Freitag17. Oktober 2025

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FranceLecornu semble avoir convaincu le PS

France / Lecornu semble avoir convaincu le PS
Le premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu était l’invitée de France 2 hier soir Photo: AFP/Ludovic Marin

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L’issue de l’ultime journée de négociations avec les dirigeants des partis politiques, à l’exception des mélenchonistes et des lepénistes qui se sont récusés, menées par le premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu à la demande du président Macron, était attendue hier soir dans un climat étrange, où l’on aura entendu, en termes de pronostics comme de préconisations, tout et son contraire.

Cette très incertaine attente n’empêchait cependant pas une hypothèse de se préciser, sans pour autant emporter la conviction générale. Cette hypothèse était celle d’un accord tardif entre socialistes et macronistes, voire un peu plus large encore sur la droite. Au prix, disait-on, d’une suspension de l’impopulaire réforme des retraites et donc de l’effort déjà bien mal en point de redressement des finances publiques de la France, projet qui avait déjà coûté son poste de premier ministre à François Bayrou.

La droite et une partie importante de la mouvance proche d’Emmanuel Macron étaient vent debout, notoirement, contre un tel recul; d’autant plus qu’il ne faisait guère de doute qu’un tel gel de la réforme s’éterniserait et que le discrédit de la France parmi ses prêteurs allait encore s’aggraver. Mais les choses avaient brusquement changé avec une interview de celle qui, alors qu’elle dirigeait le gouvernement, avait défendu contre vents et marées, au Palais-Bourbon, en 2023, ce qui était alors perçu comme son projet: Elisabeth Borne.

Laquelle déclarait hier matin dans un entretien accordé au Parisien qu’elle était finalement favorable à une telle suspension si elle était de nature à ramener le calme dans la vie publique française, puisque la gauche la réclame depuis deux ans et tout particulièrement en ce moment. M. Lecornu assurant de son côté, au même moment, que le climat de ses contacts avec l’opposition s’améliorait suffisamment pour faire s’éloigner la perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale, un jugement qu’il a réitéré hier soir sans se montrer plus précis, y compris sur une éventuelle suspension de la réforme des retraites.

Une majorité de députés contre la dissolution

Si le PS, les Verts, le PCF et les syndicats avaient exprimé leur satisfaction devant la perspective d’une telle suspension, nombre de personnalités du centre et de la droite devaient, au contraire, s’y opposer avec une certaine véhémence. Illustrant plus que jamais l’extrême solitude dans laquelle s’enfonce chaque jour un peu plus le locataire de l’Elysée, isolé en son palais, avec ses anciennes troupes en pleine débandade. Le nouveau et peut-être fort éphémère ministre des Finances lui-même, André Lescure, n’a pas hésité à évoquer publiquement le coût d’un tel retrait de la réforme: 500 millions d’euros dès l’an prochain, 3 milliards pour les années suivantes et jusqu’à 13 milliards en 2030. Avec des intérêts de la dette dépassant désormais largement les 100 milliards d’euros annuels.

Autre facteur qui tendait à faire douter de la viabilité de cette hypothèse: le chef de l’Etat lui-même expliquait récemment à la télévision quels dégâts économiques, financiers et sociaux en résulteraient selon lui. A quoi l’on pourrait ajouter que comme il s’agissait là, jusqu’à présent, de la seule vraie réforme due au passage de M. Macron à l’Elysée, ce dernier devait être d’autant moins enclin à en avaliser la liquidation.

Il est vrai que nombreux étaient aussi ceux qui, d’un autre côté, redoutaient par-dessus tout les conséquences d’une dissolution, qui, selon eux, achèverait de mettre la France en panne. M. Lecornu lui-même a indiqué hier soir qu’à son estimation, une majorité absolue de députés préféraient éviter un retour aux urnes. Le Canard enchaîné assurait cependant dans la matinée que les préfets, dans chaque département, avaient reçu, non du ministre de l’Intérieur – qui est, normalement, leur interlocuteur gouvernemental direct – mais du cabinet présidentiel, l’ordre de prendre à toutes fins utiles les dispositions pratiques habituelles (réservations de salles et d’imprimeries, stocks de papier, panneaux d’affichage, etc.) en vue d’élections législatives anticipées. L’hebdomadaire satirique citait même les dates des dimanches 16 et 23 novembre prochains.

Marine Le Pen: „Nous censurerons tout!“

Mais la plupart des partis politiques, qui font et refont leurs comptes, déjà appuyés par quelques sondages locaux, n’ont finalement aucune envie d’en arriver là. C’est particulièrement vrai pour les héritiers du macronisme qui redoutent d’être balayés par la vague du Rassemblement national qui s’annonce. Un RN dont les dirigeants se montraient hier particulièrement catégoriques, non dans leur certitude de remporter un éventuel scrutin législatif à venir prochainement, mais dans leur condamnation de „ce ridicule dans lequel Macron fait sombrer la France“, de „ces pauvres astuces par lesquelles la caste dirigeante sortante essaie de s’accrocher à un pouvoir qui la quitte“, ou encore de „cette comédie qui doit se terminer, face à laquelle nous disons: stop, on ne joue plus! Il vient un moment où il faut arrêter de se moquer du monde.“

Et Marine Le Pen de préciser sans ambiguïté: „Désormais, nous censurerons tout! Nous censurerons tout gouvernement jusqu’à de nouvelles élections, car ces gouvernements ne seraient qu’une façon d’empêcher les Français de s’exprimer et de choisir librement.“ Ajoutant: „Nos adversaires crèvent de peur à l’idée de nouvelles élections!“ Quant à nommer un socialiste à Matignon, Mme Le Pen ironise: „Ça reviendrait à confier les clés du gouvernement au parti qui a obtenu 1,7% à la dernière présidentielle!“ (Tel était en effet le score de la candidate du PS, Mme Hidalgo, maire de Paris). Reste à savoir si de nouvelles élections permettraient au Rassemblement national de conquérir réellement une majorité absolue, ou même simplement une forte majorité relative qui lui permettrait de trouver parmi la droite l’appoint indispensable.

Si l’on comprend bien l’encore premier ministre démissionnaire, il pourrait être possible de constituer une majorité élargie à la gauche modérée, susceptible d’éviter, au moins dans l’immédiat, une censure d’un nouveau gouvernement, dont le chef, a-t-il ajouté, pourrait être nommé d’ici 48 heures. Avec ou sans remise en cause de cette décidément si problématique réforme des retraites? M. Lecornu – qui a une nouvelle fois assuré qu’il „ne courrait pas après le job“ de premier ministre – n’a pas répondu précisément à cette question; mais il a dit au président Macron qu’il serait pertinent, à plus ou moins brève échéance, de „rouvrir le débat“, car „les Français ont l’impression que la question a été escamotée“.

Le feuilleton politique français n’est donc certainement pas fini; du moins semble-t-il avoir connu, hier soir, une séquence un peu plus apaisée.