AnalyseL’heure de la rentrée politique a sonné en France

Analyse / L’heure de la rentrée politique a sonné en France
Jean-Luc Mélenchon a lancé son année présidentielle ce dimanche  Photo: AFP/Olivier Chassignole

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Nul ne saurait en douter davantage après le dernier week-end: l’heure de la rentrée politique a sonné en France.

Quelques jours à peine avant la rentrée scolaire, les principales formations de l’opposition de droite et de gauche ont tenu différentes réunions, et leurs leaders ont prononcé plusieurs discours, tous placés sous le signe de l’élection présidentielle du printemps prochain.

Car la question, déjà très présente dans les pensées et les arrière-pensées de la classe politique de l’Hexagone, prend désormais une tournure lancinante. Car dans l’une et l’autre des deux grandes familles, personne ne s’impose vraiment. L’abondance de candidats à l’investiture est en elle-même révélatrice de ce manque de leadership, de personnalité qui, à l’intérieur d’un même parti, s’imposerait à tous, pour aller affronter Macron en avril 2022. Et accessoirement mettre un terme à la perspective d’un nouveau face-à-face entre le président sortant et Marine Le Pen, que droite et gauche déplorent d’avance, mais que les sondages semblent pourtant annoncer pour l’instant.

C’est d’ailleurs pour tenter de dissiper cette impression de fâcheuse concurrence interne, pour ne pas dire de désunion fatale, que du côté du PS on a tenu à verrouiller les choses dès cette „université d’été“ réunie à Bois: sauf coup de théâtre, le candidat socialiste sera une candidate, Anne Hidalgo, la très controversée maire de Paris. Au sens figuré, mais aussi au sens propre, un tapis rouge lui a été déployé devant l’élégant château de la Loire dont s’enorgueillit la ville, dont Jack Lang fut jadis l’élu.

L’empressement du premier secrétaire du parti, Olivier Faure, à faire valider cette investiture avant la lettre, n’est cependant pas allée sans susciter quelques mécontentements. D’abord parce qu’il avait naguère été question de désigner le candidat socialiste au moyen d’une primaire „ouverte“, où pourraient donc s’exprimer non seulement les cadres et militants du PS, mais aussi tous ceux qui en auraient envie, notamment pour manifester leur sympathie à la gauche modérée.

Dray: „Des propositions et un débat“

„Le temps d’une telle procédure est passé“, avait, il est vrai, assuré quelques jours plus tôt l’intéressé dans une interview au Figaro. Mais de là à faire de Mme Hidalgo la triomphatrice sans gloire de manœuvres d’appareil, il y a un pas, qui semble avoir commencé d’être franchi ce week-end, au risque de plomber un peu plus encore une candidature qui avait déjà bien du mal à démarrer. Julien Dray, une des personnalités fortes de la famille socialiste, insistait hier dans les colonnes du Parisien sur le fait que „la désignation du candidat du PS doit être ouverte aux sympathisants, car nous ne devons pas rester dans l’entre-soi“.

Ajoutant: „Pour que cette candidature ait un sens, il faut un débat sur le projet, avec des propositions conquérantes qu’il conviendra de débattre avec nos partenaires“, et leur proposer „un contrat de gouvernement“. Une critique qui résume doublement les différentes oppositions suscitées au sein du parti par la candidature Hidalgo, et qu’Olivier Faure cherche à contourner, notamment en liant le renouvellement de son mandat de premier secrétaire à l’investiture de la maire de Paris.

Cette dernière n’a en effet présenté pour l’instant aucun projet électoral pour appuyer sa candidature; et elle n’a pas manifesté l’intention de négocier avec les autres forces de gauche, notamment les Verts dont elle expliquait voici peu de temps qu’ils „ont un problème avec la République“ … tout en les gardant soigneusement dans sa majorité municipale qui, sans eux, aurait volé en éclats.

Les Verts, axe d’une union de la gauche?

A quoi s’ajoute le fait que, même si peu de dirigeants de gauche accordent au PS une chance raisonnable de conquérir l’Élysée l’an prochain, la perspective de devoir faire campagne pour une candidate qui, à ce jour, plafonne à 7% d’intentions de vote, et qui suscite dans sa propre ville des oppositions passionnées, peine à enthousiasmer les socialistes. Dont certains n’oublient pas non plus que Mme Hidalgo avait imprudemment juré aux Parisiens, lors de sa campagne municipale, que si elle était réélue, jamais elle ne renoncerait à son mandat parisien.

Les Verts, de leur côté, semblent tenir à l’idée d’être présents sous leurs propres couleurs à la présidentielle, et ils l’ont répété ce week-end. Leurs spectaculaires conquêtes lors des élections municipales, pensent-ils, sont susceptibles de leur permettre de dépasser les autres candidats de gauche ou d’extrême gauche au premier tour, et donc de constituer, pour le second, l’axe d’un grand rassemblement auquel seraient bien obligés de se joindre socialistes, communistes, mélenchonistes …

Le problème étant qu’en attendant de réaliser autour d’eux une hypothétique union de la gauche, les Verts ont comme d’habitude le plus grand mal à s’unir entre eux. Même si l’eurodéputé Yannick Jadot semble tenir la corde.

Un grand sondage à droite

A droite aussi, ce week-end a marqué le démarrage formel de la course à l’Élysée. Les Républicains ont lancé hier leur grand sondage destiné à évaluer les chances respectives des candidats. Le schéma se complique du fait que l’un des postulants majeurs, l’ancien ministre Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France, refuse toute primaire.

Si son homologue de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a renoncé, de même que le sénateur Bruno Retailleau, sont au contraire plus que jamais sur les rangs : l’ancien commissaire européen Michel Barnier, le député Eric Ciotti, le professeur de médecine Philippe Juvin, à qui les émissions sur le Covid ont donné une certaine notoriété, ainsi que l’ancienne ministre Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.

Restera aussi, pour les militants LR convoqués le 25 septembre, à choisir une façon de départager ces pré-candidats, et ceux qui pourront encore se manifester. Le cuisant souvenir de la primaire de 2017, qui avait fait un triomphe à François Fillon pourtant bientôt noyé sous les scandales, est encore vif dans les mémoires chez LR. Où, comme ailleurs, les postulants multiplient les appels à l’union – chacun autour de soi, bien sûr.

Disperdal
31. August 2021 - 14.36

Melenchon sera certainement très flatté de la publication époustouflante. ;)