Montag27. Oktober 2025

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FranceLe soutien appuyé de Sarkozy à Macron accroît encore le malaise chez LR

France / Le soutien appuyé de Sarkozy à Macron accroît encore le malaise chez LR
Il a voté pour qui au premier tour: Valérie Pécresse ou Emmanuel Macron? Nicolas Sarkozy dépose son bulletin de vote le 10 avril à Paris. Photo: AFP/Julien de Rosa

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Le parti des Républicains a subi, dès le premier tour de la présidentielle, avec l’écrasante défaite de sa candidate Valérie Pécresse, un choc existentiel qui ne peut manquer de le conduire à une révision douloureuse de ses objectifs, de ses méthodes, de ses structures. Mais le pire est sans doute venu avec l’appui de Nicolas Sarkozy, sa figure tutélaire, à la candidature d’Emmanuel Macron pour le second tour.

Sans doute le choc électoral de dimanche dernier aura-t-il été plus dramatique encore pour le Parti socialiste, puisque sa championne, Anne Hidalgo, n’a recueilli, elle, qu’environ 1,7 pour cent des suffrages nationaux (arrivant même en … septième position dans la capitale, dont elle est maire), contre un score encore bien modeste de quelque 4,8 pour cent pour Mme Pécresse.

Du moins l’ancien président socialiste François Hollande a-t-il estimé devoir, politiquement sans doute mais surtout moralement, humainement, soutenir la candidate du PS, y compris en participant lui-même à plusieurs réunions. Peut-être y a-t-il vu une occasion de se rappeler au souvenir des Français, et d’afficher sa loyauté – peu importe. Son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy, n’aura pas eu la même élégance: il s’est bien gardé de se prononcer en faveur de la candidate de son parti, de surcroît son ancienne ministre, durant toute la campagne, où le parti LR a pourtant espéré son soutien.

Mais Sarkozy a fait bien davantage encore pour accroître le malaise de son parti LR. Alors que ce dernier était plongé en plein débat interne sur la question de savoir quelle attitude il devait adopter pour le second tour: soutenir Macron pour faire barrage à Marine Le Pen, ou bien se refuser à se prononcer, avec le vote blanc, ou même choisir l’abstention?, l’ancien chef d’État n’a pas hésité à appeler les Français à „répondre à l’appel au rassemblement d’Emmanuel Macron“, au nom de „la fidélité aux valeurs de la droite républicaine et à notre culture de gouvernement“.

Une offre de services?

Et Nicolas Sarkozy d’ajouter: „Je voterai pour lui parce que je crois qu’il a l’expérience nécessaire face à une grave crise internationale plus complexe que jamais, parce que son projet économique met la valorisation du travail au centre de toutes ses priorités, et parce que son engagement européen est clair et sans ambiguïté.“

Toutes raisons que l’on peut parfaitement juger recevables en effet, mais dont Sarkozy n’a jamais estimé devoir qualifier le programme de „sa“ candidate LR, Valérie Pécresse. Et qu’il énonce en sachant bien que dans son propre parti, nombre des cadres et militants les plus à droite, qui détestent Macron et estiment que de son côté la présidente du Rassemblement national, dûment „dédiabolisée“, a considérablement évolué dans le bon sens, sont carrément disposés à voter pour elle le 24 avril.

Sans céder à ces séductions ultra-droitistes, fort éloignées du gaullisme historique, peut-être M. Sarkozy aurait-il pu, justement parce qu’il rêve manifestement de revenir sur le devant de la scène nationale, se dispenser d’ajouter aussi cruellement au trouble de ses amis politiques. Et surtout – car c’est bien ce qui, plus que tout, trouble aujourd’hui les cadres et les militants de LR – en semblant faire au président de la République (sortant, et peut-être futur) ce qui ressemble fort à une offre de services. Dont on voit d’ailleurs mal l’objectif précis: que peut briguer un ex-locataire de l’Elysée auprès d’un successeur indirect?

L’avenir avec un point d’interrogation

Reste que même sans cette intervention sarkozienne, les Républicains vont devoir choisir entre plusieurs options déterminantes. L’une d’elles est en effet – et certaines de leurs vedettes l’ont déjà fait – de rallier une future majorité macroniste en posant des conditions, surtout si, quoique réélu, le président sortant ne parvient pas à obtenir une nouvelle majorité parlementaire lors des législatives de juin, permettant ainsi aux ralliés, bien malgré lui, de peser sur les futurs choix gouvernementaux.

Mais d’autres restent convaincus que l’avenir de la droite modérée, en cas de réélection de Macron, réside dans une opposition constante et sans concessions, le futur quinquennat s’annonçant si difficile que l’heure de cette opposition pourrait sonner bien avant d’attendre cinq ans. Et puis il y a ceux qui, décidément séduits par Mme Le Pen, se verraient bien participer à la construction d’une vaste formation à la fois populaire et réactionnaire sur les décombres des Républicains.

C’est dire combien l’avenir de ce qui fut sous différentes appellations le parti fondateur de la Ve République, et qui joue depuis sept décennies, concurremment avec le PS à gauche, le rôle de pilier du régime, s’écrit aujourd’hui avec un point d’interrogation.