Mittwoch22. Oktober 2025

Demaart De Maart

FranceL’hypothèse d’une censure du gouvernement sur le budget se précise

France / L’hypothèse d’une censure du gouvernement sur le budget se précise
Sans majorité à l’Assemblée nationale, le gouvernement Barnier pourrait utiliser le fameux article 49-3 pour faire passer son budget 2025 Photo: Bertrand Guay/AFP

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La perspective de voir les députés du Rassemblement national voter la motion de censure que déposera la gauche si, comme tout le laisse penser, le gouvernement engage sa responsabilité sur son projet de loi de finances, a lancé dans la classe politique d’intenses spéculations sur le thème: que se passera-t-il alors sans gouvernement, toujours sans majorité parlementaire? Et accessoirement – mais ce n’est pas, en fait, une simple question subsidiaire – sans budget pour 2025?

En fait, jusqu’au récent raidissement du RN, Marine Le Pen en tête, sur la question de cette motion de censure (voir Tageblatt du 21 novembre), encore éventuelle en principe, mais qui en réalité ne fait plus aucun doute, Michel Barnier pouvait raisonnablement espérer que l’extrême droite s’en tiendrait, au moins pour quelques mois encore, à sa position attentiste. Les lepénistes n’avaient-ils pas, après tout, intérêt à faire figure de parti responsable, campé dans son opposition certes, mais point soucieux d’ouvrir une crise majeure? Et cela contrairement au Nouveau Front populaire en général, et à La France Insoumise en particulier? Leurs militants ont d’abord semblé le souhaiter; mais leur sentiment semble désormais avoir évolué dans l’autre sens.

De sorte que cette éventualité a vu sa vraisemblance à nouveau réduite, pour ne pas dire anéantie, par la déclaration faite lundi matin par Mme Le Pen sur le perron de l’hôtel de Matignon, où elle venait d’être reçue par Michel Barnier. „Si le budget reste en l’état, ce sera la censure“, a-t-elle dit. Ajoutant: „Pour nous, les lignes rouges sont la hausse inadmissible des taxes sur l’électricité et la désindexation de retraites, même réduite de moitié.“ Elle avait aussi réclamé au chef du gouvernement, qui semble n’avoir fait sur aucun de ces points un de ces reculs tactiques qu’il a pourtant multipliés ailleurs, „l’arrêt du déremboursement des médicaments par la Sécurité sociale“, et „des économies claires sur le coût de l’immigration, notamment le budget de l’aide médicale d’État“, ainsi que, d’une manière plus générale, „dans le fonctionnement de l’État“.

Quel scénario pour la suite?

Si, donc, le gouvernement ne survit pas à l’épreuve parlementaire d’un nouveau 49-3, la question se posera: quel scénario pour la suite? Qui Emmanuel Macron pourra-t-il bien encore nommer, lui qui reste dans son Elysée désormais silencieux (du moins entre deux commémorations historiques) maître de la nomination du gouvernement? D’aucuns imaginent un „Barnier bis“, dans la mesure où ni la personne, ni la méthode du premier ministre ne sont réellement en cause. D’autres verraient bien un gouvernement de techniciens prendre la relève, en essayant de tenir jusqu’à de prochaines législatives (concrètement à la rentrée 2025, voire au tout début de l’été). La gauche modérée serait prête, sans enthousiasme, à tenter sa chance, mais elle aussi sans majorité.

Quant aux deux formations populistes, le RN et LFI – qui vient encore de demander l’abrogation du délit d’apologie du terrorisme, à l’exaspération du reste de la gauche –, elles misent plutôt sur une démission du chef de l’Etat, une fois qu’il aurait constaté l’impossibilité d’installer un gouvernement susceptible d’expédier au moins les affaires courantes. Démission qui leur donnerait enfin l’occasion, espèrent-elles en comptant bien chacune en sortir victorieuse, de s’affronter directement au second tour de la présidentielle qui s’ensuivrait: Marine Le Pen, si elle n’est pas décrétée inéligible d’ici là, ou à défaut Jordan Bardella – qui n’attend manifestement que ça – contre Jean-Luc Mélenchon. Cela, bien sûr, au plus grand embarras, pour ne pas dire au désespoir, de l’électorat modéré, de droite comme de gauche.

En attendant resterait en cas de chute du gouvernement sur son projet de budget la question du budget, justement. Certains brandissent le risque d’un ‚shutdown’ à l’américaine, qui priverait la puissance publique de tout moyen de paiement. D’autres, plus réalistes, font valoir que dans ce cas, la loi de finances 2024 serait reconduite sans changement pour 2025; mais, ajoutent-ils, avec l’accroissement de la dette publique qui irait avec. Sans parler d’une nouvelle épreuve qui, sur ce terrain, attend le gouvernement demain: le vote par l’Assemblée, à la demande de LFI, sans doute majoritaire grâce au RN sur cette question aussi, de l’abrogation de la réforme des retraites, ce qui coûterait à l’Etat 15 milliards d’euros annuels dès le prochain budget, et sans doute le double en 2030.