Freitag7. November 2025

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FranceOlivier Faure reste de justesse à la barre d’un PS en pleine tourmente

France / Olivier Faure reste de justesse à la barre d’un PS en pleine tourmente
Olivier Faure n’a remporté qu’une demie victoire Photo: Jean-François Monier/AFP

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Olivier Faure, premier secrétaire du PS sortant, y a été réélu à un quatrième mandat. Mais, comme on pouvait s’y attendre (voir Tageblatt du 5 juin), d’extrême justesse: il a recueilli, après un recomptage sévère qui a duré toute la nuit dernière dans une atmosphère tendue, 50,9% des suffrages exprimés par les quelque 24.000 votants, contre 49,1% à Nicolas Mayer-Rossignol, resté seul en lice après le premier tour.

„Il ne faut jamais sous-estimer ses adversaires. Olivier Faure a toujours été sous-estimé, il est toujours gagnant.“ Ce jugement n’est pas celui d’un de ses partisans socialistes, mais du député lepéniste Jean-Philippe Tanguy, hier à la télévision. Jugement indiscutablement juste sur le plan arithmétique, mais qui, sur le plan politique, mérite d’être nettement nuancé. Car si le „patron“ sortant du PS l’a emporté au terme d’un scrutin serré quoique dépourvu de passion ou de tout débat d’idées, il aborde son quatrième mandat dans une position affaiblie, et cela pour différentes raisons.

Il y a d’abord le fait qu’il va devoir composer, bien plus sérieusement qu’auparavant, avec son opposition interne. Une opposition toujours conduite par M. Mayer-Rossignol: le maire de Rouen, tout en félicitant le vainqueur, n’a pas caché ses intentions à cet égard. Certes, au dernier congrès du PS, à Marseille il y a deux ans, un certain partage du pouvoir lui avait été proposé, avec la création d’un poste de premier secrétaire délégué qui lui était destiné; mais en pratique, rien de fondamental n’avait alors changé. Cette fois-ci, il va, de l’avis général, falloir faire mieux, M. Faure ne disposant pas d’une vraie majorité pour diriger le parti seul.

Et cela sera d’autant plus vrai qu’entre le 81e congrès, qui s’ouvrira le 13 juin à Grenoble, et l’élection présidentielle de 2027, une autre épreuve électorale majeure attend les socialistes: le scrutin municipal de l’an prochain. Lequel viendra reposer de façon pressante, voire dramatique, la question des alliances: même si le débat sur les rapports à entretenir, ou non, avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon a pu sembler à peu près réglé – en faveur de la rupture – il est évident pour l’état-major du PS que, face à l’offensive de la droite et du RN, mais aussi au jeu ambigu des Verts, il devra sans doute y avoir des alliances au cas par cas pour sauver des mairies socialistes.

C’est d’autant plus vrai que, dans la forte baisse d’influence enregistrée par le parti depuis ses années glorieuses du mitterrandisme, son implantation municipale, sans avoir échappé à l’érosion générale, reste une de ses bouées de sauvetage. M. Mayer-Rossignol refuse par principe tout accord avec les mélenchonistes, mais Olivier Faure et Boris Vallaud, tout en étant bien revenus des vertus d’une telle alliance, sont tout de même plus modérés. Et la question devrait agiter les débats internes au PS durant l’année à venir, probablement sous le regard narquois et le verbe caustique de Jean-Luc Mélenchon.

Le Drian: „La marche au groupuscule“

Outre ces deux grands rendez-vous électoraux se profile en outre la perspective, encore bien incertaine, de nouvelles législatives. Les sondages montrent que les Français n’ont toujours pas compris, et approuvé moins encore, la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par Emmanuel Macron au soir des élections européennes. De même ne se montrent-ils pas pressés de revoter pour de nouveaux députés.

Mais ces enquêtes d’opinion dessinent aussi, en terme d’intentions de vote – et pour autant que celles-ci aient un sens à une distance indéterminée d’un scrutin dont la date l’est aussi – des perspectives peu encourageantes pour la gauche, et d’ailleurs pas beaucoup plus réjouissantes pour la droite modérée. Selon l’IFOP, si les élections législatives avaient lieu demain, le RN recueillerait 35% des voix au premier tour, et un Nouveau Front populaire de type 2024 (regroupant donc le PS, les Verts, le PCF et LFI) seulement 21%, soit huit points de moins qu’aux élections de juillet dernier. Le parti LR en obtenant 11%, le centre et la droite macronistes se partageant le reste, avec quelques micro-partis. Si la gauche partait au combat divisée, le PS obtiendrait 12% des suffrages.

Ce n’est pas tout à fait calamiteux, ce score potentiel restant le plus élevé de la gauche. Et l’on peut juger un peu exagéré le jugement d’une personnalité très respectée chez les socialistes et bien au-delà, l’ancien ministre Jean-Yves Le Drian, qui estimait hier matin qu’avec la réélection d’Olivier Faure „le PS poursuit sa marche au groupuscule“. Mais on peut tout de même comprendre que ce dernier n’entame pas son quatrième mandat dans l’enthousiasme.