Donnerstag13. November 2025

Demaart De Maart

FranceLes relations entre Macron et Bayrou se dégradent

France / Les relations entre Macron et Bayrou se dégradent
Le premier ministre François Bayrou (g.) et le président Emmanuel Macron ont une relation politique plutôt tendue Photo: Ludovic Marin/AFP

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On aurait pu penser qu’après l’échec de la motion de censure déposée contre lui par le PS (voir Tageblatt du 3 juillet), François Bayrou, sans être pour autant assuré d’une grande longévité législative, était tout de même à l’abri des aléas de la vie politique au jour le jour. C’était oublier la discordance montante au sein de son gouvernement, laquelle trouve à l’Elysée une caisse de résonance singulière.

Il est clair désormais en effet, ces derniers jours, que le président Macron, loin de tendre à son premier ministre une main secourable, et, pour le protéger, de faire entendre sa voix décisive contre les ministres trop enclins à lancer leurs propres analyses sur la place publique, cherche au contraire à l’affaiblir un peu plus en dénonçant la (relative) cacophonie de son équipe. Jusqu’à quand, et à quelle fin dernière?

Agacé par les voix discordantes au sein de l’exécutif, le chef de l’Etat a en tout cas exhorté François Bayrou à „diriger son gouvernement“. Ce qui, à l’adresse de celui qui en est justement le chef, peut difficilement passer pour un encouragement fraternel, au contraire: ce recadrage vient délibérément saper une autorité déjà ébranlée par la trop grande liberté de parole accordée par le chef du gouvernement à ses ministres, et par la dislocation de plus en plus manifeste du „socle commun“ à l’Assemblée.

Or la situation politique, à huit jours de la présentation par le premier ministre des grandes orientations du budget 2026, dont dépendra la capacité stratégique de la France de mettre enfin en œuvre , réduction de son gouffre budgétaire, apparaît décidément des plus aléatoires. Le „socle commun n’est plus qu’une légende“, constate un ancien ministre, et l’Assemblée nationale „un bateau ivre“, se désespère un député des Français établis hors de France, Vincent Caure.

Mais au-delà des controverses internes à la „majorité“ (les guillemets s’imposant désormais plus que jamais) sur la façon de trouver enfin ces fameux 40 milliards d’euros qui permettraient, non certes de commencer à combler le gouffre infiniment plus important du déficit des finances publiques françaises, mais du moins de cesser de le creuser davantage encore chaque année, surgissent ces derniers jours de nouvelles disputes. La droite du socle présidentiel, par exemple, commence à dénoncer publiquement certaines libéralités et autres dépenses publiques en faveur d’associations, notamment des troupes de théâtre, dont l’apport à la diffusion populaire ne saute décidément pas aux yeux.

Retailleau, le „poil à gratter“

Mais plus que tout, c’est dans le domaine des investissements en faveur des énergies renouvelables, face à la réduction – encore très discrète, d’ailleurs – de la production électronucléaire, domaine ou la France bénéficie d’une avance technico-commerciale mondialement reconnue – que semblent devoir s’exacerber les fictions internes à ce qui est encore considéré comme la majorité présidentielle.

Le président Macron s’exaspère de se voir attaquer par la mouvance „verte“ pour sa prétendue tiédeur, lui qui avait jugé à l’orée de son second quinquennat que ce dernier serait profondément écologiste, cependant que les trépignements d’impatience de la droite de son socle électoral, à hostile aux éoliennes marines, l’irritent. A commencer par Eric Retailleau, ministre de l’Intérieur, dont les prises de positions en forme de „poil à gratter“ sur la sécurité publique prennent également à rebrousse-poil la composante centriste de qu’il reste du macronisme et du centrisme du premier ministre.

Mais on devine bien aussi, parmi les observateurs politiques, qu’au-delà de ces querelles techniques, s’exaspère une tension plus globalement politique au sujet du lendemain. Comment faire face à la suite? Le chef de l’Etat sait bien qu’il ne pourra constitutionnellement se représenter pour l’Elysée dans deux ans; mais quelle trace laissera-t-il dans l’histoire? Le premier ministre, lui, peut encore rêver – il lui faudra pour ce faire beaucoup d’optimisme, ce qui n’est certes pas un défaut en politique – mais combien sont-ils d’ores et déjà à faire de même, sur cette ligne de départ encore invisible, dans une situation encore imprévisible?

Dans l’immédiat toutefois, la question est de savoir combien ce tandem Macron/Bayrou, dont on se souvient que l’homme de Matignon l’avait, il y a un peu plus de six mois, fortement imposé à celui de l’Elysée, pourra résister au sommet de l’exécutif aux vents contraire du Parlement et de l’opinion. On a peine à croire que cela puisse aller, de toute façon, jusqu’à la très laborieuse fin du second quinquennat d’Emmanuel Macron.