Best Of 2021Notre sélection des meilleures expos et pièces de théâtre

Best Of 2021 / Notre sélection des meilleures expos et pièces de théâtre
 (C) William Kentridge

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Danse avec le destin: William Kentridge au Mudam

En février, William Kentridge fait son retour au Mudam. L’artiste sud-africain et l’institution du Kirchberg avaient déjà destins liés depuis l’achat en 2004 par le musée de son film „Zeno Writing“, présenté à son ouverture en 2006. Cette fois, le musée accueille la première monographie consacrée à celui que la directrice du musée, Suzanne Cotter, présente comme „un des artistes vivants les plus importants“. L’exposition „More Sweetly Play the Dance“ s’inscrit dans le cadre du „Red Bridget Project“.

William Kentridge ne laisse souvent qu’une traînée d’éloges dans son sillage et son passage au Luxembourg en mérite tout autant. La pièce qui donne son nom à l’exposition est une installation époustouflante de sept écrans posés en quinconce dans la salle, présentée dans Artforum en 2016 comme un des chefs-d’œuvre du XXIe siècle. On y voit défiler en boucle les misères, les traumas et l’espoir de l’Afrique du Sud, sur fond de steppe aride. Bonimenteurs, danseurs, prêcheurs, mineurs, infirmières empruntent leurs mouvements de danse au Lac des Cygnes, à Carmen et à la danse macabre médiévale, auxquels la musique d’une fanfare d’église du township de Sebokeng donne sa rage et son irrésistible espoir. (Jérôme Quiqueret)

Dans la même direction: „Richtung 22“ et le colonialisme au Casino

 (C) Casino forum d’art contemporain

Pour sa première exposition (mais sa deuxième institutionnalisation après la récupération d’une œuvre critique sur Dubaï par le ministère de la Culture), le collectif „Richtung 22“ ne fait toujours rien comme les autres. Il fait entrer en novembre au Casino – Forum d’art contemporain ce qui est son terrain de jeu habituel, à savoir l’espace public, l’endroit désigné pour concourir à la transformation de la société par la réflexion à laquelle il aspire. Les rues Christophe Colomb, Courdenhove-Kalergi et l’avenue Jean-Pierre Pescatore ont désormais pour point commun d’avoir fait leur entrée au musée, comme symboles d’une célébration de personnalités qui ont profité allègrement du colonialisme quand elles ne l’ont soutenu sinon appliqué avec cruauté. Huit panneaux de rue au total sont ainsi accrochés dans la Black Box du Casino, éclairés et expliqués comme des œuvres. L’action questionne aussi la notion du vol et de la restitution des biens usurpés dans les territoires colonisés. Le collectif rappelle à ce titre que la Villa Vauban abrite une collection, celle de Pescatore, qui doit beaucoup à l’exploitation d’esclaves sur les plantations de tabac cubaines au XIXe siècle. (Jérôme Quiqueret)

Enchevêtrements tragiques: „Habiter le temps“

 (C) Eric Didym

Ce qui convainc d’emblée, au-delà de cette histoire d’une triple tragédie familiale qui interroge l’origine d’un drame dans le temps et nous pousse à nous demander si vraiment nous ne sommes jamais tout à fait libres dans nos choix et à quel point un événement traumatique qui a eu lieu avant même notre naissance est à même de nous conditionner, c’est la forme retenue par Michel Didym pour cette mise en scène au Grand Théâtre: plus chorégraphie que simple mise en scène, la pièce de Rasmus Lindberg fait jouer conjointement sur scène les trois intrigues alors même qu’elles se déroulent à trois niveaux chronologiques différents, les dialogues d’une strate temporelle s’enchevêtrant souvent avec ceux d’une autre avec une fluidité qui force le respect. Estompant toute linéarité comme si la maison dans laquelle se déroulent les trois histoires avait retenu les drames passés, Lindberg et Didym mettent en scène la pérennité des dysfonctionnements relationnels, mais exposent aussi le clivage entre la complexité d’un vécu et la simplification de nos mémoires – simplification qui souvent arrange l’un des partis au détriment d’un autre. (Jeff Schinker)

Bürokratisches Panoptikum: „The Hothouse“

  (C) Grand Théâtre/boshua

Dass sich hinter Bürokratismus reine Barbarei verbirgt und moderne Disziplinargesellschaften alles Menschliche im Keim ersticken, wusste der britische Schriftsteller Harold Pinter allzu gut, als er, das konservative politische Klima der Nachkriegszeit einfangend, „The Hothouse“ schrieb. Das Stück wurde dieses Jahr unter der Regie von Anne Simon im „Grand Théâtre“ inszeniert – und zwar so, dass selbst Michel Foucault begeistert in die Hände geklatscht hätte. Als ob sich das Publikum im Zentrum eines Panoptikums befinden würde, verlief die Bühne einmal rund um die (wohlgemerkt drehbaren) Zuschauerplätze. Die überzeugende Performance der Schauspieler und der gekonnte Einsatz von Spezialeffekten taten ihr Übriges, um die unheimlich-kafkaeske Atmosphäre der Tragikomödie neu aufleben zu lassen. (Christine Lauer)

