Freitag28. November 2025

Demaart De Maart

FranceMacron annonce la création d’un service national volontaire de dix mois

France / Macron annonce la création d’un service national volontaire de dix mois
Emmanuel Macron a annoncé sa proposition à l’occasion d’une visite à la base militaire de Varces Photo: Thomas Padilla/Pool/AFP

Le président Macron a officialisé hier, lors d’un déplacement auprès de la 27e brigade d’infanterie de montagne de Varces, en Isère, l’instauration d’un service national volontaire et strictement militaire de dix mois (un de formation, puis neuf au sein de l’armée). Ces volontaires, a-t-il précisé avec insistance, „serviront exclusivement sur le territoire national“. Dès mardi, il avait déjà déclaré qu’il „ne s’agirait pas d’envoyer nos jeunes en Ukraine“.

Cette précision, qui pouvait sembler aller de soi s’agissant de jeunes gens qui n’auraient, même après dix mois de formation, pas grande formation réelle au combat, visait à répondre de nouveau à la polémique lancée par les oppositions après les propos du général Fabien Mandon, chef d’Etat-major des Armées, qui avait estimé voici quelques jours que pour être prête, la France devait „accepter de perdre ses enfants“ (voir Tageblatt du 22 novembre), polémique reposant largement sur un malentendu à propos du mot „enfants“, qui signifiait ici „soldats“.

La création de ce service national de dix mois, destiné aux jeunes majeurs (à partir de 18 ans, donc) et basé sur le volontariat, mais qui contrairement au défunt SNU (service national universel) sera strictement militaire, vise officiellement à répondre à certains besoins de l’armée sur le sol français. Tout particulièrement si une bonne partie des troupes permanentes était mobilisée, elle, sur des théâtres d’opération extérieurs par une nouvelle guerre.

Mais le lancement de cette opération comporte aussi, de la part du locataire de l’Elysée, quelques arrière-pensées plus politiques. Pour lui, il s’agit d’abord de montrer qu’au crépuscule d’un second quinquennat qui tend à s’enliser, et en dépit d’une popularité des plus faibles (18% seulement d’opinions favorables au dernier sondage), il reste capable de prendre des initiatives fortes, au contenu clairement régalien, et susceptibles de s’inscrire dans son bilan fort malmené. En effaçant au passage le ratage du SNU, jamais vraiment intégré ni compris.

„Notre jeunesse a soif d’engagement“

En second lieu, cette démarche ne peut que renforcer la prise de conscience du danger dans une population française qui, pour l’instant, éprouve manifestement quelque difficulté à en mesurer toute la réalité. Encouragée à n’en rien faire par certaines considérations ironiques sur la vision fantasmée des chars russes déferlant sur les Champs-Elysées, ce dont il n’est évidemment pas question.

Enfin, le chef de l’Etat peut espérer qu’au vu de la situation géopolitique européenne d’aujourd’hui, ces oppositions, justement, seront contraintes, bon gré mal gré, de se rallier à son initiative, qui n’a d’ailleurs rien de solitaire en Europe. Mais ce sursaut est loin d’être acquis. Certes, dès hier matin, un des ténors du RN a reconnu que la création de ce nouveau service national, qui sera – petitement – rémunéré, contrairement à son ancêtre arrêté en 1996, „va dans le bon sens même si Macron a comme d’habitude fait perdre beaucoup de temps à la France“. Mais à l’autre bout de l’éventail, les critiques pleuvent sur le thème: un embrigadement des jeunes („payés moins que le SMIC!“) qui annonce la guerre, et cherche à la faciliter.

Le calendrier de la mise en œuvre, en tout cas, est assez ambitieux. Concrètement, l’opération sera lancée par étapes l’été prochain pour un millier de postulants, avec un début de sélection dès la mi-janvier, avant de monter en puissance pour atteindre 3.000 jeunes, la première année, avec un objectif de 10.000 par an en 2030, puis une ambition de 50.000 en 2035. Le tout étant financé par l’actualisation de la loi de programmation militaire 2026-2030, qui prévoit un budget supplémentaire de plus de deux milliards d’euros pour le service national.

Reste à savoir si ce chiffre, pour impressionnant qu’il soit, surtout dans l’état actuel d’impécuniosité des finances publiques françaises, sera suffisant (on pense notamment aux casernes à reconstruire). Et si les volontaires répondront à l’appel aussi nombreux que l’espère Emmanuel Macron, pour qui „notre jeunesse a soif d’engagement“.