Sonntag16. November 2025

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FranceMacron offre à la Corse de négocier une forme d’autonomie

France / Macron offre à la Corse de négocier une forme d’autonomie
 Emmanuel Macron s’est prononcé jeudi devant l’Assemblée corse à Ajaccio Photo: AFP/Pascal Pochard-Casabianca

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Emmanuel Macron a prononcé hier, devant l’Assemblée régionale de Corse, un discours qui était très attendu, consacré à l’évolution possible du statut politique et administratif de l’île. En lançant l’idée d’une autonomie qui serait inscrite dans la Constitution.

C’est, comme on dit, une déjà vieille histoire, marquée par des décennies d’échauffourées parfois très violentes, d’attentats à l’explosif, et même par un certain nombre d’assassinats – y compris, d’ailleurs, entre organisations ou personnalités indépendantistes rivales.

Parmi les faits sanglants les plus connus, la mémoire insulaire a retenu l’affaire d’Aléria, près de Bastia, en août 1975, lorsque des militants nationalistes avaient occupé une cave viticole appartenant à un chef d’entreprise d’origine pied-noir, et tué deux gendarmes lors de l’assaut des forces de l’ordre. En 1998, le préfet Erignac était assassiné à Ajaccio devant sa famille par un commando terroriste dirigé par Yvan Colonna, lequel devait lui-même être victime d’un tueur en 2022 dans une prison de Marseille, ce qui allait déclencher de nouvelles violences dans l’île. Entre-temps, d’innombrables maisons appartenant à des „continentaux“ avaient été dynamitées …

Mais le suffrage universel allait s’en mêler, donnant, aux élections régionales de 2021, une majorité absolue d’élus à la liste de Gilles Simeoni, ancien maire de Bastia et chef de file du principal parti autonomiste. Lequel avait déjà, à partir de 2018, conquis les principales collectivités territoriales de l’île. C’est dire qu’il était grand temps, pour le chef de l’Etat, de revenir en Corse, pour la quatrième fois depuis sa première élection en 2017, et, de préférence, pas les mains vides.

C’est ce qu’a fait donc M. Macron, dont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait déjà évoqué sur place l’an dernier „une potentielle autonomie“. Le président de la République s’est montré relativement plus précis, proposant hier aux élus insulaires d’avoir „l’audace de bâtir une autonomie de la Corse dans la République“, en appelant à „une nouvelle étape institutionnelle pour changer profondément la relation entre l’Etat et la Corse“. Car cette autonomie, a-t-il insisté, „ne doit être construite ni contre l’Etat, ni sans l’Etat“, étant entendu qu’il „n’y a pas de ligne rouge, il y a un idéal de la République“.

Officialiser le bilinguisme

Concrètement, les élus locaux devront négocier avec le gouvernement, en six mois, un projet de texte constitutionnel et de loi organique modifiant en ce sens le statut de l’île. Projet qui pourrait notamment comporter, a encore précisé le chef de l’Etat, „un service public de l’enseignement en faveur du bilinguisme“, officialisant donc l’usage, à côté du français, de la langue corse „qui doit être placée au cœur de la vie“.

On imagine mal que les différents courants autonomistes n’enregistrent pas avec une certaine satisfaction de telles propositions, même si les indépendantistes „purs et durs“ peuvent les juger fort éloignées encore de leurs aspirations séparatistes. Les premières réactions émises sur l’île sont d’ailleurs bienveillantes, notamment de la part de Gilles Simeoni, qui a évoqué un „état d’esprit constructif“.

Mais le problème, à supposer qu’un tel projet d’accord puisse voir le jour d’ici six mois, pourrait venir de Paris. Ou plutôt de Versailles, où devra alors être réuni – sauf si le président préfère recourir au référendum – le „Congrès“, autrement dit le rassemblement des deux chambres parlementaires françaises, dont l’approbation sera indispensable à l’ajout d’une nouvelle disposition à la Constitution. Une approbation qui, notamment du fait du poids de la droite à l’Assemblée et surtout au Sénat, n’est pas, pour le moins, acquise d’avance.