„Il ne faut pas politiser le sport.“ Cette affirmation péremptoire du locataire de l’Elysée face à ceux qui regrettaient que cette compétition internationale de tout premier plan se déroule dans un pays comme le Qatar rend aujourd’hui un son singulier. Car quel que soit le goût présidentiel pour le football – que l’on n’avait d’ailleurs pas spécialement remarqué jusqu’à présent – et son envie bien légitime de voir la France l’emporter, comment ne pas avoir l’impression que son double déplacement à Doha était avant tout une spectaculaire opération de communication politique ?
Spectaculaire et coûteuse, d’ailleurs, tant aux contribuables qu’à l’environnement, comme le soulignait hier l’hebdomadaire Le Point. Car l’Airbus A330 présidentiel et le Falcon 900 qui l’accompagne toujours (au cas où l’avion principal aurait une panne) ont au total coûté, dans leurs différentes allées et venues, 812.000 euros, consommé 725 tonnes de kérosène et généré 480 tonnes d’équivalent CO2.
Tout cela pour … ne pas assister au couronnement des Bleus, mais à celui de l’équipe argentine. Car les autorités footballistiques sur place, et bien entendu celles du Qatar, ont profité de la décorative présence d’un chef d’Etat étranger pour faire de lui le flatteur ornement d’une compétition qui, au démarrage, n’avait pas bonne presse en raison de l’image du pays qui l’hébergeait, sans parler de l’affaire plus récente de corruption au Parlement européen.
Le souvenir de Chirac en 1998
Quant à la prestation de M. Macron sur la pelouse qui venait d’être fatale à „son“ équipe, en particulier pour tenter vainement de rasséréner un Mbappé manifestement inconsolable et furieux, elle a suscité dans l’Hexagone autant de critiques que de sarcasmes. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a par exemple dénoncé „un comportement „inopportun et qui met mal à l’aise“. „Macron est le champion du monde de la gêne“, a renchéri le Vert Benjamin Lucas. Et du côté du RN, Sébastien Chenu a estimé „un peu consternant de le voir s’accrocher comme un crampon à Mbappé“.
Il y a évidemment dans ce genre de tentative de récupération politique d’un éventuel succès sportif un côté „quitte ou double“: si les Bleus avaient gagné, ce débat sur la maladresse du chef de l’Etat n’aurait sans doute pas lieu. Après tout, lors de la finale de 1998, Chirac, alors président en forte perte de vitesse (et qui, au demeurant, n’entendait rien au football), avait vu sa cote de popularité bondir de 18 points après l’historique 3-0 de la France contre le Brésil! On comprend que son successeur indirect en ait rêvé …
L’équipe de France, rentrée à Paris dans la journée, et dont le sentiment général est qu’elle n’a pas démérité au Qatar malgré une première mi-temps très décevante dimanche, était tout de même attendue hier soir par la foule des Parisiens sur la place de la Concorde; puis, comme le veut la tradition, à l’Elysée, où Mbappé a peut-être enfin souri à Macron … Mais cette coupe, elle, n’aura décidément pas souri aux desseins présidentiels; comme si le président aussi avait raté son tir au but.
De Maart
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