C’est, calendrier oblige, sur cette dernière que se focalisent principalement aujourd’hui les regards, car c’est ce lundi matin que le tribunal doit rendre son verdict dans l’affaire dont elle doit répondre en justice: l’emploi au moins partiel de nombre d’attachés parlementaires du RN au Parlement européen à des travaux concernant en fait le parti d’extrême droite, en particulier à son siège, et non les élus auprès desquels ils étaient censés travailler.
Il s’agit là d’une dérive dont les lepénistes n’ont évidemment pas l’exclusivité, mais qui semble avoir pris chez eux un caractère systématique lui donnant la dimension d’un système propre à faire rémunérer par l’UE des collaborateurs affectés en réalité à d’autres tâches que celles pour lesquelles ils étaient accrédités, et pris en charge financièrement par le Parlement européen. Accusation à laquelle on répond au RN, que présidait alors Mme Le Pen, que le travail d’un attaché parlementaire, qu’il soit national ou européen, ne se limite pas aux locaux de l’assemblée concernée, et comporte inévitablement des tâches extérieures, notamment dans le cadre de la formation politique des élus qu’ils servent.
Considération qui n’est sans doute pas irrecevable … à condition de ne pas en abuser. Ce qui ne semble pas avoir été le constat fait par l’accusation, puisque, le 13 novembre dernier, le parquet a requis contre Marine Le Pen cinq ans de prison, dont deux fermes, 300.000 euros d’amende, mais aussi une peine de cinq ans d’inéligibilité, avec exécution immédiate. Ce qui, dans le cas d’une personnalité politique de tout premier plan – ce qui ne saurait certes la placer au-dessus des lois, mais pose tout de même un problème particulier – revient à stopper là sa carrière, sans en appeler à ses électeurs. Et cela, s’agissant de Marine Le Pen, au moment même où son vieux rêve d’accéder à l’Elysée avait des chances d’être exaucé par les électeurs. Ou au moins, en plus modeste, la possibilité de rester députée.
L’exécution immédiate d’une décision de justice ne se justifie normalement que dans deux cas: si le condamné risque de disparaître avant que la Cour d’appel ne se prononce, ou s’il risque de commettre de nouveaux crimes ou délits. On imagine mal la fondatrice prendre l’un ou l’autre risque! Or, il est évident que si le verdict de ce lundi lui est défavorable, comme tout le laisse à penser, elle ne manquera pas de faire appel.
Mais si le caractère immédiatement exécutoire de son interdiction de se présenter à une élection est confirmé, et que la convocation du second procès qui aura alors lieu, puis son déroulement, traînent en longueur, dans la regrettable tradition judiciaire française, elle ne pourra pas se présenter à la présidentielle de 2027, pour laquelle elle fait actuellement figure de favorite – avant toute campagne, il est vrai – une telle éventualité passerait certainement, à tort ou à raison, pour le résultat d’une sombre manœuvre de ces „élites“ que le RN vomit. Avec tous les risques que cela comporterait, compte tenu de l’assise de son parti et de sa personne dans l’opinion, et du soupçon qu’entretient sa famille politique, et même la droite plus modérée, sur une supposée „politisation“ de la justice.
Un pacte „faustien“, „inouï“ avec Kadhafi
Soupçon que l’acharnement des juges contre Nicolas Sarkozy a aussi alimenté ces derniers mois, alors même que, politiquement, l’ex-président n’intéresse, lui, plus grand monde. Au terme de pas moins de treize années d’enquêtes et de poursuites, le parquet national financier (PNF) l’accuse, en des termes étonnamment peu juridiques, d’avoir conclu avec le régime Kadhafi „un pacte de corruption faustien“. Sept ans de prison, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité ont été requis contre lui.
Car l’ancien locataire de l’Elysée est, pour l’un des trois procureurs qui se seront relayés durant vingt heures pour l’accabler, „un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles que sont la probité, l’honnêteté et la droiture dont il devait pourtant être l’incarnation au regard de la grandeur des fonctions auxquelles il prétendait, et auxquelles il a accédé“. Nicolas Sarkozy aurait donc fait financer par la Libye, pour au moins trois millions d’euros, une partie de sa campagne présidentielle de 2007, notamment en échanges d’efforts diplomatiques pour réintroduire la dictature de Tripoli dans le concert des nations fréquentables.
Et le procureur croit voir dans „le caractère exceptionnel de la visite du colonel Kadhafi en France en décembre 2007 un élément fort du pacte de corruption“, un pacte qu’il juge „inouï“. En revanche, de l’aveu même de l’accusation, aucune trace n’a pu être trouvée des „valises de billets“ qui auraient, les années suivantes, transité de Libye à Paris, via quelques intermédiaires douteux.
Naturellement, que de tels transferts ne soient pas ou plus repérables ne sauraient prouver qu’ils n’ont pas eu lieu. Mais la férocité des réquisitions contre l’ex-président, certes déjà condamné à un an de port d’un bracelet électronique pour corruption et trafic d’influence, ce qui ne l’exonère évidemment pas de tout autre soupçon, semble tout de même à beaucoup d’observateurs, qui ne sont pas nécessairement de droite, manquer de sérénité, et surtout de preuves irréfutables.
Ce qui etonne chez Sarkozy est qu il reste en France pour assister a ce spectacle judiciaire dirige contre lui...alors qu il y a sans doute des dizaines de pays etrangers ou il pourrait demander une residence definitive compte tenu de ses ressources et de ses contacts avec leurs dirigeants.