L’histoire du temps présentMai 1944: „Asoziale Bazillenstreuer“

L’histoire du temps présent / Mai 1944: „Asoziale Bazillenstreuer“
Le sanatorium de Niederfeulen Photo: Ensis

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Il y a exactement 80 ans, les autorités d’occupation projetaient de construire un sanatorium pour tuberculeux âgés et inaptes au travail. En réalité, il s’agissait d’un mouroir semblable à ceux qui existaient déjà depuis longtemps dans le Reich. La libération les empêcha finalement de mettre leur plan à exécution.

Pour les nazis, la santé n’était pas une affaire individuelle. La Volksgemeinschaft était à leurs yeux un organisme collectif, dont il fallait préserver la santé et améliorer les performances. Dès l’automne 1940, le Gauleiter Gustav Simon avait entrepris de restructurer sur le modèle national-socialiste le système de soins libéral du Grand-Duché. Des médecins chefs allemands furent nommés dans les quatre arrondissements (Kreis) du Luxembourg occupé et chargés d’y créer des „Gesundheitsämter“ comme ceux qui existaient en Allemagne.

Ces „Gesundheitsämter“ étaient chargés de la „préservation de la santé héréditaire et raciale“ (Erb- und Rassenpflege) de la population, de l’amélioration de ses conditions hygiéniques et de la prévention des épidémies – en particulier de la tuberculose. Hautement contagieuse et difficile à soigner avant l’invention des antibiotiques, cette maladie infectieuse faisait des ravages, aussi bien en Allemagne qu’au Luxembourg, surtout dans les régions industrielles.

Combattre les malades faute de vaincre la maladie

Associée par le régime nazi à la crasse et à la promiscuité, la tuberculose était devenue l’une de ses bêtes noires: „In der Zeit des Nationalsozialismus wurde das Leiden dann von einer Krankheit der Armen zu einem Kennzeichen von Asozialität umgedeutet“ peut-on lire dans un article de la revue médicale Pneumologie consacré au sujet: „Vor dem Hintergrund der von NS−Politikern proklamierten ,Pflicht zur Gesundheit‘ kam Krankheit grundsätzlich einem ,Pflichtversäumnis‘ und ,Versagen‘ gleich. Tuberkulöse, die als ,unheilbar‘ und ,uneinsichtig‘ galten, wurden zu ,asozialen Bazillenstreuern‘ herabgewürdigt, gegen die ,mit Zwangsmaßnahmen‘ vorzugehen war.“1)

Ne pouvant venir à bout du mal, les autorités sanitaires nazies avaient décidé d’agir avec la plus grande brutalité contre les malades ainsi stigmatisés. A partir de 1934, il avait mis en place des institutions où les „asoziale Offentuberkulöse“ pouvaient être internés de force. En 1941, il existait 18 établissements de ce type dans le Reich. Selon Albert Flessner, de nombreux tuberculeux qui passèrent par ces établissements furent assassinés, au plus tard après 1941.2) Les recherches les plus récentes semblent en effet indiquer que les tuberculeux furent, comme les personnes atteintes de handicaps, victimes du programme d’euthanasie par la faim mis en place par le régime nazi après l’arrêt officiel de l’Aktion T4.

Le sanatorium de Niederfeulen

Les archives montrent que le régime d’occupation nazi projetait au printemps 1944 de créer au Luxembourg un mouroir sur le modèle de ceux qui existaient dans le Reich. Fin mai 1944, le Kreisleiter Jakobs de Diekirch reçut un courrier de Friedrich Münzel, le bras-droit du Gauleiter Simon: „Der Gauleiter beabsichtigt die Errichtung eines Heimes zur Unterbringung von an Tbc Leidenden und von der Verwaltung der höheren Kommunalverbandsangelegenheiten bezw. den Gemeinden im Bereich des Chefs der Zivilverwaltung in Luxemburg zurzeit in Altersheimen betreuten, arbeitsunfähigen Kranken.“