Trash-Grusical im „Grand Théâtre“: „Das Fenster“

 © Brochure Grand Théâtre

Mit dem Trash-Grusical „Das Fenster“ brachte die junge Luxemburger Autorin Mandy Thiery zusammen mit dem Regisseur Thorsten Köhler eine großartige Tragikomödie, die mit klassischen Mitteln moderner Horrorfilme und märchenhaften Elementen spielte, auf die Bühne des großen städtischen Theaters. Während die Videoclips, die auf der Leinwand im Hintergrund der schaurig wirkenden Bühneninstallation abgespielt wurden, sowohl für Jump-Scares als auch für Lacher sorgten, entwickelte sich die Gruppe der DarstellerInnen zunehmend zu einer schaurig-schönen Freakshow. Dabei hielt „Das Fenster“ unserer heutigen ignoranten Gesellschaft den Spiegel vor, machte auf globale Probleme aufmerksam und zwang die ZuschauerInnen, der unausweichlichen Realität ins Auge zu blicken. In diesem wunderbar trashigen Theaterstück stimmte einfach alles: Die SchauspielerInnen überzeugten auf ganzer Linie und die unterschwellige Message des Stücks hinterließ einen bitter-süßen Beigeschmack. Und wem das Horrormärchen 2021 entgangen ist, darf sich im Januar auf eine Wiederaufnahme im Kapuzinertheater freuen. (Nora Schloesser)

Embrasser le nonsense : „Mendy – Das Wusical“

 (C) boshua

Pour rester dans le trash et pour annoncer en quelque sorte le bestiaire de la compagnie FC Bergman dont vous parlera Ian De Toffoli, difficile de passer à côté de – et malgré qu’un des deux coréalisateurs de la pièce écrive régulièrement pour ces pages, incitant fort probablement un certain journaliste à crier au scandale et à proclamer haut et fort qu’on est tous des vendus – l’adaptation par Jacques Schiltz et Tom Dockal de cet objet théâtral non-identifié ni même identifiable, à savoir „Mendy – Das Wusical“ de Helge Schneider et Andrea Schumacher. La pièce, représentée au Théâtre des Capucins, fut un véritable cocktail de loufoqueries, une mine d’incongruités qui prend pour point de départ Wendy, un magazine pour jeunes filles, pour raconter l’histoire d’une famille complètement barjo, avec son lot de non-dits, de haine, de libido à peine réprimée, à quoi viennent se rajouter des vaches exsangues ou un troupeau de chevaux qui, entre deux barbocs, adorent s’adonner à du harcèlement moral envers les plus faibles. Alors que la pandémie nous baignait tous dans une morosité qui n’est pas près de se dissiper, ce „Wusical“ donnait à voir des metteurs en scène et des acteurs s’en donner à cœur joie en embrassant à la fois la charge critique, mais aussi le nonsense de la pièce. (Jeff Schinker)

Bestiaire chorégraphié: „The Sheep Song“

 (C) Kurt van der Elst

En octobre dernier, avant que les choses ne partent à nouveau – veuillez excuser la vulgarité – en couilles, la compagnie de théâtre anversoise FC Bergman a présenté sa nouvelle création, „The Sheep Song“, sur la grande scène des Théâtres de la Ville de Luxembourg. FC Bergman, fondé en 2008 par six artistes de théâtre polyvalents, est une compagnie atypique, audacieuse et expérimentale qui met en scène des spectacles visuellement magnifiques, poétiques, sauvages et virevoltants. C’est le cas de ce „The Sheep Song“, entre la fable, le bestiaire médiéval théâtralisé et l’allégorie postmoderne, qui raconte l’histoire d’un mouton qui veut s’élever au-dessus de ses pairs et devenir humain. Sur scène, le mouton, dont le personnage est créé par un mélange d’une technologie avancée – un „animatronique“, une créature robotisée – et d’un jeu d’acteur (Jonas Vermeulen) très physique, perd vite ses caractéristiques ovines pour devenir une forme intermédiaire mi-animale mi-humaine qui vit une aventure cocasse après l’autre, rencontrant l’amour, l’inimitié, découvrant la parentalité et même la finitude de toute chose. Un spectacle théâtral et chorégraphique d’une précision époustouflante. Le spectacle tourne encore en Europe. (Ian De Toffoli)

Le revers de l’Eldorado grand-ducal: „Les frontalières“

Dans „Les frontalières“, Sophie Langevin donnait à quatre comédiennes l’occasion de raconter les péripéties des quelque 70.000 frontalières (sur un total de 200.000 frontaliers) qui chaque jour viennent travailler au Luxembourg en s’appuyant sur un échantillonnage de témoignages recueillis. Cette production du théâtre d’Esch parti sur une initiative de l’ASTI donnait à voir un portrait poignant, dénué de pathos, d’un quotidien éreintant, empreint de préjugés et dirigé par le travail et le trafic, qui laisse peu de place au développement personnel, à la vie privée et aux loisirs: le théâtre documentaire devient le point de départ d’une analyse politique où les zones d’ombre d’un eldorado monétaire sont éclairées.

Si certains sujets manquaient à l’appel – l’on aurait pu évoquer plus encore ces transports en commun qui, de certaines agglomérations, ne sont véritablement opératoires que tôt le matin et tôt le soir, lorsqu’il s’agit de les acheminer au travail ou de les faire retourner à la maison, obligeant de nombreuses frontalières qui aiment fréquenter les théâtres luxembourgeois à passer d’innombrables heures en train, quand elles ne doivent pas prendre des taxis, les réduisant presque à l’état de bétail –, on pourrait facilement remédier à ces mini-écueils en faisant de ces „Frontalières“ une pièce de répertoire – d’un, parce que cela permettrait de ne pas perdre de vue un sujet de toute importance, de deux, parce que, parmi les concernées, plus de femmes (et d’hommes) auraient l’occasion de la voir et de trois, parce que cela permettrait d’exploiter, au fil des saisons, toute la richesse thématique d’un sujet éminemment politique.