Freitag26. Dezember 2025

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Concert au Trifolion„Les moments durs font les femmes fortes“, chante Judith Hill, qui se produira à Echternach 

Concert au Trifolion / „Les moments durs font les femmes fortes“, chante Judith Hill, qui se produira à Echternach 
Ce soir à Echternach: Judith Hill Photo: Jeremy Jackson

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„Soul On Top“ renvoie à un album de James Brown, sorti en 1970. 54 ans plus tard, c’est un titre qui sied à merveille à Judith Hill. En plus d’avoir collaboré avec Michael Jackson et Prince, Judith Hill est aujourd’hui l’une des plus belles voix de la soul-funk. L’artiste est en concert ce soir au Trifolion. Portrait.

On peut dire que Judith Hill a le rythme dans le sang, puisque son père, Pee Wee Hill, est bassiste, et sa mère, Michiko Hill, est pianiste et organiste. A partir de là, il n’y a pas trop le choix: il faut jouer (le jeu). C’est comme naître bilingue, voire polyglotte, l’équivalent dans la musique, c’est d’être multi-instrumentiste. Résultat, Judith Hill a plusieurs cordes à son arc, elle est autrice-compositrice, arrangeuse, pianiste et guitariste autodidacte. Et, bien sûr, chanteuse.

Il s’agit d’une interprète qui possède un timbre avec une tessiture trouble et profonde, digne des plus grandes vocalistes soul dont elle est la fille spirituelle. Dans le groupe qui l’accompagne, la musicienne qui s’occupe des claviers et de l’orgue Hammond, c’est Michiko Hill, qui n’est autre que sa mère, et la basse, c’est Pee Wee Hill, qui n’est autre que son père. Comme le chantent Sly And The Family Stone, Mary J. Blige ou Ärsenik, c’est une „affaire de famille“. Et comme Judith Hill le dit elle-même, pendant un live à New-York. Il n’y a pas de hasard, là encore, puisque ses géniteurs ont travaillé avec Sly And The Family Stone.

Presque fameuse

En réalité, tout semble se faire écho dans le parcours de Judith Hill. L’artiste en herbe écrit son premier morceau, du gospel, toute seule comme une grande, alors qu’elle n’a que quatre ans. Pendant ses jeunes années, Hill fait partie des choristes de Michael Jackson; à défaut de la voir au premier plan de la scène, elle est dans le documentaire du King of Pop, „Michael Jackson’s This Is It“ (Kenny Ortega, 2019). Avant, en 2013, Hill est dans un autre docu, sur les choristes: „20 Feet from Stardom“ (Morgan Neville). Voilà un titre que l’on peut traduire par „à deux pas de la célébrité“, comme un clin d’œil involontaire au „Presque Célèbre“ de Cameron Crowe, sauf que l’expression, dans le film de l’ex-reporter de Rolling Stone Magazine, ne renvoie pas au statut de choristes, mais à celui de journaliste groupie. Dans le cas de Judith Hill, il faut barrer „à deux pas“ et „presque“: la chanteuse devient célèbre, tout court.

Ne te contente pas de chanter en arrière-plan pour moi au point de rater ta chance de devenir le premier rôle

Stevie Wonder, musicien, par rapport à Judith Hill

Stevie Wonder aurait dit un jour à Judith Hill: „Ne te contente pas de chanter en arrière-plan pour moi au point de rater ta chance de devenir le premier rôle.“ Un conseil encourageant de sage autant qu’une intuition juste. En solo, Hill débute en composant la bande originale de „Red Hook Summer“ de Spike Lee, en 2012: un parrainage, à nouveau, prestigieux. L’année d’après, c’est The Voice saison 4 (avec Adam Levine comme coach) qui la propulse star. Elle s’y fait remarquer, notamment, en reprenant „What A Girl Wants“ de Christina Aguilera, chanson qui elle-même est déjà une reprise, de „Ce que je suis“, interprétée par Ophélie Winter, en plus d’être le versant musical du film qui porte le même nom, „Ce que veulent les femmes“ (Nancy Meyers, 2000). Paru en 2015, son premier album, „Back In Time“, est produit par Prince. Lorsque le chanteur de „Purple Rain“ interroge Judith Hill à propos du genre de musique qu’elle voudrait explorer, elle répond qu’elle aimerait se diriger vers le style de … Sly And The Family Stone.

Force et intensité

Il y a ce lieu commun qui affirme que, pour sa première œuvre, un artiste veut tout mettre, tout donner. C’est le cas de Judith Hill avec „Back In Time“, un disque fastueux, polyglotte d’un point de vue musical. Car il contient, en vrac, du blues („Cry Cry Cry“), de la soul („Beautiful Life“), du jazz („Love Trip“), du funk („Turn It Up“), mais encore de la pop, du r&b, des ballades doucereuses … La voix de Judith Hill cimente le tout, en recadrant les expérimentations et en leur offrant l’homogénéité nécessaire, la personnalité, l’âme. Et c’est Prince lui-même qui se retrouve là où Judah Hill a démarré, c’est-à-dire en tant que choriste.

Sur l’album suivant, „Golden Child“ (2018), l’artiste va plus loin: la soul se fond dans le funk, le hard rock secoue le jazz, la pop cabaret côtoie ses premières amours, le gospel. Et les thèmes sentimentaux se mélangent, avec fluidité, aux sujets politiques. En 2021, „Baby I’m Hollywood!“ raconte, entre les lignes (mélodiques), le rêve américain.

Les moments durs font les femmes fortes

Judith Hill, musicienne, dans la chanson „Dame De La Lumière“

Sorti cette année, „Letters From A Black Widow“ marque un grand tournant dans le parcours de Judith Hill. Sur la pochette, l’artiste pose sur une balançoire, par-dessus la mer. Une image apaisante, en noir et blanc, pour un disque dont le point de départ s’avère, disons-le, plus sombre qu’éclatant. Les chansons sont les conséquences de la dépression. Judith Hill y raconte une histoire, la sienne, ou plus exactement ce faux récit développé par les tabloïds et les trolls, à propos du fait qu’elle aurait été liée à la mort de Michael Jackson et de Prince. A partir de là est née la désignation de „veuve noire“. La chanson „Black Widow“ c’est du jazz crispé, avec un piano qui se lamente, une voix qui angoisse en filigrane.

La première fois que Judith Hill la chante sur scène, des larmes coulent sur ses joues. Il fallait qu’elles sortent. Et puis elle les essuie, pour voir le futur avec plus de netteté et de lumière. Parmi les grands moments de „Letters From a Black Widow“, il y a justement „Dame De La Lumière“, un titre qui rend hommage aux femmes qui l’ont élevée, et qui s’élève en tant qu’hymne aux femmes tout court. „Les moments durs font les femmes fortes“ y chante-t-elle. Ils font aussi les disques forts.

Judith Hill à Luxembourg

Ce soir, le 16 novembre à 20 h au Trifolion Echternach, plus d’informations: trifolion.lu.