Un ancien sanatorium situé dans la commune de Niederfeulen avait été retenu comme potentiel lieu d’accueil pour ces malades. La propriété était cependant inoccupée depuis des années et très délabrée. Pour cette raison le domaine d’Eisenborn près de Luxembourg était également pris en considération. La lettre se terminait sur ce paragraphe lourd de sous-entendus sur la véritable nature de l’établissement: „Das zu errichtende Heim soll nach außen hin nicht als ,Asylierungsstätte‘ im eigentlichen Sinn bezeichnet werden, schon um von vornherein einen deprimierenden Eindruck auf alle Kranken zu vermeiden. In dem Heim sollen grundsätzlich nur Kranke aus dem Bereich des Chefs der Zivilverwaltung in Luxemburg untergebracht werden, so daß dann die Altersheime in Luxemburg sich mit der Betreuung derartiger Kranken nicht mehr zu befassen brauchen.“3)

Enlever à l’établissement son caractère de mouroir

La réponse de Jakobs n’arriva pas avant le 19 juin, mais elle était enthousiaste. La propriété de Niederfeulen avait de belles grandes pièces et le chauffage central, écrivit le Kreisleiter. Des travaux de rénovation étaient inévitables, mais ne coûteraient pas plus de 30.000-35.000 Reichsmarks estimaient ses services. La propriété était de surcroît à l’écart des habitations, ce qui était idéal. Jakobs, ajouta tout de même ce conseil: „Vom ärztlichen Standpunkt aus wäre zu raten, ggf. in diesem Heim nicht nur Asilierungsfälle unterzubringen, um dem Hause den Charakter eines Sterbehauses zu nehmen. Man sollte, wenn möglich, darauf bedacht sein, vorübergehend Tbc.-Kranke dort unterzubringen, die nach einer Kur wieder nach Hause entlassen werden könnten. Es wäre ebenfalls für eine fachgemäße ärztliche Betreuung zu sorgen und man könnte das Heim Niederfeulen der ärztlichen Betreuung der Lungenheilstätte Vianden unterstellen.“4)

Le choix du Gauleiter

L’un des plus importants fonctionnaires de la santé dans le Gau Moselland, l’Oberregierungs- und Medizinalrat Dr. Heesen était pour sa part beaucoup moins convaincu. L’établissement était en bien trop mauvais état et ne pourrait être rénové avant la fin de la guerre. Lui penchait plutôt pour un autre endroit qui avait déjà été évoqué, le domaine d’Eisenborn, près de Lorentzweiler.5)

Mais celui-ci avait un gros défaut, contrairement à l’ancien sanatorium de Niederfeulen, il était loin de toute gare.6) Alors quitte à choisir, mieux valait opter pour le lieu où les malades pouvaient être transportés facilement et discrètement. Peu importait après tout qu’il soit inhabitable, puisqu’ils n’étaient pas censés y faire de vieux os. Début juillet 1944, Simon confirma que la „maison de santé“ serait bien installée à Niederfeulen.7) La libération du pays par les Américains deux mois plus tard empêcha finalement la réalisation du projet.


1) LEY, A., „Zwischen Erbleiden und Infektionskrankheit: Wahrnehmung und Umgang mit Tuberkulose im Nationalsozialismus“, in: Pneumologie, 2006(60), p. 360

2) Flessner, Albert, „Die Volkskrankheit. Tuberkulosebekämpfung im Nationalsozialismus und in der Besatzungszeit im Bezirk der Landesversicherungsanstalt Oldenburg-Bremen“, (0640-FNA-P-2013-04): https://www.fna-rv.de › Projektbericht_2013-04 (dernière consultation: 17.05.24)

3) Archives nationales de Luxembourg (ANLux), Fonds Chef der Zivilverwaltung (CdZ)-A-3611, document 0017

4) ANLux, CdZ-A-3611, document 0009

5) ANLux, CdZ-A-3611, documents 0011-0010

6) ANLux, CdZ-A-3611, document 0006

7) ANLux, CdZ-A-3611, document 0005.

Hottua Robert
20. Mai 2024 - 11.10

Guten Tag Herr Artuso,
wurde die "wilde" Hungereuthanasie auch in Luxemburg nach dem Auftritt vom Bischof von GALEN in Münster etabliert? Aussagen der Psychiatrieprofessoren Wolfgang WERNER und Heinz HÄFNER, sowie Aussagen der Historiker Matthias KLEIN, Frank SPARING und Hans-Christian HARTEN weisen darauf hin. MfG, Robert Hottua