,4 millions de m2 de bureau consacrés au coworking, le Luxembourg a du chemin à rattraper sur des villes comme Londres (8%) et Paris (6%), souligne William Willems.

Une question de génération et de flexibilité du travail

L‘intérêt des entreprises est également de conserver les bons éléments des nouvelles générations qui ne seraient plus prêts aux mêmes sacrifices ni ambiances que leurs prédécesseurs, poursuit ce dernier.  Les millennials  qui constitueront 50% de la force de travail à partir de 2020, voudraient dans leur grande majorité travailler près de la maison, avoir des  horaires flexibles et préserver la qualité de leur vie. „La génération suivante a une vision encore plus puriste de la qualité de vie. Elle veut un espace de travail comme à la maison et proche. Et elle est plus sensible à l‘aspect écologique“, explique William Willems.

Ainsi, le coworking se pose en réponse aux défis écologiques et de mobilité, en proposant de rapprocher le lieu de travail du lieu de domicile. IWG s‘installe ainsi près des gares, sur les points névralgiques des villes, mais développe aussi un réseau satellite pour pallier la congestion des routes. Le groupe a ouvert des bureaux à Livange et Bertrange, en avançant des économies de trajet de cinquante minutes par jour, au départ de la Belgique et de la France. 

Un autre élément qui explique le développement du coworking réside dans le développement futur de la pratique du free-lancing qui représente dans le monde anglo-saxon, près de la moitié du travail, reconnaît William Willems. En pareil cas, le collaborateur n‘a pas de poste de travail garanti dans l‘entreprise recourant à ses services.  Dans la vision du groupe IWG, à terme, les entreprises auront moins de mètre carrés et utiliseront une plate-forme globale qui leur permettra de „faire travailler les salariés où elles pensent qu‘ils sont les plus productifs“.