Le déroulement de ce premier tour, opposant les trois personnalités restées en lice au terme de consultations par fédérations, avait mis en lumière ce qu’il faut bien appeler la perte sensible d’attractivité du parti, avec seulement moins de 40.000 électeurs potentiels alors que le PS en revendiquait plus de 200.000 dans sa période faste. Phénomène qui, en France, ne touche certes pas que les socialistes, mais que nombre d’entre eux ont tout de même ressenti comme un signal d’alarme. En particulier au moment où, pourtant tout aussi affaibli et divisé, le parti LR, à droite, tirait de l’élection de son nouveau président, Bruno Retailleau, un surcroît d’adhésions et, au moins en apparence, de dynamisme.
Au terme d’une campagne terne, et essentiellement axée sur la question de savoir si une alliance avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon était encore imaginable pour l’avenir, deux caractéristiques que l’on aura retrouvées pour le scrutin d’aujourd’hui, 42,21% des suffrages étaient allés à Olivier Faure et 40,38% à son plus dangereux rival, Nicolas Mayer-Rossignol; le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud, obtenant pour sa part un plus modeste 17,4%.
Ce dernier, éliminé de la compétition que ne retient traditionnellement pour finalistes que les deux premiers arrivés en tête, n’a pas donné de consigne de vote pour ce second tour. Mais il a indiqué qu’il allait personnellement, ce jeudi, voter pour le sortant, Olivier Faure, de qui il aurait obtenu, dit-il, „des engagements forts et précis“. Ce ralliement du bout des lèvres permettra-t-il à ce dernier de rester premier secrétaire, bien que talonné par le maire de Rouen, et cible de nombreuses critiques internes? Il n’a manifestement pas réussi à créer une dynamique, et il est rare qu’un sortant ne devance son plus proche concurrent que de moins de deux points. Mais il pouvait se rassurer en constatant que Mayer-Rossignol, incarnation d’une ligne résolument hostile à l’inféodation du PS à Jean-Luc Mélenchon, n’y est pas parvenu non plus. Et n’est aucunement assuré de barrer au premier secrétaire sortant la route d’un quatrième mandat, ni même celle d’une (tentative de) candidature à l’élection présidentielle du printemps 2027.
„A quoi servons-nous?“
Voilà pour la dimension purement politicienne de ce scrutin, que l’on aurait pourtant tort sans doute de croire essentiellement dominé par un choc d’égos et d’ambitions, même si les uns et les autres existent évidemment, comme dans tout parti politique. Même la question de l’alliance avec LFI, déjà défaite en réalité depuis que le PS a refusé de voter l’avant-dernière motion de censure déposée par l’extrême gauche (tout comme à celle d’hier par les mélenchonistes et les Verts), n’est plus l’essentiel. Les dérapages antisémites et autres outrances en tous genres de Insoumis les ont rendus infréquentables pour les socialistes.
La vraie question qui hante la gauche dite „de gouvernement“ depuis des mois, voire des années, est que, justement, la perspective de la voir revenir aux responsabilités reste ténue. Et cela malgré les divisions criantes de la droite et du centre, et les rivalités dont l’une et l’autre sont plus que jamais le théâtre. „A quoi servons-nous?“, s’interrogeait récemment avec amertume un des anciens „éléphants“ du PS. Ajoutant: „Olivier Faure organise des congrès, oui – mais à part ça?“ De son côté, François Hollande, devenu simple député, brûle à l’évidence de reprendre du service à l’Elysée. Mais là aussi, pour quoi faire?
Dans huit jours s’ouvrira à Nancy le 81e congrès du parti socialiste. Le chiffre est en lui-même éloquent: c’est une formation politique majeure, et qui fut à l’occasion centrale, de l’histoire de la République, en particulier de la Ve. Mais le défi qui y attendra le nouveau premier secrétaire, quel qu’il soit, et au-delà bien sûr tous les délégués, pourrait bien ne rien avoir de routinier. Tout particulièrement dans un contexte économique et social à la responsabilité partagée, et à l’issue plus que jamais incertaine – pour ne pas dire introuvable.
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